1943.08.00.D'Adam.Rapport

Publication externe

La France trahie par les trusts
Résumé

II n'y a pas eu de défaite française en 1940.
Il y a eu livraison de la France à l'Allemagne par les Trusts.
Lee événements de 1940, comme tous les événements depuis 1917, s'expliquent par la peur du communisme.
Incapables de créer un régime économique et social qui apporte aux peuples ce que les Soviets ont promis mais n'ont pas donné, la liberté et la prospérité, les trusts veulent abattre le bolchevisme par la guerre, et liquider en même temps dans toute l'Europe, le parlementarisme, le socialisme, le syndicalisme, la démocratie réelle.
Pour faire la guerre à la Russie, l'armée allemande était indispensable.
Pour que l'armée allemande fasse la guerre à la Russie sans redouter l'armée française, il fallait mettre la France hors de cause.
C'est l'explication de la fausse défaite de 1940 préparée par les trusts en dix ans.
Après l'échec allemand en Russie, les trusts internationaux ont fait de nouveaux plans. Ils veulent faire occuper l'Europe méridionale et occidentale par les armées de la Libération, traiter avec l'Allemagne débarrassée d'Hitler et des nazis, et faire de l'armée allemande l'armée des trusts contre la Russie; les armées américaine, anglaise et française seraient l'armée des trusts pour imposer aux peuples européens l'ordre de la ploutocratie internationale.
Alors, le monde entier serait exploité, sous le masque d'une démocratie réduite à quelques formules, par l'Internationale des trusts, dont la capitale américaine serait Washington et la capitale européenne Berlin.
Ce plan des trusts est un rêve, et le plus fou. Il nous vaudrait une guerre sans merci entre l'Europe et l'Asie, celle-ci dirigée par la Russie et le Japon.
Aux peuples de mettre fin à ces folies criminelles !
Dénonçons la trahison des trusts !
Préparons le régime qui supprimera les trusts !
Faisons la révolution contre les trusts !
A bas la guerre entre nations !
A bas la guerre civile !
A bas tous les despotismes : communistes, fascistes, ploutocratiques, technocratiques, militaires !
Vive la révolution constructive !
Pour les États-Unis d'Europe et pour la liberté !
N.B. Dans l'exposé qui va suivre, on ne peut que procéder par affirmation, sans produire les preuves correspondantes. Que le lecteur sache que tous les faits cités ci-après sont tous appuyés sur des documents ou sur des témoignages irrécusables.

Derrière tous les événements : les trusts

Depuis le 11 novembre 1942, la France est entrée dans une période de profonde confusion.
Depuis l'armistice, il n'y a plus de gouvernement français.
Le gouvernement de Vichy, contrôlé par les Allemands, n'a aucune autorité.
On attendait qu'un gouvernement français libre, au moins provisoire, se constituât en Algérie.
Il n'y a encore qu'un comité, où un pouvoir français se forme péniblement, contrarié par les manoeuvres occultes de puissances anonymes.
Les Français ont appris avec stupeur que, s'il y a en Afrique un certain nombre de chefs militaires qui, avec de Gaulle et Giraud, veulent organiser une armée exclusivement française, il y a quelques douzaines de généraux, passés en Algérie on ne sait comment, qui sont "collaborationnistes" et qui agissent en liaison avec les plus éminents représentants de la politique germanophile qui sont arrivés à Alger, à la suite de Pierre-Etienne Flandin, juste pour recevoir les agents de la finance américaine.
Le peuple français soupçonne que, contre la souveraineté française en Afrique, en 1942, agissent les mêmes hommes qui ont sacrifié cette souveraineté en 1940.
Il soupçonne une immense intrigue des "puissances d'argent".
Il a raison. Derrière tous ces événements, il y a les trusts internationaux, qui hier ont livré la France à Hitler et s'apprêtent à la livrer demain aux Américains, pour sauver leurs intérêts mondiaux devant le communisme, ou devant toute révolution populaire.
C'est le grand secret des événements depuis vingt ans.
Fausses révolutions, guerres civiles, massacres, guerres entre nations, entre continents, tout est l'oeuvre diabolique des trusts internationaux, cherchant par tous les moyens à conserver entre leurs mains un pouvoir économique qu'ils ne savent plus diriger techniquement.
Il est temps de dénoncer les trusts aux peuples.
Leur dessein de livrer l'Europe à l'Amérique, et de faire de l'Allemagne leur soldat contre Moscou est encore plus insensé que leur plan de 1940, qui nous a valu le pillage de l'Europe par Hitler. Si les trusts internationaux réussissaient, ils déchaîneraient la plus redoutable des guerres : celle entre l'Europe et l'Asie, toutes les forces de celle-ci conduites par la Russie et le Japon alliés, toutes les chances seraient alors pour l'Asie, et l'Europe serait menacée d'une nouvelle barbarie scientifiquement.
II faut mettre les trusts hors d'état de nuire.
Ils sont les maîtres de tout : de l'économie, de la presse, de l'armée, de l'État. L'histoire des cinquante dernières années prouve qu'ils sont incapables de gouverner les peuples.
Il faut organiser leur déchéance.
Il faut d'abord les dénoncer.
C'est ce que nous faisons aujourd'hui.

Les trusts ont trahi la France par peur du communisme

Les Français n'ont pas été battus. Ils ont été trahis. Par peur du communisme.
Toute la politique des trusts, depuis 1917, s'explique par la lutte entre le grand capitalisme international et le communisme.
Les trusts sont internationaux. Ils ont leur capitale tantôt dans un pays, tantôt dans un autre. Naguère, c'était Londres. C'est New York aujourd'hui. Les États sont, pour eux, des instruments pour leurs intérêts mondiaux.
Ils sont au-dessus de nos "patries". Leur patrie à eux, ce sont les matières premières du monde entier, l'or, le fer, le cuivre, le charbon, le pétrole, etc.
Ils sont contre Moscou, parce qu'ils ont peur de la balle dans la nuque, mais aussi parce que Moscou leur a fermé l'accès des matières premières de l'Union soviétique.
Pour ces deux grandes raisons, peur et avidité, les trusts veulent abattre le bolchevisme par la guerre.
Ils sont prêts à se servir de n'importe quel peuple pour exécuter leur volonté. Il leur fallait l'armée allemande pour battre l'armée russe.
Il leur fallait la défaite de la France pour que l'armée allemande ait les mains libres en Russie.
Ils ont organisé la fausse défaite de la France.
Ils préparent pour demain un renversement des alliances, une coalition mondiale contre les Soviets, avec l'armée allemande, débarrassée d'Hitler et des nazis, comme armée d'assaut, appuyée sur toutes les autres armées d'Europe, le tout sous la haute direction des trusts internationaux.
Sachez que tous les pouvoirs sont entre leurs mains, tous, sauf l'Histoire, contre laquelle ils se débattent en vain, depuis qu'ils sont entrés dans une crise qui les conduit à la mort.
Mais, à cette exception près, ils sont tout-puissants.
II faut que vous sachiez cela d'abord, pour les abattre demain.

Puissance des trusts

Rois, parlements, presse, armée, églises, tous ces pouvoirs d'hier sont, depuis un demi-siècle, complètement dépassés par les trusts, qui tiennent tout sous leur contrôle.
On nous a parlé de la responsabilité des partis politiques, de la maçonnerie et des syndicats. Mais les hommes politiques, les ministres, les vénérables de loges et les secrétaires de syndicats, cela ne pèse pas lourd devant le Comité des forges et le Comité des houillères, qui sont les trusts qui commandent à tous les autres. La moitié des hommes publics importants sont achetés par eux. Sauf ce qui est passé sous le contrôle de Moscou.
Vous savez que les trusts se sont constitués au siècle dernier pour empêcher l'avilissement des prix et pour limiter les revendications ouvrières. Cela les a conduits à organiser un contrôle presque total de la production, dans chaque catégorie.
A chaque pas, ils avalent affaire à l'État, chargé d'interdire les trusts et coalitions et de faire respecter la libre concurrence. Ils ont organisé le débauchage des grands fonctionnaires. Au bout de peu de temps, les fonctionnaires ont su que, s'ils fermaient les yeux sur l'action des trusts, ils pourraient obtenir des situations de premier ordre. Un fonctionnaire qui gagnait 50.000 francs au service de l'État était pris par les trusts avec un traitement de 500.000 francs et bien au-delà. C'est ainsi que les trusts ont "possédé" l'administration française et pris à l'État ses meilleurs fonctionnaires.
Les trusts ont trouvé devant eux les députés et sénateurs. Ils ont pris soixante-dix pour cent des sénateurs en leur faisant donner des places dans les conseils d'administration. Des députés sont devenus avocats-conseils des grandes compagnies. Mais les jeunes normaliens, les jeunes professeurs des facultés de droit devenaient socialistes. Le Comité des forges organisa le recrutement des meilleurs élèves des grandes écoles et il les casa, à leur sortie de l'école, à la tête de ces syndicats, avec de gros appointements.
La presse pouvait gêner les trusts. Les trusts en organisèrent systématiquement la corruption. Contrôlant les agences de publicité et les messageries de journaux, ils obligèrent les journaux au déficit permanent, et leurs agents spéciaux, que l'on nomme distributeurs de publicité, - mais qui sont en fait des organisateurs de silence, - apportèrent aux journaux les subventions qui comblaient leur déficit, et les mettaient à la merci des trusts.
En trente ans, les trusts ont ainsi acquis le contrôle de toute la presse, de l'"Action française" au "Populaire".
Il leur a fallu beaucoup d'argent.
Maître des prix, ils ont prélevé leur impôt sur le public. En outre, acquérant peu à peu le contrôle de tous les producteurs, ils ont fait un second prélèvement par le jeu des cotisations.
Ils ont capitalisé d'énormes trésors de guerre.
Les deux plus anciens comités, les Forges et les Houillères, possédaient avant la guerre des réserves en or et en titres dépassant pour chacun le demi-milliard, ce qui vous représente un gros paquet de milliards aujourd'hui.
Les trusts comprennent ce que l'on appelle les deux cents familles. Mais ils vont bien au-delà. Leurs états-majors de premier rang représentent cinquante mille administrateurs et techniciens, parmi lesquels on recrute les grands commis qui deviennent parfois les chefs de l'organisation propre des trusts.
De ce monde dépend ce que l'on appelle "le monde" qui vit des dividendes distribués par les trusts. C'est avec le "monde" que les trusts gouvernent les lettres, les arts, une partie du monde ecclésiastique. Les salons tenus par les grandes dames, largement financés par les trusts, font les académiciens, les évêques et les généraux.
La haute police est à la disposition des trusts. Aucune grande mesure de police n'est prise sans concert entre les préfets de police et les grands chefs de trusts. Les trusts ont en outre des hommes à eux parmi les grands fonctionnaires de la police.
Ils ont enfin leur propre police : tous les syndicats patronaux leur fournissent automatiquement tous renseignements politiques, économiques et sociaux.
Nous ne vous donnons ici que de simples indications sur le pouvoir des trusts. Cela vous suffit pour comprendre que l'État d'aujourd'hui n'est rien devant les trusts. Ni l'État de Lebrun, de Daladier et Paul Reynaud, ni l'État de Pétain et de Laval. Ni l'État de Mussolini, ni celui d'Hitler, ni celui de Roosevelt.
Derrière tous les rois, chefs d'État et ministres, il y a les trusts, dont le public ne connaît pas les chefs, qui n'aiment pas à se faire connaître.
Les trusts tendent à l'internationalisation complète. Ils n'y sont pas encore. Il y a encore des bagarres entre trusts. Les trusts américains tendent à déposséder les trusts anglais de leur pouvoir, pour des raisons qui vous seront expliquées. Le grand projet des trusts, c'est la constitution d'un consortium mondial des trusts, qui contrôlerait tous les peuples, tout leur travail et toute leur production.
Le plan des trusts n'est pas très différent, techniquement, de celui des Soviets : il veut subordonner toute l'économie, comme en Russie, à la dictature d'un comité central contrôlant les moindres entreprises. Les différences entre les Soviets et les trusts internationaux, c'est que les trusts sont entre les mains d'une classe héréditaire, qui est maîtresse de l'État; en Russie, c'est l'État (c'est-à-dire quelques centaines de commissaires du peuple) qui possède les trusts. Dans les deux cas, l'État et les trusts se confondent.
Autre différence : le système ne peut fonctionner qu'avec une dictature rigoureuse. Les Russes l'ont obtenue par le massacre ; les trusts internationaux par des procédés moins violents, plus tortueux, mais non moins implacables. Tout ce qui n'obéit pas est voué à la ruine et à la misère. Partout, la corruption est profonde, le système exigeant une police nombreuse, toute-puissante et finalement incontrôlable.
Les trusts internationaux comprennent de nombreux groupes intérieurs, et ils constituent dans le monde de grands groupements.
En 1943, leurs groupements sont à peu près les suivants :
1° - Les plus puissants sont les trusts américains, en liaison avec les trusts français et allemands, par-dessus les canons. Les trusts chefs sont presque partout les trusts de l'acier, symbolisés par leurs principales personnalités : Dupont de Nemours aux État-Unis, Goering en Allemagne, François de Wendel en France.
2° - Les trusts anglais sont associés aux trusts américains mais sont dans l'ensemble très opposés aux trusts allemands, pour des raisons que nous verrons plus loin.
3° - Les trusts japonais, opposés aux deux groupes ci-dessus et qui travaillent pour leur compte, avec des ambitions mondiales en liaison avec les trusts soviétiques, provisoirement.

