1943.05.18.Du journal Le Matin.Article

NB : Cet article est conservé dans le recueil de coupures de presse, classé au 5 janvier 1942.

Le Matin
18 mai 1943

L'action secrète anglo-américaine en France de 1940 à 1942

I - Pierre Pucheu l'homme qui se crut maître
Nous avons dit précédemment comment Darlan organisa la livraison de l'Afrique du Nord. Nous avons dit les hommes qui le poussèrent à cet acte en jouant sur sa vanité exaspérée. Il nous faut, aujourd'hui, étudier ceux qui, sans même avoir une excuse vaguement patriotique, détruisirent le prestige de la France dans les pays neutres, aidèrent les Juifs à dissimuler leurs biens, dédouanèrent les maçons, favorisèrent toutes les intrigues financières anti-françaises, uniquement poussés par un esprit froid avec, pour seul désir, de faire survivre leur emprise et de voir l'or, leur levier unique, continuer à servir d'étalon mondial.
Ces bons serviteurs du capitalisme international, corrompus par leurs liaisons avec les financiers anglo-américains, vaniteux jusqu'à la bêtise, eurent pour chef de file Pierre Pucheu, qui obéissait servilement aux grands trusts. Pucheu qui toujours fut à la solde du grand capitalisme, soit qu'il créât des scissions en des partis où il s'était introduit par la porte basse des bailleurs de fonds, soit quand il utilisait son tout-puissant poste de ministre de l'Intérieur, pour faire des nominations de traîtrise, sauver des juifs et des maçons.

Preuve et leçon

Son action est ancienne. Nous ne révélerons ici que celle qui fut la sienne de juillet 1941 jusqu'aux toutes dernières semaines qui virent sa fuite en Espagne, puis en Afrique pour aboutir, dit-on, à un camp d'internement du sud-nigérien, les Anglo-Américains mettant à sa vraie place cet homme à qui la trahison tient à la peau. Pucheu est la preuve que l'émigration ne paye pas. Cette leçon pourrait servir d'exemple à ceux qui rêvent de suivre son exemple et celui de ses fidèles servants, les Couve de Murville, Leroy-Beaulieu, Fouchier et autres Largentaye.
Une étrange pudeur règne en zone sud pour faire silence sur le cas Pucheu, peut-être parce que de tout-puissants appuis l'aidèrent à mener à bien son départ, appuis qui conseillèrent sans doute aux Américains de le mettre hors de piste.

Homme des trusts

Pucheu servait bien les trusts. Cela lui valut de se voir hisser au poste de ministre de la Production en février 1941. Antérieurement il avait été nommé président du Comité des machines-outils, puis président du Comité d'organisation des industries mécaniques. On l'avait placé aussi à la tête d'une affaire près de Belfort où il figure toujours, malgré sa fuite, comme président d'honneur ! II avait introduit en cette affaire son chef de cabinet qui fut tué lors d'un règlement de compte, ce qui permit à Pucheu de dire "qu'il était menacé par l'Intelligence Service". Si Pucheu fut nommé ministre de l'Intérieur, c'est que ses maîtres occultes avaient besoin d'un homme à eux pour faire taire la presse, distribuer judicieusement les fonds secrets et surtout masquer l'action de Darlan sous l'apparence d'une disgrâce. Pucheu fut nommé à son poste de l'Intérieur quand la valse commença en Afrique, chassant les anti-juifs et amenant au pouvoir les Noguès et les Chatel. Dès qu'il est placé Pucheu travaille. Ce sont les nominations d'hommes dévoués aux assurances anglaises à la tête du Comité des assurances.
Pucheu inaugure un système bien à lui qu'il dénomme "les décrets du dimanche". Cela consistait à faire des décrets et des lois paraissant le samedi, le dimanche il n'y avait pas de journaux, seul l'Officiel publiait, seuls les intéressés le lisaient et avaient tout intérêt à n'en point parler. Derrière le Comité des assurances, il y avait Max H., auteur d'un livre, dénommé "Idoles allemandes", tout imprégné de mystique judaïque.
Par ordre, Pucheu se met en liaison avec de hauts fonctionnaires que nous verrons au travail. Pucheu trahit sans cesse la pensée du Maréchal en pesant sur le conseil où il a des complices. Voici simplement une journée de décrets du dimanche, le dimanche 10 août 1941 : deux lois livrant les ouvriers au bon vouloir des trusts, une loi restreignant l'émission des valeurs pour permettre aux trusts de peser sur le marché boursier. Un train de décrets : création de secrétaires généraux dépendant de lui pour espionner les préfets, un décret contenant une trahison en puissance : interdiction à Madagascar de traiter avec des banques locales, ce qui était un moyen de soumettre l'île à la finance internationale.
Le 5 septembre, Pucheu, qui, depuis la fameuse conversation du 13 juillet, a partie liée avec Darlan pour organiser la trahison, prend un décret renforçant les pouvoirs de l'amiral félon. Le 4 septembre, il a fait ouvrir des crédits spéciaux pour l'Algérie permettant ainsi de faire fuir des capitaux vers l'Afrique et il est aidé dans cette tâche par notre attaché à Madrid, le nommé Largentaye.
Dictant les ordres, révisant les décrets, étudiant les nominations, il y a Leahy qui, depuis le 20 juillet, s'est imposé à Pucheu au cours d'une longue conversation.
Nous verrons l'action de Pucheu en faveur des juifs et des maçons.

Retour aux archives de 1943