1941.06.23.De Haguet.A Worms & Cie services charbons

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Angers, le 23 juin 1941

J. Haguet
Administrateur de la SAAC
10 rue Béclard
Angers

Monsieur Roger Millot
Ingénieur des mines
Cie Worms
45, Bd Haussmann
Paris

Cher monsieur,
Votre lettre s’est croisée avec la mienne. Vous avez sur la tourbe les derniers tuyaux. Vous avouerai-je que j’aurais aimé que vous puissiez me donner un exposé plus précis quant à la date approximative de la venue de l’ingénieur de la société Socomet ? M. Bouyssounouse sort de chez moi, il s’inquiète de ne rien voir venir.
En qui ce qui concerne la SAAC l’exécution de son programme se poursuit avec une sage lenteur, parce que hélas, rien ne peut se faire vite et simplement en ce moment.
Je vous envoie projet de procès-verbal du conseil. Étant donné que pour les besoins de la cause Poisson a fait un procès-verbal officiel, je propose de supposer deux réunions successives du conseil.
Je m’excuse de ne pas vous l’avoir envoyé plus tôt, je n’avais pas de secrétaire, et les multiples démarches que j’ai faites, jointes à la complication résultant de la santé de mon fils ne m’en ont pas laissé le temps, et cependant j’allonge les journées.
En bref, nous avons le pétrin et le broyeur.
La fabrication de l’outil de presse se poursuit, mais nous avons dû subir un certain délai pour l’obtention des bons de matières nécessaires.
À ce propos, vous me rendez service si vous pouviez dénicher à quel comité d’organisation nous devons être rattaché.
Restera l’étuve : gros problème. Il en faut une, mais il ne faut pas envisager quelque chose de trop cher, si ce doit n’être que provisoire. Quelle solution préconisez-vous ?
Quant au programme définitif de la SAAC, à mon avis, il faudrait le voir sous un jour différent.
Vous avez vu que la SAAC propose pour la tourbe, je pense pour ma part, que nous aurions d’étudier sans délai comment exploiter la tourbe d’une façon moins rudimentaire, parce que je crains que l’exploitation actuelle ne coûte en définitif très cher, et limite considérablement les possibilités d’exploitation en tonnage du fait des difficultés des opérations ultérieures à l’extraction.
Nos terrains de séchage sont peu étendus, ils sont humides par essence.
La manutention depuis les terrains de séchage jusqu’au stockage aux bords des routes, le chargement des camions et le chargement en wagons nécessitent une main d’œuvre considérable et donnent des déchets importants.
Ou bien, cette manutention se fera briquette par briquette bien empilées, mais alors quel prix de revient, et quelle main d’œuvre, ou bien elle se fera par exemple à la fourche, chargées dans des bennes basculantes, alors quels déchets, et comment pour l’expédition faire la reconnaissance du cubage.
Si de plus pour activer le séchage et pour obvier à l’exiguïté des terrains d’étente, nous envisagions des étagères quel prix de revient et quelle main d’œuvre.
Une idée m’est venue, que je vous soumets non dégrossie. Que diriez-vous d’une installation fise de compression à proximité des tourbières permettant le chargement direct en wagons, cette installation comportant aussi un tunnel de séchage.
Dans ce cas, extraction à l’excavateur de toutes les tourbières, transport de la tourbe en vrac, sur l’usine de compression, séchage, puis expédition directe. Cela permettrait encore de prolonger l’exploitation des tourbières au-delà de la période du beau temps.
Pourquoi ne pas réunir en un même centre d’exploitation les agglomérations de charbon de bois, il y aurait là un tout extrêmement intéressant.
Si vous réalisez cela à Baugé vous seriez au centre des tourbières et dans une région forestière et tout près du centre forestier de la Sarthe.
Je vous soumets cette idée personnellement parce que si elle est bête, je ne tiens pas à faire de publicité autour, mais je serais heureux d’avoir votre avis à ce sujet.
Croyez-moi, cher monsieur, bien sincèrement vôtre.

Signé J. Haguet
 

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