1944.00.De (Robert Labbé).A (Hypolite Worms).Fresnes.Note (non datée) 07

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NB : Note non datée, sans émetteur ni destinataire, attribuée à Robert Labbé ; réponse à la note d'Hypolite Worms du 14 décembre 1944 et donc classée après cette date.

Bien reçu votre note du 14 en réponse à la mienne du 12.
Alger - Meynial s'occupe du commissaire et vous écrit lui-même à cet égard.
Le Trait - L'idée de lier la reconstruction des chantiers à un programme formel Marine marchande fait son chemin, en particulier à la suite de conversations que j'ai eues avec Coureau. Celui-ci vient de saisir les chantiers de la question, sans obliger l'ensemble de ceux-ci à prendre globalement position. En un mot, chacun pourra prendre la décision qui lui semblera souhaitable.
Ceci vient à la suite d'une conférence interministérielle tenue lundi dernier où étaient convoqués les armateurs, et les chantiers, mais ceux-ci n'étaient représentés que par le Comité d'organisation, alors qu'à mon sens, c'était les chantiers eux-mêmes, c'est-à-dire la chambre syndicale, qui auraient dû participer à cette discussion, étant donné la nature financière et commerciale des problèmes traités.
Nous avons mercredi matin une réunion où on doit aborder la question et j'ai l'intention de préciser celle touchant, à mon sens, la délimitation devant exister entre les attributions du Comité et celles de la chambre syndicale. Il y a, ceci étant, tout intérêt à marcher dons cette voie. Abbat est entièrement d'accord, étant remarqué que nous pourrions nous engager à long terme pour environ 60% de notre capacité totale, les 40% restant étant affectés à la construction de petits navires militaires dont les caractéristiques se marieraient étroitement avec celles des navires marchands. Il y a incontestablement là une grave décision à prendre et nous sommes ici tous d'accord contre Nitot dans une certaine mesure, car il y a intérêt à obtenir sur le plan de la Marine marchande des commandes substantielles et formelles. Bien entendu, la Marine militaire, et ceci est indispensable, devra être partie à l'accord.
Le voyage d'Abbat en Amérique n'est pas encore fixé. Quant à sa date, je ne pense pas qu'il doive précéder son voyage en Angleterre pour lequel la demande d'autorisation est lancée.
Gratifications - Je verrai à Londres les résultats définitifs de Port-Saïd pendant les quatre dernières années et y rencontrerai peut-être Acfield qui doit venir en Angleterre à ce moment-là. Je ne réglerai, bien entendu son cas qu'après accord avec vous.
Havraise - Bien noté vos observations. Je présiderai l'assemblée.
Grédy - Service consignations - Grédy a bien pris son service en mains. Je n'abandonne pas l'idée de l'envoyer en Angleterre, mais je voudrais ne pas trop tarabuster A. F. pour le moment, étant donné que nous allons en janvier être deux à avoir des ordres de mission de sa part.
J'ai, bien entendu, noté parmi les principaux à voir à Londres nos amis grecs ?
J'en viens à la question la plus importante, Chargeurs, Messageries, Havraise, Port-Saïd. Il n'a jamais été dans mon esprit de lier les affaires de la Maison et celles de la Havraise. Bucquet seul parle au nom de cette société et notamment, pour la question relative au "Château-Pavie", je n'en ai jamais parlé ni à Francis Fabre, ni à Saboulin, laissant Bucquet, le jour où nous aurons tous les éléments en mains, discuter la question.