Pourquoi les trusts ont voulu la guerre ?

Tous les trusts ont voulu la guerre, pour des raisons différentes.
Les trusts américains ont voulu la guerre pour conquérir les grands marchés (Russie, Asie, Afrique) et pour prendre la direction de l'économie mondiale, afin de sortir de la crise mortelle ouverte en 1929.
Les trusts allemands ont voulu la guerre pour organiser l'exploitation de l'Europe et de l'Asie, en liaison avec les trusts américains, au moins pour commencer.
Les trusts français ont voulu la guerre contre l'URSS en alliance avec l'Allemagne, pour liquider démocratie et syndicalisme.
Les trois groupes ont finalement un ennemi commun, la Russie.
Les trusts anglais ont voulu la guerre pour s'opposer, comme en 1914, à l'expansion économique allemande, menaçant l'impérialisme britannique.
Les trusts japonais ont voulu la guerre pour avoir le contrôle de l'Asie, du Pacifique et de l'Océan Indien. Ils ont un plan mondial formidable connu sous le nom de plan Tanaka : ils visent l'impérialisme mondial.
Les trusts soviétiques ont voulu la guerre pour créer les conditions de la bolchevisation générale et instaurer partout le capitalisme d'État sous leur direction.
Tout ce que raconte la presse des uns et des autres sur la liberté, l'autorité ou l'avenir du prolétariat est très secondaire. Tous sont soumis aux nécessités impérieuses de leur nature ; les trusts non soviétiques sont en état de crise permanente mortelle ; les trusts soviétiques savent qu'entre eux et les autres, il y a lutte à mort. Les classes qui vivent par les trusts, en Amérique, en France, en Allemagne comme en Russie, ont voulu échapper par la guerre à la ruine qui les menace tous.

II

La crise mortelle qui menace tous les trusts vient du prodigieux développement économique des cinquante dernières années. Tout le monde sait que la production a partout dépassé formidablement les possibilités de la consommation, surtout après la guerre de 1914-1918.
C'est la cause de la grande crise de 1929, qui a valu au monde trente millions de chômeurs, dont six millions en Allemagne et douze aux États-Unis.
Les trusts ont fait étudier la crise par tous leurs techniciens. Ils n'ont pas trouvé de solution. Obligés de fermer les frontières nationales, ils se sont opposés les uns aux autres.
Les trusts américains ont cherché une issue dans une expansion hors de l'Amérique. Ils ont conçu une nouvelle organisation de l'Europe, de l'Afrique, de la Russie sous leur direction, pour l'écoulement de leur production sans cesse croissante.
Leur plan les opposait aussi bien à la Russie qu'à l'impérialisme anglais.
Dès l'autre guerre, ils avaient eu des vues sur la Russie, qui était fermée à leur industrie par le tsarisme arriéré, soumis aux nobles et aux popes. L'Angleterre avait soutenu la révolution de Kérensky. Les trusts américains aidèrent à la révolution d'octobre ; des banques juives fournirent du financement aux bolcheviks. Ce n'était pas, comme le disent les antisémites, pour livrer la Russie au judéo-bolchevisme. C'était pour détruire à fond le tsarisme, et ouvrir la Russie, dont les richesses sont incalculables, au grand capitalisme mondial.
La révolution russe prit une autre voie que celle prévue par ses commanditaires américains : au lieu d'ouvrir la Russie aux trusts internationaux, elle édifia un capitalisme, d'État, avec des trusts d'État, et la Russie fut plus fermée,' au capitalisme extérieur qu'elle ne l'avait été sous les tsars.
A partir du jour où il fut bien acquis que la Russie, au lieu de devenir grande colonie pour les trusts étrangers, se réservait pour ses propres trusts et entreprenait la conquête armée de l'Europe et de l'Asie, la guerre fut inévitable.
Malgré les accords militaires actuels entre les Nations Unies, la situation demeure la même. Les trusts américains ont besoin de détruire le régime qui les empêche de faire de la Russie un pays aussi riche que les États-Unis, comme ils ont besoin de notre Afrique, et de l'Afrique anglaise et des Indes anglaises. Il leur faut des chantiers et des marchés pour cinquante ans. Au-delà de la guerre actuelle, ils vont à la guerre contre la Russie.
Il y a longtemps qu'ils ont fait leur plan, et que, avec eux, les trusts français et allemands se préparent à la guerre contre la Russie.
Mais les vieilles alliances politiques européennes contrariaient leur plan. Et la diplomatie russe, qui redoutait par-dessus tout la coalition universelle contre les Soviets, a su faire le nécessaire pour lancer les nations d'Europe dans la guerre, contre la volonté des trusts. C'est le coup génial de Staline.
La grande pensée des trusts, c'était de lancer l'Allemagne contre la Russie, et d'engager tous les États à la suite de l'Allemagne.
La grande pensée des trusts américains, devant cette réussite de la diplomatie stalinienne, ce fut de laisser Russes et Allemands aux prises aussi longtemps que possible, de liquider Hitler et ses nazis (et Mussolini naturellement), de re-démocratiser les nations d'Europe, tout en les soumettant à la dictature économique cachée des trusts, et de liquider enfin le bolchevisme avec le concours de l'armée allemande, devenue l'avant-garde des démocraties, et gouvernée par les trusts de Goering, sous la haute direction du consortium international des trusts.

Les peuples trahis par les trusts

Vous comprenez que, pour ces vastes combinaisons, les peuples ne comptent pour les trusts que comme des instruments qui servent aussi bien pour les guerres entre nations que pour les guerres civiles, selon les intérêts du moment. Tous les peuples, le peuple juif comme les autres. Les banquiers juifs de New York sacrifient des Juifs d'Europe ou d'ailleurs par centaines de mille et même par millions, comme les chrétiens Dupont de Nemours et François de Wendel sacrifient des chrétiens par millions.
Tous les peuples sont trahis par les trusts, que les chefs de trusts soient juifs, catholiques ou francs-maçons. En France, la banque qui fait actuellement la liaison la plus active entre les trusts allemands de Goering et les trusts américains est une banque d'origine juive, la banque Worms, qui jouit de privilèges extraordinaires et de la sécurité.
Tous les peuples sont trahis par les trusts. Mais il y en a quelques-uns qui l'ont été plus que d'autres dans cette guerre : le peuple tchèque et le peuple polonais en premier lieu, livrés au plus atroce martyre, les peuples belges et hollandais ensuite, et enfin le peuple français par une trahison sans précédent dans l'histoire, et le peuple anglais, dont nous parlerons plus loin.
Parlons d'abord du peuple français.
Les trusts français pour servir le plan international des trusts, l'ont trahi froidement, délibérément, par une action longuement conçue et exécutée qui s'étend sur près de vingt années.

