1944.00.De Robert Labbé.A Jacques Barnaud.Note (non datée)

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NB : Note non datée, sans émetteur ni destinataire, attribuée à Robert Labbé ; réponse à la note de Jacques Barnaud du 18 novembre 1944 et donc classée après cette date.

Bien reçu votre mot du 18. Je ne pensais pas qu'un circuit existât, sinon je vous aurais écrit plus tôt.
Je me suis tenu au courant auprès de votre femme, bien entendu, de tout ce qui se passait. Elle doit vous donner certains renseignements plus particuliers à cet égard.
Bucquet est revenu d'Alger. Situation magnifique là-bas pour la succursale qui marche dans des conditions ahurissantes comme résultats. Très nombreuses consignations anglaises nouvelles, bon espoir pour l'avenir, mais les profits nous seront repris au titre de bénéfices de guerre.
Dhorne, fatigué, essaie de venir voir sa mère presque mourante, peut tenir encore un an. Je prendrai en fin d'année de très larges dispositions à son égard comme pour Guérin.
Vu Guillet de passage la semaine dernière, vieilli et assez largement déballé. Nantes est toujours bloqué. Amabilité coutumière.
Situation Havraise malheureusement médiocre. "Ville-d'Oran", "Ville-de-Majunga" très fatigués, "Bourbonnais" désarmé à Freetown; "Condé" coulé et incendié dans le port de Nice, en cours de renflouement.
Mon projet pour un trafic Bayonne-Le Havre ne marche pas, étant donné le maintien de nids de résistance allemande sur la côte, mais nous devons récupérer plusieurs navires à mettre en service en décembre sur Alger-Sète. J'installerai la DSM dans ces conditions à Sète au lieu de Marseille. Bouteloup est encore à Marseille pour quelque temps pour suivre le renflouement du "Château-Larose" classé N°1 dans le port. Il remontera ensuite prendre ses fonctions telles que nous les avions prévues.
Nous avons récupéré 10 bateaux à flot. "Larose" est facilement renflouable. "Lussac" à Saint-Malo l'est peut être également. Je serai fixé bientôt.
Le Havre et Rouen maritime travaillent d'une manière ahurissante. Je n'insiste pas.
Bordeaux doit réexpédier 80.000 tonnes de minerai de fer à quai et dès que le port sera dégagé, mon optimisme sera confirmé.
J'avais chargé Potocki de voir Cockerill. Il n'y a plus de petits bateaux, tous partis, mais possibilités intéressantes.
Il doit leur en reparler la semaine prochaine et demander que quelqu'un vienne s'en entretenir avec moi.
Reçu hier un télégramme de Möller. Il manque le précédent. J'ai l'impression qu'ils sont d'accord, mais ne voudraient pas que subsiste la clause résolutoire de la date limite du 31 mars 1946. J'attends d'avoir le télégramme précédent pour en reparler à Coureau, qui est toujours fort intéressé par ce contrat.
Révoil toujours à Londres. Pas de nouvelles directes de son voyage.
Difficultés quasi insurmontables pour envoyer Grédy à Port-Saïd, bien qu'excellentes dispositions du baron de Benoist.
M. W. a phosphoré de son côté sur la question. Il arrive à une conclusion sensiblement voisine de la mienne que je compte mettre à exécution. Consolider Acfield. Utiliser Grédy pendant les mois à venir en l'envoyant à Londres reprendre contact avec tous les armements et faire une nouvelle moisson. Le renvoyer ensuite pour court séjour en attendant que les choses se tassent.
Je pense, étant donné les résultats exceptionnels qui pourraient avoir été obtenus et que nous ne pourrons pas sortir, essayer de monter une vaste combinaison avec les Égyptiens et peut-être nos amis grecs de Londres pour supplanter les Italiens et autres armements dans la Méditerranée orientale, mais ceci est un travail de longue haleine.
J'ai fait mon trou sans aucune difficulté au Comité central où avec Francis F. nous sommes les deux leaders. Je pense aller avec lui, sauf imprévu (?) en délégation officielle à Londres en janvier.
Anduze moyen, le ministre remarquable. Démarche collective cette semaine avec impression réciproque excellente. Pas de difficulté appréciable du côté de la charte, sauf le jeu de l'article 11 qu'ils voudraient voir appliquer à l'intérieur d'un plan général. Nous allons examiner ce dernier avec Francis de manière à amener pour l'armement libre, lequel se dissocie de plus en plus complètement des subventionnés, un plan financier autonome.
Charbons sans histoire. J'en suis à la période des restrictions draconiennes car les perspectives, même pour l'année prochaine, au point de vue trafic sont médiocres.
Chantiers en bonne voie de reprise malgré difficulté pour les matériaux. Bon état d'esprit.
SFTP a retrouvé sept tankers. Premier contact avec Pierre L. D. a été des plus frais, mais j'ai déployé toute ma séduction personnelle.
Je cherche toujours quelqu'un pour les Services maritimes de Marseille.
J'espère que je couperai ici au contrôleur surveillant, mais ce sera tangent. Mais je crois qu'il faut tout faire pour défendre les intérêts de la Maison.
Aux dernières nouvelles, Japy a peu près intégralement intact avec 85 millions en caisse sur place.
Je trime dur. Tous nos collaborateurs ont été magnifiques. Les résultats obtenus depuis deux mois compensent largement des efforts entrepris et des difficultés du passé.

R. L.


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