Ceci étant, je crois que vous ne voyez pas exactement la manière dont se présente l'affaire de Bordeaux. Ce n'est pas une question Messageries, mais une demande personnelle de Francis Fabre liée à votre demande du début de l'année de nous donner son agence à Rouen. Il n'a pas souvenir que vous lui ayez parlé de l'agence Messageries. Je ne pouvais donc pas subordonner la question de Bordeaux contre Port-Saïd, puisque les Messageries étaient entièrement en dehors du circuit. J'ai néanmoins, mais ultérieurement, raccroché une compensation sur Rouen où, en fait, l'agence des Messageries équivaut sensiblement celle de Bordeaux qui était en réalité un verre aux trois quarts vide, son trafic principal étant représenté par la ligne Marseille -ports du Nord et cette succursale n'ayant en 1939 reçu que deux bateaux des Messageries. J'ai la promesse formelle de Saboulin d'avoir Rouen à une époque où les affaires ayant sensiblement repris, les modifications d'agences n'apparaîtront pas au ministère comme des questions capitales.
Ceci étant, comme je vous en ai rendu compte, Glénat lui-même a amorcé avec moi la question de Port-Saïd, avec même une allusion à Alger. J'ai mis sur la question Grédy qui est un ami d'Egypte de Glénat et qui doit déjeuner demain avec lui et Dhorne. Il faut aller là dedans à pas feutrés. Je crois que notre méthode est la bonne et il n'est, bien entendu, pas question de lier les affaires de Port-Saïd avec celles de la Havraise qui sont une question totalement différente. Nous avons d'ailleurs l'intention avec Bucquet de pousser plus avant cette question dans la semaine à venir.
"Ville-de-Majunga" doit à son prochain voyage être remis sur Madagascar.
"Condé" devait aborder ces jours-ci.
"Château-Larose" toujours en panne par suite de divergences entre les T. M. et la construction navale au sujet du contrat de renflouement en régie ou "no cure no pay".
SFTP. On a trouvé un moteur Sulzer libre qui doit être mis sur le "Dauphiné". Duret vient d'aller à Marseille pour étudier la question.
Le prochain conseil est repoussé jusqu'au début du mois prochain, mais on ne pourra pas le reculer indéfiniment. Il faudra, à ce moment-là, prendre une décision pour le représentant de la Maison.
Nous avons reçu un nouveau télégramme de Möller du 8 décembre, de Stockholm, donnant son accord sur toutes nos contre-propositions, sauf un amendement à la clause de résiliation suggérant ou l'annulation de cette clause, ou le maintien de la date du 31 mars mais avec une cale pour bateau moyen, ou la date du 30 juin avec une grande cale, plus les réserves habituelles pour risques de guerre, force majeure, approvisionnement de matériaux, etc.
J'ai déjà eu de longues conversations avec Coureau à cet égard. A. F. semble d'accord sur la formule grande cale, mais voudrait, et je partage son sentiment, une date d'annulation limite au cas où les chantiers totalement détruits par la guerre ne pourraient pas construire avant des mois ou des années. Ce sont en effet les premières années qui seront intéressantes et comme vous-même l'aviez dit à l'époque, nous ne pouvons pas prendre un risque illimité dans le temps qui couvrirait la période la plus intéressante de la reconstruction de la marine marchande. J'attends sa réponse qui doit me couvrir gouvernementalement parlant.
Le ministre vient de créer par un texte rédigé il y a un certain temps à Alger une commission consultative réunissant des fonctionnaires, des armateurs et du personnel. La liste habituelle des armateurs avait été présentée couvrant les différentes catégories de navigation et j'avais été mis en queue éventuellement pour le cabotage. Je viens d'apprendre que la Résistance ne veut ni de Vieljeux, ni de Capelle, ni de Desprez, mais me réclame à corps et à cris.
Ci-inclus un résumé fait par Grédy d'une conférence à laquelle nous avons assisté. M. Black et son collègue, Ropner, déjeunent avec nous dans 8 jours - deux notes que Révoil m'a remises avant son départ et une lettre de Mc Ewen que je vous transmets en original en vous demandant de bien vouloir me la retourner.
Nous avons également reçu de Cardiff le procès-verbal d'une réunion de la Fédération des exportateurs tenue en octobre, sans intérêt autre que la mention d'une demande que les exportations de charbons allemands soient réservées aux exportateurs britanniques. Ceci corrobore nos déductions du début de l'année.


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