La trahison des trusts français

Les trusts français sont groupés par production : fer, charbon, laine, soie, produits chimiques, papiers, etc. A leur tête, sont les plus anciens, le Comité des forges et le Comité des houillères, de beaucoup les plus riches, et qui, sous le contrôle des grandes familles, dont la plus puissante est celle de Wendel, sont dirigés par deux grands commis de haute valeur, M. Lambert-Ribot pour les Forges et M. de Peyerimhof pour les Houillères.
Servant les trusts, deux grandes banques d'affaires, la Banque de Paris et des Pays-Bas, présidée par Moreau (ancien gouverneur général de la Banque de France), l'Union parisienne (où régnait Schneider, du Creusot). Toutes les banques catholiques, juives, protestantes, sont associées aux trusts. Les banques les plus actives dans la politique des trusts ont été la Banque de l'Indochine avec Baudouin (ancien ministre des Affaires étrangères) et surtout la Banque Worms, dirigée par Hippolyte Worms, qui a été la grande organisatrice des gouvernements de Vichy.
Décrire tout ce monde des trusts et des Banques exigerait tout un volume. Ici, nous résumons très succinctement et sans nuances ; nous parlerons surtout des Forges et des Houillères et de la banque Worms, qui ont joué le plus grand rôle pour le compte des trusts français, américains et allemands.
Après l'autre guerre, il y avait unanimité entre les trusts contre Moscou.
Les trusts anglais étaient à la tête de la coalition.
L'Europe avec ses petits États baltes, avec la petite Entente, ce n'était pas une formation contre l'Allemagne, c'était une armée contre le bolchevisme, à la disposition des pétroliers anglais, dépouillée de leurs possessions du Caucase. Les trusts faisaient bloc derrière l'Angleterre, considérée comme la citadelle du capitalisme international.
L'Allemagne était ménagée comme devant être le rempart de l'Occident contre les Russes. Les trusts, tous les trusts, favorisèrent son relèvement ; les Américains y travaillèrent par les plans Dawes et Young.
Jusqu'en 1924, trusts chrétiens et juifs s'entendaient fort bien : M. de Wendel et le baron de Rothschild, représentant, le premier la haute industrie, le second la haute banque, étaient étroitement unis. Maîtres de la Banque de France, ils gouvernaient le pays paisiblement, en parfait accord avec la finance "judéo-anglaise". La presse nationaliste recevait les subventions de l'industrie et de la banque et ignorait l'antisémitisme.
François Coty, que le roi d'Angleterre et le vieux Chamberlain avaient gagné à la cause anglo-européenne, répandait à flots ses millions, appuyé et guidé par l'Intelligence Service.
En 1924, après le fameux "dimanche noir", qui donna la majorité aux gauches appuyés par Moscou, la peur saisit toute la classe dirigeante liée aux trusts, et lança les trusts dans la folle entreprise qui les conduisit à la trahison de 1940.
Les trusts n'eurent pas l'idée de créer un ordre nouveau : ils ne pensèrent qu'à la force contre l'armée rouge. Il leur fallait la guerre contre la Russie rouge.
Les malheureux ne comprirent pas que c'était exactement à cela que les conduisait le machiavélisme politique de Lénine, continué par Staline qui voulait lancer l'Europe dans la guerre, mais loin de la Russie.
Obsédés par une peur indescriptible, les trusts commencèrent de considérer que l'Angleterre était incapable de lutter contre l'armée rouge en Europe, et que les petits États créés par Versailles seraient dévorés par l'ours soviétique.
Ils ne virent alors de salut que par une seule armée, l'armée allemande, seule capable de battre l'armée rouge chez elle.
C'est l'origine de leur trahison.
Pour que l'armée allemande pût être lancée contre la Russie soviétique, il fallait que l'Allemagne fût assurée de la neutralité française et de l'impuissance anglaise.
Il fallait donc amener la France à renverser sa politique à l'égard de l'Allemagne et rompre avec l'Angleterre.
Si l'alliance franco-allemande se révélait impossible, il fallait, de toute nécessité, faire battre la France par l'Allemagne, constituer en France un gouvernement soumis à l'armée allemande, séparer la France de l'Angleterre, après quoi l'Allemagne pouvait être déchaînée contre la Russie soviétique.
Nous résumons les faits que chacun connaît aujourd'hui. Les faits se sont déroulés selon un plan conçu vers 1924, dont la réalisation a commencé vers 1927, et a été soumis activement, ouvertement, à partir de 1929.
Avant le drame de 1940, la trahison a été dénoncée par quelques publicistes français, mais sans preuves.
De 1940 à 1942, les preuves sont sorties du secret : des dossiers amplement garnis de documents et de témoignages ont été constitués ; l'essentiel en a été apporté au cabinet même du "Maréchal", chef de l'État, dont les principaux collaborateurs civils et militaires possèdent une information étendue sur la trahison des trusts. Aucun démenti ne peut être opposé à notre affirmation. Un certain nombre de documents ont même pu sortir des dossiers de l'État et être mis en circulation dans le pays, spécialement le rapport officiel, rédigé par un haut fonctionnaire de l'Intérieur, sur la "Synarchie", cette société secrète de grands techniciens qui a été un des principaux instruments de la trahison. Mais le public n'a pas encore connaissance des faits, sur lesquels les radios étrangères, pourtant informées, n'ont jusqu'ici donné que des indications insignifiantes.
Lorsque le procès de la trahison sera ouvert, les preuves abonderont ; nous pouvons le dire parce que nous avons eu certaines de ces preuves sous les yeux, parce que nous savons que des membres du gouvernement vichyssois, de hautes personnalités militaires et civiles les possèdent. Nous savons également que l'on prépare la publication du dossier de la trahison, et nous savons que certains trusts internationaux s'opposent à cette publication. Nous avons nous-mêmes en notre possession des documents originaux ou des photographies d'originaux.
Nous tenons à donner au lecteur l'assurance que nous ne citerons aucun fait qui ne soit appuyé par un document ou un témoignage incontestable.

Exposé des faits

Jusqu'en 1927, on ne relève pas de signes évidents de la trahison des trusts, qui paraissent demeurer fidèles à l'alliance franco-anglaise devant l'Allemagne.
Toutefois, à partir de 1921, date de l'avènement du fascisme italien, consécutif aux grandes grèves communistes d'Italie (occupation des usines), les trusts manifestent une certaine activité de caractère fasciste.
En 1922 ou 1923, se constitue la société secrète connue aujourd'hui sous le nom de "synarchie", avec de grands techniciens des trusts, et qui a pour objet le renversement du parlementarisme, la suppression du socialisme et du syndicalisme. Cette société se fonde avec des concours internationaux, américains en particulier.
En 1925, les trusts tentent de provoquer un mouvement fasciste en France, par l'"Action française", les "Jeunesses patriotes" de Taittinger, la "Légion" de Rédier, largement subventionnée par eux. "Le Faisceau" (Valois et Barrès) qui se fonde alors, est violemment combattu par eux, à cause de ses tendances socialistes et de ses campagnes contre les trusts ; les éléments du "Faisceau", dévoués aux trusts, fondent vers 1927 les "Croix de Feu" (plus tard La Rocque), le "Francisme" (Bucard).
Tous les mouvements, hors le "Faisceau", qui se déclare européen, demeurent pro-anglais.
En 1927, le renversement de la politique des trusts apparaît : Flandin, chargé de la direction politique du mouvement, commence la constitution des équipes de propagandistes ; il rassemble et fait rassembler les militants les plus divers (catholiques, radicaux, socialistes, anarchistes) dont on se servira plus tard pour dissocier les grands partis parlementaires.
En 1928, on discerne la mise en mouvement des différentes équipes de trusts.
Mais c'est en 1929 seulement que le mouvement est lancé ouvertement, et avec vigueur. Les opérations sont ouvertes par une offensive de grand style contre Coty et sa presse, instruments de la politique anglaise.

1929, l'année des décisions

1929, c'est l'année où s'ouvre la crise économique mondiale. La crise commence à New York où s'effondre tout le mouvement industriel et financier reposant sur le crédit aux consommateurs ; les possibilités de crédit étant dépassées, le mouvement vertigineux d'ascension s'arrête, et tout retombe. Krachs, faillites, chômages, c'est la terrible crise qui déferlera un peu plus tard sur l'Europe.
Tout l'appareil économique des États-Unis est ébranlé. Les trusts ont absolument besoin d'une issue ; il faut de nouveaux débouchés à l'industrie américaine : l'Europe, la Russie et ses dépendances asiatiques, la Chine, les Indes, l'Afrique. Pour commencer la Russie.
Les décisions sont prises : abattre la Russie comporte l'alliance avec l'Allemagne, et tout d'abord le renversement de la politique traditionnelle française. Il faut que les Français deviennent les amis des Allemands.
La décision prise est rapidement exécutée. En France, dans les mêmes mois :
L'Agence Havas et l'Agence républicaine de publicité, les deux grands organes par le moyen desquels les trusts gouvernent la presse :
1° - Ouvrent la campagne à mort contre la presse Coty ;
2° - Ouvrent la campagne pro-allemande avec Pierre-Étienne Flandin, Tardieu, Laval, etc., etc.
C'est alors que l'on voit le journal anti-allemand par excellence, "Action française", prendre place en tête de la meute lancée contre Coty par Léon Rénier et Pierre Guimier, et passer ainsi au clan pro-allemand.
Le renversement des alliances est accompli. Les trusts écartent l'Angleterre et préparent la collaboration avec l'Allemagne.
A partir de cette date, le plan des trusts se déroulera méthodiquement jusqu'au jour où nous sommes.

Le plan des trusts

Ce que l'on sait aujourd'hui permet de reconstituer le plan des trusts, tel qu'il a été établi avant 1929, par accord entre les trusts allemands, français et américains.
L'objet est d'obtenir un pacte franco-allemand, donnant toute sécurité à l'Allemagne, pour une guerre à fond contre l'Union soviétique.
Le sentiment français étant tout à fait opposé à une alliance militaire avec l'Allemagne (alors qu'il est tout prêt à l'alliance économique, culturelle et européenne avec les Allemands), il faudra violenter tous les groupements français opposés au militarisme allemand et sympathiques à la révolution russe.
Cela comportera au total une opération contre presque toute la France. II s'ensuit que, pour faire marcher la France aux cotés de l'Allemagne, il faut organiser la trahison morale parmi tous les éléments dirigeants du pays.
C'est ainsi que, dès 1929, s'organise méthodiquement la trahison.
Par la presse,
par l'armée et par la police,
par les cadres économiques,
par les partis et les syndicats,
par les ligues, les églises,
Le plan, qui s'ajustait aux plus anciens plans techniques des trusts, s'exécute comme suit :
1° - Par la presse
En 1911, les trusts avaient commencé leur travail de main-mise sur la presse. Ils décident de l'achever avec le concours de l'Agence Havas, de l'Agence républicaine de publicité, où sont leurs grands agents pour la presse, Mignon, Lafon, Rénier, Guimier, etc..
En 1939, les trusts avaient plus de quatre cents journaux entre les mains, dont tous les grands quotidiens de Paris, avec pénétration au "Populaire" et à "L'Humanité". En dehors d'eux, plus rien, sinon trois ou quatre journaux ignorés du grand public. Toute la presse Coty avait disparu.
2° - Par l'armée et la police
Transformer l'armée, anti-allemande, en une armée pro-allemande était une opération paradoxale. Les trusts la réussirent, par la bande, c'est-à-dire par l'anti-communisme, et avec l'aide des officiers de marine, presque tous royalistes et anti-anglais par tradition.
Dès après le "dimanche noir", on commença la formation, dans l'armée, de cellules contre le communisme. Plus tard, cela se fit sous la direction même du maréchal Pétain, qui chargea un de ses élèves à l'École de guerre, le commandant Loustaunau-Lacaut, de l'organisation de ces cellules. Loustaunau-Lacaut, ayant été dénoncé et obligé de démissionner, fut remplacé par le colonel Groussard, autre élève de Pétain, qui avec Deloncle et un ancien chef de l'Action française, le Dr Martin, fonda ce qui fut nommé la Cagoule, qui eut un immense succès dans l'armée, avec des douzaines de généraux, dont Georges et Giraud, et des milliers d'officiers.
Pour la police, les opérations furent beaucoup plus simples. Les trusts sont toujours en relations étroites avec la haute police, pour le maintien de l'ordre. Les syndicats patronaux et la police sont en collaboration permanente pour la surveillance des militants ouvriers révolutionnaires ; anarchistes et communistes, pour la répression des grèves. La haute industrie et la haute banque ont même leurs hommes, complètement à elles, dans les hauts cadres de la police : elles appointent directement de grands chefs à qui elles assurent des traitements dix fois supérieurs à ceux qu'ils reçoivent de l'État. Il leur était on ne peut plus facile de s'assurer les cadres de la police avec un petit nombre d'hommes dont Jean Chiappe fut le chef incontesté.
3° - Par les cadres économiques
Les trusts avaient en mains tous les cadres, par la Confédération générale de la production française, fondée en 1920, et par l'Association d'expansion économique fondée pendant la guerre. Ce fut un jeu d'entraîner tous ces cadres avec l'anti-communisme.
Mais il fallait un instrument plus souple, plus ingénieux, plus actif, plus politique que les patrons français dont la plupart sont à courte vue.
Les trusts trouvèrent leurs hommes dans un groupe de techniciens qui se constitua vers 1922, et qui fonda la plus secrète des sociétés, le Mouvement synarchique d'Empire ou Convention synarchique révolutionnaire, vulgairement connue sous le nom de "synarchie" depuis qu'un accident dramatique en révéla l'existence.
Cette synarchie, qui a réuni les plus grands techniciens de France, polytechniciens, inspecteurs des finances, ingénieurs de Centrale et des Mines, etc., est un énorme roman historique, qui a joué un rôle décisif dans les événements. Elle a été conçue par Jean Coutrot, polytechnicien de grande classe, industriel et chef d'un groupe de spécialistes de l'organisation scientifique, qui fut son animateur et son doctrinaire. Jean Coutrot était regardé généralement comme une sorte de mathématicien illuminé ; mais il était, dans le secret, l'âme de cette "synarchie" dont les principaux membres s'emparèrent du pouvoir pour le compte des trusts en 1940, sous le nom de Pétain. Coutrot, mis à l'écart du pouvoir par ses propres adhérents, trahit lui-même son secret, à la suite de quoi il fut obligé au suicide en 1941.
La synarchie à laquelle Coutrot a fourni une doctrine, une organisation, des techniques, des méthodes de recrutement, une stratégie et une tactique économiques exposées dans un livre secret découvert, en 1941, a été le grand instrument technique des trusts dans la savante entreprise de défaitisme qui a conduit la France à juin 1940. La synarchie n'est qu'une partie d'une organisation internationale sur laquelle nous n'avons encore que des indications fragmentaires. On sait toutefois qu'elle avait de fortes attaches en Suède, en Angleterre et aux États-Unis, en particulier par la Société Bedeaux, ce grand spécialiste de l'organisation industrielle, dont le duc de Windsor fut l'hôte, à Candé en France, lorsqu'il fut détrôné.
Sans cette étonnante société secrète, qui a préparé en détail tout l'appareil législatif de la prétendue Révolution nationale, et qui avait conquis, avant 1940, toutes les places utiles, jamais l'opération de juillet 1940 n'aurait pu réussir, malgré le concours des Allemands.
Vous aurez tout à l'heure la liste des principaux "synarques" ; vous comprendrez mieux leur oeuvre.
4° - Par les partis politiques et les syndicats, par les ligues, par les églises
Le grand chef des équipes fut Pierre-Étienne Flandin, agent supérieur direct des Forges ; avec lui Tardieu, Caillaux, A. de Monzie, Laval pour la droite. A gauche, chez les radicaux, ce fut Paul Elbel, qui assurait la liaison ouverte avec les trusts allemands.
Les radicaux furent manoeuvrés par les "jeunes radicaux" dirigés par Émile Roche, l'un des adjoints de Mignon, le grand agent des trusts pour la corruption ; Jean Luchaire, B. de Jouvenel, Martinaud-Desplats, A. Mallet agitaient le monde endormi du parti radical et préparaient la liaison avec Hitler.
Pour le parti socialiste, on lança dès 1929 le Belge Henri De Man, qui fut président du parti ouvrier belge, et qui fut chargé d'hitlériser le parti socialiste français et la CGT. De Man entraîna Marcel Déat, Renaudel, Marquet, qui firent la scission de 1933.
De Man entraîna également René Belin, qui amena aux trusts tous les réformistes de la CGT. Roche lui fournit l'argent du Comité des forges pour son journal "Syndicats".
Les trusts pénétrèrent profondément le parti socialiste par Paul Faure et ses pacifistes ; l'administrateur du "Populaire", Gaillard, étant l'obligé des distributeurs de publicité et des Messageries Hachette.
La maçonnerie fut divisée par les soins de Chautemps, pour le Grand Orient, et de Doignon et Monzie, pour la Grande Loge.
Toutes les Ligues (Action française, Croix de Feu, Francistes) furent financées par les trusts. La Banque de l'Indochine (Baudouin) et la Banque Worms (Worms et Le Roy Ladurie) organisèrent elles-mêmes le lancement de Doriot, dont on voulait faire le grand chef populaire, et pour lui on fit un énorme effort financier.
Le monde catholique, dont toute la partie bourgeoise était prête à se livrer aux hommes qui la délivreraient de la peur du communisme, fut entraîné par les subventions à l'Institut catholique, ce qui valut aux trusts le concours dévoué du recteur, Mgr Baudrillard, qui devint l'un des protecteurs de Doriot.
Enfin, le parti communiste fut sérieusement entamé. Doriot y avait été l'homme de Chiappe ; il connaissait tous les hommes prêts à se vendre ; un bon tiers des militants les plus connus servaient les trusts, ce que l'on a vu lorsque Clamamus, Gitton et d'autres rejoignirent Doriot.
Ce savant travail de désagrégation a été conçu avant 1929, et exécuté systématiquement de 1937 à 1940 ; l'appareil monté a fonctionné avec la précision d'une horloge. On doit reconnaître que ses inventeurs et leurs collaborateurs ont été des hommes remarquables en ce qui concerne la science de la désorganisation. Ils avaient mission de désorganiser la France, afin de la livrer sans résistance possible à l'Allemagne ; ils y ont parfaitement réussi.
Mais ces savants désorganisateurs sont de très mauvais psychologues. Dans leurs calculs, ils n'avaient tenu compta ni du sens national des Français ni de leur passion humaine pour la liberté.
Leurs plans sont à l'eau.
Mais ils ne se tiennent pas pour battus.
En 1929, les trusts commencent leur grande manoeuvre destinée à briser le moral de la France presque unanimement opposée à l'Allemagne militariste et fascisante, et qui comportera :
a) la dissociation des partis politiques ;
b) la corruption du syndicalisme ;
c) une violente campagne contre le Parlement.

Lancement de la campagne pro-allemande

1929-1932. François Coty étant le grand représentant de l'alliance de moyens financiers considérables, les trusts décident de l'abattre ; une campagne générale est décidée contre lui sous la direction technique de l'Agence républicaine de publicité et de l'Agence Havas. Léon Rénier et Pierre Guimier représentant ces deux organismes, lancent la presse contre Coty : "l'Action française" est en tête de la meute, bien qu'elle ait été peu avant largement subventionnée par Coty, qui lui a versé plusieurs millions.
Dans la même année, les trusts vont procéder au lancement de dissociation des partis politiques et du syndicalisme.
Ils fournissent à un aventurier de presse de basse espèce, Albert Dubarry, les millions nécessaires pour un lancement de son journal, "La Volonté", avec le concours de l'équipe Flandin-Laval. Aucun autre journal, dans toute la presse soumise aux trusts, n'avait consenti à se mettre en avant pour ce lancement, tant on redoutait le discrédit pouvant résulter d'une politique germanophile. Jean Luchaire fut, à "La Volonté" l'homme de liaison entre l'équipe Flandin-Laval et les Allemands spécialement avec le Dr Schacht.
D'autre part, les trusts firent lancer dans les milieux syndicalistes et socialistes le Belge Henri De Man, qui se chargeait de dissocier le double mouvement français, et d'embrigader un certain nombre de militants dans un mouvement germanophile. Le centre d'action de De Man fut l'abbaye d« Pontigny, où l'Union pour la Vérité tenait chaque année ses assises annuelles, présidées par feu Desjardins, appuyé par la haute industrie et la haute banque (Banque Lazard en tête).
De 1929 à 1932, les trusts organisent plusieurs campagnes pour le rapprochement franco-allemand : ils font publier par des écrivains de droite et de gauche, toute une littérature pacifiste, "européenne" et anti-anglaise, que l'on dirige vers les éditions Grasset et les éditions Valois. Les éditions Grasset passent sous le contrôle des trusts, avec Louis Mill, homme des maîtres de forges, qui préside leur conseil, comme il dirige "Le Temps" pour le compte de ses maîtres. Les éditions Valois, inclinant nettement vers le socialisme, sont boycottées et renoncent à leur action, après avoir publié les ouvrages des hommes qui sont devenus, en 1940, les principaux représentants de la collaboration (Luchaire, Clerc, Bertrand de Jouvenel, José Germain, Marcel Déat, etc.).

Dissociation de la démocratie et du socialisme

1933 - L'année 1933 est une année décisive : c'est l'année où sont exécutées les grandes scissions qui préparent l'attaque frontale contre le Parlement : trois hommes, apparemment hommes de gauche, sont lancés par les trusts pour dissocier les partis, le syndicalisme, le socialisme et le communisme : Marcel Déat, Gaston Bergery et Doriot. La presse des trusts leur fait une large publicité, savamment orchestrée ; elle les soutient en ayant l'air de les combattre. L'opération se fait en liaison avec celle de De Man en Belgique, où l'on travaille à la même dissociation.
Bergery lance le Front commun, sous le prétexte d'unir les gauches contre le fascisme, en fait pour couper en deux le parti radical, le parti socialiste, la CGT et le parti communiste. Bergery a le concours de Doriot ; Bergery échoue mais, fin 1933, la scission est faite, au parti socialiste, par Déat, Marquet et quelques autres.
Doriot n'abattra son jeu que deux ans plus tard. Le mouvement synarchique, organisateur secret de ces scissions pour le compte des grands féodaux, conserve des hommes à l'intérieur des partis.
Les trusts possèdent une grande influence à l'intérieur de la maçonnerie où ils ont comme alliés des personnalités de marque, entre autres Doignon, grand maître de la Grande Loge (rite écossais). C'est à la Grande Loge, plus qu'au Grand Orient, que furent recrutés les concours pour la dissociation au parti radical et de la CGT.
C'est encore en 1933 que, coup sur coup, et avec la complicité de prétendus socialistes belges et français, les banques belges et la Banque de France provoquent l'effondrement de la Banque du Travail en Belgique et de la Banque des Coopératives en France. La situation secrète de ces banques était connue depuis longtemps en haut lieu ; mais on a attendu l'année 1933 pour les renverser, afin de démoraliser les masses socialistes, au moment de la grande attaque contre la démocratie, qui va suivre l'avènement de l'hitlérisme au pouvoir en Allemagne, lequel est également de 1933.
C'est en 1933, en juillet, que devait se produire l'attaque contre le Parlement : elle fut retardée de six mois pour des raisons que nous ignorons, vraisemblablement du fait d'une préparation insuffisante, mais c'est dans le deuxième semestre de 1933 que fut préparée l'émeute du 6 février, qui devait marquer le grand tourment dans la politique européenne des trusts.

Première attaque violente contre le Parlement
Le 6 février 1934

1934 - Fin 33 et début 34, toute la presse des trusts prépare l'émeute, au moyen de l'affaire Stavisky. L'Action française est utilisée pour des manifestations de rue, sous la protection de Chiappe, officiellement chargé de combattre les menées factieuses, mais dont le ménage était en relations amicales suivies avec Léon Daudet.
Le 6 février a lieu l'émeute contre le Parlement, émeute entièrement organisée par Lambert-Ribot (délégué des maîtres de forges), par Pierre Guimier dans la presse et par Chiappe dans la police, Lambert-Ribot obligea les grandes banques juives à appuyer le mouvement : Finaly fut contraint de financer l'émeute, qui pourtant était dirigée contre les intérêts qu'il représentait.
L'émeute du 6 février fut victorieuse : pourquoi les trusts n'exploitèrent-ils pas leur succès à fond ? Probablement parce que c'eut été prématuré : l'Allemagne n'était pas prête, et les masses de la démocratie française étaient encore trop homogènes pour les desseins des trusts. La presse des trusts commença la campagne pour "Pétain au pouvoir", mais tourna court ; les trusts firent venir au pouvoir Doumergue, personnage de troisième ordre ; on réservait Pétain pour le moment tragique.
C'est dans cette année 1934 que Laval est envoyé à Rome, où il signe, avec Mussolini, ces accords de Rome, qui lancent l'Italie dans la campagne éthiopienne et sont, en fait, l'ouverture de la guerre de l'Axe contre l'Angleterre. C'est un acte décisif, que l'on a beaucoup oublié, mais qui a été l'un des plus importants. Officiellement, la France avait donné son appui à Mussolini pour sa guerre contre l'Empire britannique.
Encore en 1934, le Mouvement synarchique fait lancer par Jules Romains, intime de Georges Bonnet, le plan dit du 9 juillet, où sont associés les collaborationnistes de 1940, Déat, Henri De Man, Coutrot, Maud'huy, Roger de Saivre (socialistes, syndicalistes, Croix de Feu, synarques).
Enfin, c'est dans cette année 1934 que les trusts font ouvrir, par leur presse, une violente campagne interrompue de fausses injures, contre les deux hommes de gauche qu'elle veut faire venir au pouvoir : Daladier et Blum, dont les trusts savent qu'ils seront incapables d'action efficace.
Cette campagne, qui va de 1934 à l'avènement de Paul Reynaud, est une des plus habiles qui aient été faites par la presse des trusts, qui a mené contre Daladier et contre Blum une campagne d'injures qui grandissait l'un et l'autre aux yeux de leurs partisans.
La campagne fut si bien orchestrée que jamais un seul journal des trusts ne commit une fausse note ; pas un ne commit l'erreur de publier une accusation qui aurait discrédité Daladier ou Blum dans leur parti. Nul ne fit connaître les attaches financières des deux hommes. Il était facile de les abattre en montrant Daladier protégé et protecteur du richissime fabricant de béton, Baurie, qui l'avait poussé aux travaux publics, et à qui il fit obtenir d'immenses travaux ; et Blum en collaboration constante avec Finaly, représentant de la finance internationale.
Les trusts se gardèrent bien de publier ces faits. Ils ne firent lancer contre Daladier et Blum que les injures stupides qui les désignaient au commandement des gauches. Ainsi les trusts eurent-ils l'assurance d'avoir au gouvernement, pour l'impréparation à la guerre, le pire des imbéciles, Daladier, dont on était sûr qu'il appellerait au commandement des armées le plus incapable des généraux; ils eurent en outre la certitude que le remplaçant parlementaire de Daladier serait un intellectuel impuissant et orgueilleux, Blum, qui, par pusillanimité, n'oserait dénoncer au pays les auteurs du complot contra la France et la République.

Grandes manoeuvres internationales
L'Italie lancée dans la guerre contre l'Allemagne
La démocratie lancée dans le bellicisme

1935 - Deux événements d'une importance capitale : la rencontre Staline-Laval et l'expédition italienne en Éthiopie.
Staline et les trusts se rencontrent pour une même manoeuvre, qu'ils exécutent avec des intentions contraires.
Staline, qui n'ignore rien des intentions des trusts à l'égard de la Russie soviétique, veut détourner la menace de la guerre de ses frontières et lancer l'un contre l'autre l'Allemagne et la France.
Les trusts veulent discréditer les partis démocratiques, pacifistes par principe, en les présentant comme militaristes et bellicistes.
En avril 1935, Laval est envoyé en Russie où il reçoit de Staline la fameuse déclaration par laquelle le Dictateur de Moscou félicite le gouvernement français de sa préparation pour la défense nationale. Huit jours plus tard, le parti communiste, jusque-là violemment antimilitariste, devient patriote et entraîne avec lui radicaux et socialistes.
Staline a réussi sa manoeuvre.
Les trusts réussirent la leur : leur presse présente la guerre qui s'annonce comme devant être la guerre des Soviets et des Juifs ; les partis démocratiques sont dénoncés comme bellicistes.
Lorsque Mussolini entre en guerre avec l'Éthiopie, la presse des trusts le soutient sans réserve, dénonçant les gauches comme bellicistes, parce qu'elles veulent s'opposer à l'entreprise fasciste.
Désormais, systématiquement, toute action positive de l'Allemagne et de l'Italie, préparant la guerre, sera présentée par la presse des trusts comme une action parfaitement légitime et toute protestation anglaise ou française comme un acte de bellicisme.

La trahison en actes : l'encerclement de la France, la désagrégation des armées

1936 - Encore une fois Staline et les trusts se rencontrent dans une même manoeuvre avec des intentions contraires.
Staline, pour éloigner la guerre de ses frontières, travaille à allumer la guerre an Espagne.
Hitler et Mussolini, pour encercler la France et l'immobiliser, veulent favoriser l'Espagne et donnent tout leur appui à Franco.
Les meilleurs généraux français, même réactionnaires, même royalistes, voient cette fois le péril.
Les trusts font le silence sur les inquiétudes qu'ils expriment et font, en faveur de Franco, une campagne générale par tous leurs moyens de presse.
La trahison commence, éclatante : les trusts envoient Maurras en Espagne, où il va féliciter l'allié de Mussolini et d'Hitler qui, pour le compte de son propre pays, réclame le Maroc français.
En juillet 1936, les trusts envoient A. de Monzie en Allemagne où il va engager avec Goebels la négociation pour la collaboration franco-allemande contre la Russie soviétique (témoignage de Philippe Barrés).
En fait, à cette époque, le réseau allemand des complicités françaises est établi ; par le Comité France-Allemagne avec Brinon et Scapini ; par la collaboration des trusts allemands et des trusts français, l'entente était réalisée ; A. de Monzie ne donnait que la dernière signature. Goebels, grand organisateur de ce qui fut nommé plus tard la 5ème colonne, avait en mains tous les instruments de dissociation de la France. Il s'en vanta alors en déclarant à Philippe Barrès qu'il serait épouvanté s'il connaissait les complicités acquises à l'Allemagne en France.
Après les élections de 1936, donnant le pouvoir au Front populaire, les trusts préparèrent l'assaut. Il ne faut pas penser qu'ils furent surpris par la "victoire" du Front populaire; cette victoire avait été favorisée par eux ; ils avaient soigneusement préparé depuis longtemps le terrain pour l'effondrement des gouvernements Blum-Daladier. Dès 1935 Flandin et Laval avaient irrémédiablement disloqué l'appareil financier de l'état, dont Régnier acheva la ruine. Lorsque Blum prit le pouvoir, il fallait une révolution pour sauver les finances du pays ; Blum et Auriol ne songèrent pas à la faire ; ils furent conduits à l'inflation pour le compte de leurs protecteurs financiers, et se lancèrent ainsi dans le piège qui leur avait été tendu par les trusts et leurs ministres. Les trusts eurent beau jeu pour dire ensuite que les socialistes ruinaient le pays et le conduisaient à la guerre.
L'arrivée du Front populaire au pouvoir, la guerre d'Espagne créèrent l'état d'esprit nécessaire pour les opérations violentes que concevaient les trusts, pour neutraliser la France et laisser à l'Allemagne toute liberté d'action contre les Soviets.
Les trusts avaient parfaitement compris qu'il serait impossible de l'aire collaborer la France à une action militaire de l'Allemagne contre les Soviets. Ils étaient certains que, même redoutant le communisme, la plupart des Français, voyant l'Allemagne en guerre avec les Soviets, auraient pris parti contre le Reich hitlérien.
Il fallait donc préparer un effondrement militaire de la France, décision qui fut prise délibérément par les trusts. On peut douter que, jusqu'en 1936, ils aient joué la défaite. A partir de 1936, il n'y a plus de doute possible : ils organisent systématiquement "la défaite" ; leur presse (c'est presque toute la presse), exécutant les ordres qu'ils lui font donner par leurs agents de corruption et par leurs agents de publicité, devient unanimement défaitiste : au lieu de dénoncer l'espionnage allemand en France, elle dénonce les Français ennemis de l'Allemagne.
Enfin, c'est en 1936 que commence la désagrégation de l'armée : c'est le fait principal. Les trusts chambrent le maréchal Pétain et lui suggèrent de préparer une action militaire contre la révolution communiste éternelle. Pétain accepte d'accord avec plusieurs généraux. C'est l'origine de la Cagoule, dont nous avons parlé plus haut.
Les trusts, pénétrant la Cagoule par leurs propres hommes, comme Michelin et Deloncle, avaient à leur disposition l'appareil militaire leur permettant de dissocier l'armée au nom du patriotisme même. Tout le Jeu consistait à taire la menace allemande, à grossir le péril communiste, et à lier le destin de l'armée française au destin des armées qui partaient en guerre contre l'URSS. Ce qui fut fait, grâce à la presse qui agissait dans l'armée ; on fit répandre "l'Action française" dans les milieux militaires (avec une subvention de Daladier) ; ce journal fit la besogne demandée, par une campagne continue, non pour l'Allemagne, ce qui eut été dangereux, mais pour l'Italie.
La Cagoule rassembla des armes, qui lui furent fournies par l'Italie. D'excellents Français, passés après juin 1940 à l'armée de La France combattante, n'ont pas compris alors qu'ils faisaient la besogne d'Hitler. Ils croyaient sauver la France du communisme, détacher Mussolini du Reich hitlérien. La Cagoule fut amenée par Mussolini à assassiner Navachine et les frères Rosselli.
Le résultat fut effroyable. Un nombre considérable d'officiers furent liés directement ou indirectement à la Cagoule. En 1939-1940, la majorité des officiers français d'active ou de réserve, étaient opposée à la guerre contre l'Allemagne, tenue par eux comme la guerre pour les Juifs, pour les Soviets et pour l'Angleterre. A ce moment, le fondateur même de la Cagoule, Loustaunau-Lacaut, comprit qu'il avait été conduit à la pire des trahisons et c'est lui-même qui dénonça un des ministres traîtres, A. de Monzie, sur qui il possédait des documents écrasants. II était trop tard : l'armée était gangrenée ; le dénonciateur fut enfermé à la forteresse de Haguenau.
C'est donc de 1936 que date la désagrégation de l'armée.

Préparation de la "défaite" et de la "révolution synarchique"

1937 - En 1937, les événements sont proches : le monde entier est lancé vers la guerre. Cela devient visible pour tous. Le Japon entre à Shanghai : ce qui rend évident qu'il menace l'Angleterre et l'Amérique. A ce moment, le plan de l'Axe s'impose aux moins clairvoyants : l'Allemagne est en route pour une guerre mondiale où elle veut abattre l'impérialisme anglais, et la Russie pousse toutes les puissances à la guerre, afin d'intervenir au moment où toutes seront épuisées, pour son propre impérialisme rouge.
Les trusts internationaux, français, anglais, américains, commettent alors la pire des trahisons ; ce sont eux qui arment l'Allemagne et le Japon systématiquement. Ni l'Allemagne, ni le Japon, ni l'Italie ne pouvaient achever leur préparation à la guerre sans les matières premières contrôlées dans le monde entier par la Cité et Wall Street, Paris, Bruxelles, Anvers, Amsterdam. De 1937 à 1939, les trusts ont fourni aux trois États de l'Axe non seulement le nécessaire pour achever leur armement, mais les stocks pour trois ans de guerre.
Ce fait monstrueux a été dénoncé par un petit nombre de journaux en Angleterre et en France. La presse des trusts a fait un silence total sur ces dénonciations, qui ne parvinrent au grand public qu'en 1938, lorsque "Paris-Soir" ouvrit une campagne sur les matières premières. "Paris-Soir", propriété d'un grand industriel roubaisien, était en dehors des trusts. Il fut immédiatement attaqué violemment par l'"Action française", pour le compte des trusts.
Les trusts purent ainsi armer l'Allemagne en toute tranquillité. Ils l'armaient contre les Soviets.
Pendant cette année 1937, les agents des trusts s'assurèrent la complicité de tous les éléments corrompus et corruptibles du socialisme et du syndicalisme ; ils obtinrent sans peine le concours de René Belin et de ses amis ; les maîtres de forges fournirent à Belin les fonds nécessaires pour son journal "Syndicats", où se rassemblèrent les agents syndicalistes des trusts, presque tous les éléments dits "réformistes" du syndicalisme furent embrigadés au service des trusts. C'est A. de Monzie, avec Georges Bonnet, qui fit le plus pour ce racolage : il s'en est d'ailleurs vanté, dans un livre de souvenirs, publié en 1941.
Il en fut de même pour le socialisme, où Paul Faure, avec son équipe, passa sous l'influence des trusts, avec la complicité de l'administration du "Populaire", le journal du parti.
Tous ces éléments syndicalistes et socialistes faisaient partie des organisations du Front populaire. Les gauches étaient ainsi dissociées. Il y a lieu d'ajouter que tous les groupements distincts des partis, réformateurs, pacifistes, révolutionnaires, anarchistes, etc. étaient truffés d'agents secrets des trusts.
En juin 1937, Finaly est expulsé de la Banque de Paris et des Pays-Bas ; tombe ainsi le dernier obstacle au contrôle presque total de la presse française par les trusts. Finaly était le soutien financier du Front populaire. Sa chute entraîne la chute de Blum, qui est remplacé par Chautemps, homme des trusts et franc-maçon de haut rang.
Les trusts ont achevé, en 1937, l'investissement de la démocratie ; ils contrôlent toute l'économie du pays ; les deux grandes banques internationales juives (Rothschild et Lazard) ne leur font aucune opposition sérieuse ; ils possèdent toute la presse : ils tiennent l'armée ; ils manoeuvrent plus de la moitié du parti radical, un bon tiers du parti socialiste, presque toutes les droites ; ils ont en main tout le réformisme syndicaliste ; ils ont en laisse la plupart des groupements non-conformistes, et enfin ils ont la complicité des grands dirigeants maçonniques.
Ils ont enfin préparé un mouvement populaire avec Doriot, lancé entièrement par la Banque de l'Indochine et la Banque Worms, celle-ci devenue avec l'un de ses principaux chefs, Le Roy Ladurie, le grand instrument financier du mouvement synarchique.
Tout l'appareil du défaitisme est prêt. La Synarchie se prépare à prendre la succession de la démocratie. Agissant ouvertement sous le nom de "Comité du plan", ils préparèrent les lois et l'organisation du régime à créer, et elle constitue le futur ministère. Les polytechniciens vont remplacer les politiciens comme premiers commis des trusts, et sous la présidence effective de ce Le Roy Ladurie, qui apparaît comme le grand technicien de la "révolution" préparée.

La première vague du défaitisme

1938 - C'est l'Anschluss. Puis Munich. L'appareil du défaitisme a fonctionné : on a vu avec stupeur des socialistes et des syndicalistes collaborer avec Georges Bonnet pour l'action commune avec l'Allemagne. Mais il est apparu que, dans son ensemble, la France se refusait à se faire l'alliée du Reich. Les trusts constatent que, si la guerre éclate, la France fera front ; elle n'est pas mure pour la défaite. Il faut la désarmer psychologiquement et matériellement.
Les trusts font Munich, opposent la France à la Russie, facilitent ainsi le jeu de Staline, qui pousse l'Allemagne et la France à la guerre, et ils tentent la collaboration franco-allemande directe. C'est l'accord Bonnet-Ribbentrop, fêté dans un dîner fameux, auquel assistent, avec Jules Romains, tous les représentants des trusts français.
Pendant toute une longue année, sous la présidence de Daladier, cette fois soutenu par toute la presse des trusts (qui ne l'appelle plus le "fusilleur"), l'armée, les partis, l'industrie sont systématiquement désorganisés. La presse des trusts dissocie l'armature psychologique du pays. L'Agence Prima, de Ferdonnet, qui est l'agence allemande directe, fournit le thème des campagnes à mener ; la démocratie française est présentée dans toute la presse comme voulant la guerre, pour les Juifs, pour l'Angleterre et pour les Soviets. Toute la presse, vous lisez bien toute la presse, à l'exception de quatre ou cinq journaux sans rayonnement, commente les thèmes exposés par Ferdonnet, qui lance la campagne pour "Pétain au pouvoir". Au premier rang des défaitistes, l'"Action française", "Candide", "Gringoire". L'armement est freiné par l'industrie. La dissociation du pays est préparée.
Les décisions du Conseil des ministres sont connues en Allemagne une heure après les séances. Daladier et ses collaborateurs immédiats savent que c'est A. de Monzie qui donne les comptes-rendus à l'ambassade d'Italie, qui les transmet aussitôt à l'Allemagne. Daladier ne fait rien contre son ministre ; cela continuera en pleine guerre, sans que Daladier réagisse d'une manière quelconque.
En une année, la France est décérébrée ; ses armées sont sous le commandement d'un général absolument incapable, et l'industrie ne leur fournit pas le matériel indispensable.

Duperie mutuelle

1939 - Les trusts ont préparé la livraison de la France au Reich. Mais les "bellicistes" du Front populaire sont encore assez forts pour entraver cette livraison. Les trusts décident définitivement que la défaite aura lieu. En juillet 1939, deux de leurs hommes annoncent ouvertement, en présence de Daladier, que la guerre aura lieu, que l'armée allemande fera une promenade militaire en France ; après quoi, la paix étant signée, la France se joindra à l'Allemagne contre la Russie.
Une nouvelle grande duperie aura lieu.
Hitler ne peut partir en guerre contre la Russie qu'après la mise hors de cause de la France.
Mais il ne peut mettre la France hors de cause, si la Russie peut le frapper dans le dos.
De son coté, Staline, fidèle à la stratégie léniniste, veut lancer l'Allemagne dans la guerre à l'ouest avant que ne se produise la guerre russo-allemande.
Ainsi pour des raisons exactement contraires, Staline et Hitler s'associent ; c'est le pacte d'août 1939, qui bouleversa momentanément les plans des trusts en France. La guerre est devenue inévitable.

La trahison totale

Malgré l'effrayant travail de désorganisation effectué en quinze ans, la France aborde la guerre avec résolution. Alors la trahison joue en plein. Dès les premiers jours de la guerre, toute l'industrie de la région parisienne est désorganisée par l'ordre insensé, et non motivé, donné à la population de quitter Paris et de se répandre dans les départements en pagaille.
De fausses alertes sont données pour effrayer le peuple de Paris, qui restait chez lui. Le résultat voulu est obtenu : deux millions de Parisiens fuient Paris sans l'ombre d'un motif, et se dispersent en province où rien n'est prêt pour eux, et où ils démoralisent tout le monde. L'industrie de la région parisienne ne s'est pas relevée de ce coup-là. Une telle évacuation n'est pas le résultat de l'incapacité : c'est la trahison. Nous avons assisté à une conférence de hauts fonctionnaires responsables en 1937, où l'on avait signalé le danger d'une évacuation de Paris faite sans ordre ; le départ "en pagaille" a été maintenu. Après septembre 1939, aucune mesure n'a été prise pour organiser une évacuation ordonnée ultérieure et, en juin 1940, la population parisienne a été de nouveau jetée sur les routes. Il n'y avait plus l'excuse de la surprise : l'exode de millions d'hommes en troupeau a été voulue par ceux qui ont organisé la prétendue "défaite" de 1940.
De septembre 1939 à juin 1940, la presse des trusts, désemparée pendant quelques semaines par le pacte germano-soviétique, reprend ses campagnes antisoviétiques tendant à une alliance franco-allemande. Elle ne peut plus demander ouvertement la collaboration avec le Reich devenu l'allié des Soviets, mais elle fait le nécessaire pour que, au moment où le Reich se trouvera en guerre avec la Russie, la France soit avec l'Allemagne.
Pendant les neuf mois que dure la "drôle" de guerre, toute la presse des trusts déclare que l'on ne peut rien faire contre l'Allemagne, et qu'il faut viser la Russie. Tout le monde se rappelle comment la presque unanimité de la presse réclamait l'expédition de Petsamo, ce qui était une absurdité, ou encore l'expédition contre le Caucase, ce qui était encore plus absurde. Si l'une de ces expéditions avait eu lieu une armée française se serait trouvée automatiquement aux cotés de l'armée allemande au moment de la guerre russo-germanique.
Pendant neuf mois, la censure fonctionnant sous la direction des hommes des trusts, permit de briser le moral des Français. La presse eut toute liberté pour réussir la fantastique manoeuvre de juin 1940, par laquelle on jeta toute la France du nord et de l'est sur les routes. Ce coup était prévu : on avait prévu qu'une France envahie, dont la moitié des habitants se trouverait sur les routes, serait hors d'état de s'opposer à la révolution que l'on préparait.
Presque tout ce que nous publions ici a été su de Paul Raynaud, qui a connu avec précision le complot ourdi, qui devait aboutir à la "révolution" à l'eau de Vichy de juillet 1940 ; Paul Raynaud a su exactement qu'il serait renversé par un ministère Pétain-Laval-Belin. Il a su quelle part les Allemands avaient dans ce complot, et quelle part y avaient les trusts. Il n'a pas su, pas pu, ou pas voulu agir. Peut-être a-t-il dit lui aussi : "Ils n'oseraient !" II y avait en effet peu d'hommes pour oser. Les auteurs du complot étaient nombreux et supérieurement organisés. Mais il n'y avait pas d'homme de décision parmi eux. Paul Raynaud savait cela, ce qui le rassurait. Mais il y avait un homme capable d'oser, Laval. Il osa. Seul. Mais derrière lui, appuyés sur les chars d'assaut allemands et sur l'armature des trusts Goering, les trusts français et les synarques prirent possession du gouvernement.

Laval, les trusts et les synarques

1940 - Laval, c'est Laval, c'est-à-dire un homme qui joue son jeu propre, dont le ressort paraît être un goût effréné de l'argent pour la puissance et de la puissance pour l'argent. Un homme dont l'aptitude à la ruse, à l'intrigue est telle qu'il est convaincu qu'il peut rouler tous les joueurs. Les trusts misent sur lui depuis vingt ans, mais le tiennent en défiance, car ils redoutent d'être dupés par lui. Ils ne l'ont jamais mis en grande vedette avant 1940 ; ils ont lancé Doriot, mais non Laval, ils le redoutaient. Ils voulaient Pétain avec un ministère bien à eux. Ils eurent Pétain, mais grâce à Laval, leur coup manquait complètement. Laval réussi le coup et s'imposa. Mais il n'avait personne pour gouverner avec lui. Les trusts et les synarques fournirent tout le personnel de gouvernement.
Les trusts et le Mouvement synarchique avaient préparé la "révolution par en haut", selon l'expression de Coutrot, au prix de la "défaite" française. Ils prirent toutes les places de premier plan, et éliminèrent peu à peu les quelques parlementaires qui les avaient servis.
On lutta contre la maçonnerie, mais c'était pour la remplacer par la plus secrète des sociétés, la Synarchie, dont faisaient partie : Jean Coutrot, Jacques Barnaud, Paul Baudoin, René Belin, Benoist-Méchin, Jean Bichelonne, Jean Borotra, Yves Bouthillier, Gibrat, René Gillouin, Jacques Guérard, Georges Lamirand, François Lehideux, Gabriel Le Roy Ladurie, Henri de Peyerimhof, François Piétri, Pierre Pucheu, etc., etc., bref, tous les secrétaires et sous-secrétaires d'État depuis juillet 1940, tous ces messieurs, sortes de maires du palais, gouvernant pour le compte des grands féodaux (les fameuses deux cents familles), qui restent dans l'ombre. Le siège officiel du gouvernement était bien Vichy ; mais le vrai siège était la Banque Worms, boulevard Haussmann, à Paris, où aboutissaient tous les fils de la plus grande trahison enregistrée par l'histoire.
En août 1943, si la plupart des ministères ont été retirés aux synarques, toute l'économie demeure sous leur direction par Bichelonne, ministre de la Production industrielle et par Gérard Bardot, secrétaire général du Conseil supérieur de la Production industrielle, qui était, à coté de Jean Coutrot, le principal organisateur de la Synarchie.
On ferait une grossière erreur si l'on regardait tous ces hommes comme de vulgaires traîtres. Il faut les voir tels qu'ils se voient et tels qu'ils sont. Ils sont "Européens" et vivent sous la terreur du communisme. Ils tiennent pour grand serviteur de leur Europe, celui qui les délivrera du communisme et mettra le pouvoir entre leurs mains. Mais ils ne travaillent pas pour Hitler ; ils travaillent pour eux, en parfait accord avec les trusts allemands que préside Goering. La Russie liquidée, ils projetaient de liquider Hitler et de former avec tous les trusts internationaux, le trust des trusts pour l'exploitation de toute la planète. C'est le rêve insensé des synarques, enregistré dans le livre secret de la Synarchie.

Le plan des trusts après juillet 1940

Ces immenses complots tournent presque toujours à la confusion de leurs auteurs.
Les trusts américains et français ont largement financé Hitler, qui était, à leurs yeux, l'homme capable de faire un mouvement populaire contre le communisme. Ils pensaient que, le moment venu, l'état-major allemand les débarrasserait d'Hitler. Mais Hitler tenant le pouvoir, en a fait un pouvoir personnel presque aussi exclusif que celui de Staline. Appuyé sur le parti nazi, il est devenu le maître de l'Allemagne, et l'Allemagne est devenue un enfer pour les Juifs, dont les coreligionnaires américains sont si nombreux et si influents dans les trusts.
Ceci n'a pas empêché la Banque Lazard de Paris, qui est à cheval sur Paris, Londres et New York, de soutenir Georges Bonnet, qui avait fait Munich. Les banquiers juifs d'Europe et d'Amérique ont sacrifié alors, au moins temporairement, les intérêts du peuple juif aux intérêts du grand capitalisme juif international. La Banque Worms, de Paris, où les chrétiens et les Juifs font si bon ménage, a organisé elle-même la collaboration avec les Allemands en France. Mais avec les trusts allemands, non avec les nazis.
Trusts et synarques, obligés de supporter Hitler et ses nazis en vue de la guerre contre la Russie, réservaient l'avenir. L'avenir, pour eux, c'était Goering et ses trusts. Sans Hitler, sans ses nazis. Ils comptaient bien que les événements leur fourniraient l'occasion de ruiner Hitler, avant ou après la guerre contre la Russie.
Dans le second semestre de 1940, après l'échec allemand contre l'Angleterre, ils se rendirent compte qu'ils s'étaient mis dans une position très dangereuse pour leur avenir en France : ils avaient le pouvoir, mais ils le détenaient sous la protection des chars d'assaut allemands, ce qui devait leur valoir une honte plus grande que celle dont ne se sont jamais lavés les émigrés revenus dans "les fourgons de l'étranger".
En outre, Hitler et ses nazis prenaient au sérieux leur guerre à la ploutocratie et aux Juifs. Pierre Laval, chef du gouvernement, soutenait la politique hitlérienne. Les trusts voyaient se retourner contre eux l'arme allemande forgée par eux, mais contre les Soviets seulement. Ils tentèrent un coup pour sortir de la contradiction où ils étaient. C'est le coup du 13 décembre 1940.
Darlan et les synarques, occupant la majorité des ministères, procédèrent à l'expulsion de Laval : la suite devait être le départ pour l'Afrique. Du coup, la "Révolution nationale" continuait en Afrique, avec Pétain, Darlan, les généraux, les amiraux, les trusts, leurs synarques, et les trusts américains. La "Révolution nationale" eut alors été légitime au nom du patriotisme ; au lieu d'être sous la protection des Allemands, elle devenait l'alliée de la libre Amérique, et sous le couvert de la libération, on installait solidement les trusts et les synarques au gouvernement. On avait même préparé un roi pour la combinaison : c'était le Comte de Paris, qui attendait les conjurés en Afrique du Nord.
Si le coup avait réussi, le "Roi", les trusts, les synarques, leurs généraux et amiraux auraient fait figure, aux yeux des Français, de libérateurs à la fois des Allemands et des Russes.
Ce que l'on prévoyait, en effet, c'était que le gouvernement africain de la "Révolution nationale" aurait sagement attendu, à Alger, que les Américains fussent prêts, c'est-à-dire que cela reportait toute action à 1942.
Pendant ce temps, les Allemands auraient fait la guerre aux Russes : Russes et Allemands seraient entrés dans la guerre d'usure où ils sont depuis 1941.
En 1942, Français, Américains et Anglais rentraient en Europe, provoquaient la chute d'Hitler et du nazisme, et faisaient alliance avec une Allemagne libérée, contre l'URSS.
Le coup de décembre 1940 a échoué par la volonté d'Hitler et des nazis, qui envoyèrent Abetz à Vichy exiger la libération de Laval. Laval fut libéré, mais tous les ministères demeurèrent entre les mains des trusts et des synarques, qui continuèrent de préparer une nouvelle opération africaine ; c'est celle qui a eu lieu en novembre 1942, et qui a tourné encore une fois contre les intentions de ses auteurs.

Découverte du complot synarchique

La plupart des militaires, utilisés à ces sombres intrigues, n'ont rien compris au jeu dont ils étaient les instruments. Ils ont été les artisans de la défaite dans le savoir, croyant servir l'ordre et la patrie. Ils ont été les instruments du coup du 13 décembre, croyant venger l'humiliation de juin 1940. Ils sont en Afrique aujourd'hui. Ignorant que l'on compte sur eux pour former l'armée des trusts, sous le nom d'armée de la Libération.
Toutefois, un certain nombre d'entre eux ont été éclairés. Dans le courant de l'été 1941, il y a eu à Vichy un fameux coup de tonnerre : à la suite du suicide de Jean Coutrot, les Allemands découvrirent une partie du secret synarchique ; ils exigèrent une enquête ; le gouvernement de Vichy dut en faire, le dossier arriva entre les mains des militaires, qui apprirent avec stupeur la plus grande partie du complot dont nous venons de vous faire un récit rapide. Tout faillit sauter. Rien ne sauta. Pucheu, au lieu d'être arrêté, devint ministre de l'Intérieur et le haut fonctionnaire auteur du rapport sur la synarchie fut révoqué. Les trusts allemands et français furent cette fois plus forts que l'armée et la police allemandes.
Mais, en avril 1942, Hitler et les nazis l'emportèrent. Ils avaient exigé le départ des synarques. Laval revint, la plupart des synarques furent exclus du ministère (Le Roy Ladurie, Lehideux, Pucheu, Benoît-Méchin, etc.).

Le complot africain

A la fin de l'été de 1942, une conférence internationale a eu lieu entre les représentants des trusts français, allemands, américains et autres personnages, réunie non officiellement, où l'on a prévu l'arrivée des alliés sur le continent pour relever les Allemands en Italie, en France et ailleurs, liquider fascisme et hitlérisme, et laisser l'armée allemande, délivrée du danger à l'ouest, face à face avec les Russes. Le tout avec victoires des alliés aussi truquée que l'ont été les victoires allemandes en France en 1940.
En septembre et octobre, les organisateurs de la "défaite" de juin 1940, c'est-à-dire les grands agents de la collaboration Flandin, Pucheu, Lemaigre-Dubreuil et cent autres passèrent en Algérie avec une centaine de généraux, pour y attendre Darlan, Chautemps et Peyrouton, qui devait arriver avec les Américains. On attendait également Pétain, et le Comte de Paris, qui devait être le roi de la fête.
Cette fois encore, l'affaire a échoué. Les trusts américains veulent avoir tous les atouts en mains. Ils ont envoyé l'armée américaine avant l'arrivée de Pétain. Ils voulaient être les maîtres. Darlan s'est trouvé dans une situation inextricable ; il en est sorti par une mort qu'il n'attendait pas.
Il s'est trouvé qu'un certain nombre de Français, enfin éclairés sur la trahison des trusts, n'ont pas admis que le gouvernement de la prétendue "Révolution nationale" s'installât à Alger, pour faire la politique d'un consortium des trusts internationaux. Le général de Gaulle a été l'expression de leur protestation.
Il s'est trouvé également que les Anglais, qui sont relégués au second rang dans l'affaire, ont découvert que les trusts américains voudraient gouverner l'Europe et l'Afrique avec l'armée française comme armée coloniale et l'armée allemande comme armée continentale, tournée vers la Russie. Dans cette combinaison, ils voient qu'ils seraient réduits au rôle de marine au service des trusts mondiaux. Les financiers de la Cité s'accommoderaient peut-être de ce régime. Mais ni les propriétaires terriens, ni les industriels, ni les ouvriers ne peuvent l'accepter. C'est pourquoi l'Angleterre a réagi si violemment contre le coup d'Alger. La plupart des fonctionnaires et militaires au service des trusts y ont perdu leurs fonctions, et le Comte de Paris est retourné dans son bled marocain.

L'avenir

Nous en sommes là au mois d'août 1943.
Les alliés ont provoqué la chute de Mussolini.
Tout le monde comprend que l'opération de Sicile a été faite par les moyens autant politiques que militaires.
Cela va continuer. L'Italie sera "libérée", aux applaudissements des Italiens, délivrée d'une dictature odieuse et ridicule. Les Allemands se replieront. Les alliés prendront leur place, et leurs armées empêcheront la révolution populaire que tout le monde attend et que les trusts redoutent.
L'Italie libérée, les Allemands devront exécuter en France, un repli prévu depuis longtemps. Les armées alliées y compris l'armée française d'Afrique, entreront en France, suivant de près les armées allemandes se repliant. L'occupation des Alliés remplacera l'occupation des Allemands, avec le dessein d'empêcher, en France, la révolution à laquelle pensent quatre-vingt-dix pour cent des Français, et que les trusts redoutent plus que tout.
Alors à ce moment-là, se posera la question définitive.
Le plan des trusts, c'est la paix avec l'Allemagne, délivrée d'Hitler et des nazis, et, dans le plus bref délai possible, la guerre européenne contre la Russie et le Japon.
Ni les Russes ni les Anglais ne sont d'accord pour cette paix.
Les Français, qui devinent tout cela, comprennent que, si l'armée allemande devient l'armée de l'Europe contre la Russie, depuis cinq ou dix ans, elle sera de nouveau maîtresse de l'Europe.
Alors, que ferons-nous, non point dans cinq ans, mais demain, et mieux, tout de suite ?
Que feront les Français ?
Les Français vont tenir en main leur destin.
Personne ne pourra rien faire sans eux.
On a déjà vu cela en Afrique, où les Français, sans connaître le secret des trusts, ont agi spontanément dans le sens où il le fallait, et ont rendu impossible, au moins civiquement la politique des trusts.
Les Français ont un rôle de premier ordre à jouer.
Dès maintenant, sans même attendre la libération du territoire, sans attendre la Victoire militaire, qui est proche désormais.
Ils ont à faire la coalition des peuples contre les trusts et à créer chez eux, puis à proposer au monde un nouveau régime politique et économique, qui ne sera ni le capitalisme d'État des trusts soviétiques, ni la plouto-technocratie des trusts américains.
Hésiteront-ils devant l'occasion prodigieuse que leur offre l'Histoire ?
Se diront-ils, lorsqu'ils connaîtront la vérité sur les événements de ces vingt dernières années, que les trusts sont trop forts, que la corruption est trop grande, et que les peuples seront toujours impuissants contre les forces de l'argent mondialement organisées ?
S'ils avaient le malheur de penser cela, ils se trahiraient eux-mêmes, car ils portent déjà en eux leur victoire totale.
Qu'ils sachent donc que l'heure des peuples et des individus est toute proche. Les rois ne sont plus que des figures de musée ; les trusts, qui avaient pris la succession des princes bourgeois, sont à la fin de leur carrière. Ils se survivent, mais ils sont déjà en décomposition.
Depuis 1929, ces mammouths de l'économie sont frappés à mort : dans le monde entier, ils ont été radicalement impuissants à trouver les moyens de surmonter la crise qui a bouleversé le monde. Ils ont encore en main la machinerie financière et industrielle, mais ils sont incapables de la conduire.
S'ils reprenaient le gouvernement du monde, avant cinq ans d'ici, toutes les nations seraient précipitées dans une effroyable crise de chômage, allant bien au-delà de celle qui a commencé en 1929.
La vérité, c'est que, techniquement, le régime des trusts capitalistes est ruiné, et ne se survit que par des artifices policiers, militaires et culturels dont l'efficacité ne peut être que de courte durée.
Les trusts sont encore capables d'assurer la production, difficilement toutefois, car ils ont contre eux une partie de la bourgeoisie, une énorme partie des classes moyennes et la presque unanimité du prolétariat mondial.
Mais ils sont dans l'impossibilité d'assurer la distribution. Il n'est pas un citoyen qui ne connaisse la maladie qui fait mourir les trusts d'apoplexie : la constitution d'énormes stocks invendables, parce qu'ils ne peuvent être vendus, dans le régime, aux hommes qui en ont besoin.
Quand la guerre sera terminée, ces stocks vont se constituer dix fois plus rapidement qu'il y a quinze ans parce que les moyens techniques de la production se sont multipliés. C'est pourquoi les trusts seront de nouveau écrasés sous la masse des produits agricoles et industriels.
Au pouvoir inhumain de l'argent, représenté par les trusts, incapables de distribuer les richesses que la science et la technique permettent de produire, incapables de guérir la plaie du chômage, et ne trouvant à ses crises d'autre issue que la guerre périodique, nous substituerons le pouvoir de l'Homme, c'est-à-dire au-delà de toutes les formes actuelles du socialisme, un humanisme total mettant la production au service des communautés humaines et assurant la distribution de l'énorme masse de produits qui peut sortir aujourd'hui des champs et des usines.
Nous abattrons les trusts.
Nous libérerons États, peuples et individus de la tyrannie de l'argent.
Sachez que, dans le silence où nous vivons depuis trois ans, des hommes, nombreux, ont travaillé à la construction de l'avenir. Aucun d'eux ne pense à restaurer le régime d'hier, nous voulons construire un monde nouveau.
Si vous nous demandez où seront les hommes, les cadres, pour construire en quelques années, ce socialisme nouveau, base nécessaire d'une Europe fédérée dans une humanité organisée, nous vous dirons qu'ils existent, que vous les avez à côté de vous.
D'où vient, en effet, cette masse économe de techniciens de tout rang qui fait marcher toute l'économie ? D'où vient-elle, sinon du peuple même ?
Pourquoi n'était-elle pas hier avec la démocratie ? Parce que la démocratie d'hier était une démocratie de bavards et d'agités sans pouvoir.
Le jour où la démocratie sera une démocratie d'organisateurs et de constructeurs, vous verrez venir à elle l'immense foule de ces hommes, sortis de la classe ouvrière et de la classe moyenne, que les trusts absorbaient hier parce qu'ils les mettaient à leur place d'hommes d'action.
Français ! Vous avez à conquérir le pouvoir économique pour fonder l'indépendance de votre patrie et la liberté totale de chaque individu ! C'est votre mission, et c'est par là que vous rendrez à la France son rôle dans le monde. Plus encore ! Vous ferez de la France l'initiatrice de la nouvelle civilisation.
Hésiteriez-vous devant la grandeur de votre tâche ? Douteriez-vous de vous-même devant l'effort à accomplir ? Rappelez-vous donc que vous êtes les héritiers des hommes qui ont fait la Révolution française et qui ont changé la face de l'Europe.
Ils avaient, eux, à lutter contre les pouvoirs royaux, soutenus par une aristocratie militaire, qui tenait tout un monde. Eux aussi pouvaient se demander s'ils seraient capables de prendre ce monde en main. Que firent-ils ? Ils osèrent. La Révolution leur donna la révélation d'eux-mêmes.
Contre ces pouvoirs qui possédaient toute la science politique et toute la science militaire, des hommes obscurs, des sous-officiers, des valets d'écurie, des hommes de petit métier entrèrent dans la carrière ; dix ans après, ils étaient devenus les généraux de la Révolution et bousculaient toutes les techniques militaires de l'ancien régime dans toute l'Europe.
Français de mil neuf cent quarante-trois, vous êtes cent fois plus riches d'hommes et de science que nos pères de quatre-vingt-neuf ! Entrez hardiment dans la carrière ! II nous manquait hier l'élan, la volonté révolutionnaire. Vous étiez engourdis par la douceur de vivre. Trois ans de souffrances, de privations, d'humiliation imméritée vous ont rendu à vous-mêmes. Vous avez aujourd'hui la volonté révolutionnaire. Vous avez foi dans le destin de la patrie et de la révolution. Comme nos pères de Valmy, vous êtes révolutionnaires et patriotes et dans le même esprit. Contre tous les traîtres et contre tous les tyrans. Comme eux, pour créer un monde nouveau sans guerres nationales, sans guerres civiles, sans massacres, sans despotismes, noirs, blancs ou rouges.
Vous savez que vous avez à combattre. Nous vous disons comment nous ferons - comment vous ferez la Révolution, en même temps que vous libérerez la patrie. Il ne vous faudra pas longtemps pour faire vos classes, avant de vous mettre à construire la République nouvelle. Car c'est vous qui la construirez, à votre foyer, dans votre commune, en tous lieux, sans dictateurs civils ou militaires.
Patriotes français ! Vous avez été jusqu'ici des résistants. La patrie vous appelle à devenir des révolutionnaires. Les trusts ont trahi la Patrie ; vous devez abattre les trusts, et construire un monde où ils ne pourront renaître. La Révolution vous appelle. Le monde entier attend la nouvelle révolution française.

Adam

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