1941.03.26.PV réunion.Syndicat professionnel du personnel de la Maison Worms & Cie

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Syndicat professionnel du personnel de la Maison Worms & Cie

Procès-verbal de la réunion du bureau syndical à Paris le 26 mars 1941

Le bureau du comité syndical, s'est réuni à Paris le 26 mars 1941 sous la présidence de monsieur R. Millot.
Étaient présents :
MM.
E. Vincent, vice-président
M. Decaix, secrétaire général
R. David, trésorier général
R. Belliard, secrétaire adjoint
En organisant cette réunion, le bureau a entendu tirer les conclusions de la consultation générale faite au début de l'année au sein des sections et mettre au point un grand nombre de questions anciennes ou actuelles.
Le président, rendant compte, dès l’ouverture des travaux, des résultats de cette consultation, constat que l'adhésion des sections a été unanime et que la confiance dont elles ont bien voulu honorer le bureau lui permet de siéger aujourd'hui en comité syndical (voir en annexe Liste des délégués et délégués suppléants des différentes sections). Cette unanimité dans la confiance est un précieux encouragement pour le bureau syndical et trouve sa contrepartie dans la volonté de celui-ci de poursuivre ardemment l'oeuvre entreprise et de maintenir toujours aussi élevé l'idéal social qui est la raison d'être de notre groupement.
Ainsi donc, l'appel lancé aux sections a été pleine­ment entendu et, quelle que soit la situation particulière de chacune d'elle, l'élan a été le même partout et notre syndicat professionnel a repris, au 1er janvier 1941 le départ avec une foi nouvelle et une confiance entière.
Rien ne pouvait mieux marquer cette continuité d'ac­tion que le rappel des travaux antérieurs aux événements de 1939-1940 en l'espèce, notre assemblée générale de Bordeaux dont le procès-verbal est examiné à nouveau par le comité en vue de soumettre aux directeurs généraux et au siège social, les voeux formulés à l'époque.
Sont ensuite étudiés tour à tour et sous tous leurs aspects les différents problèmes que pose l'actualité et que le bureau suit avec le plus grand intérêt, qu'il s'agisse de la retraite de vieux travailleurs, de la situation du personnel en disponibilité, de la hausse du coût de la vie aussi bien que du sort des familles éprouvées par la guerre, de nos camarades pri­sonniers ou des conditions de travail dans les régions particuliè­rement exposées. Ce travail préliminaire, effectué dans une com­plète identité de vues, permet la mise au point des importants en­tretiens qui vont suivre.
À 11 h 30, en effet, messieurs Vignet et Emo sont reçus par le comité et, après les souhaits de bienvenue du président, nos directeurs généraux, s'intéressant au compte rendu détaillé de la vie de chaque section, se déclarent très satisfaits de constater la rapide et complète réorganisation du syndicat professionnel.

Assemblée générale de Bordeaux
Messieurs Vignet et Emo, reprenant un à un les voeux émis en 1939, se montrent entièrement favorables à leur examen et, sous réserve bien entendu des incidences de la situation nouvelle qui enlève à certaines suggestions leur caractère d'actualité, une solution bienveillante sera recherchée avec le siège social de la Maison.
Il semble notamment que la parité des primes d'ancienneté entre le personnel féminin et masculin, la modification de l'é­chelon de 22 à 28 ans et le supplément d'appointement aux dames-mécanographes, pourraient recevoir très prochainement une heureuse solution.
De même le reclassement de certaines succursales du groupe B ne peut être envisagé à l'heure actuelle.
Le principe d'une gratification exceptionnelle en faveur des médaillés du travail serait plutôt envisagé sous forme d'une augmentation de la gratification offerte par la Maison au moment de la remise de la médaille.

Indemnité de séparation de famille
Monsieur Vincent appelle l'attention de nos directeurs généraux sur les mesures prises en faveur des fonctionnaires ou agents de certaines administrations appelés à demeurer à leur poste dans des localités exposées aux bombardements et pour lesquels la séparation de leur famille se traduit par des conditions de vie très onéreuses.
Il est évidemment très difficile de déterminer le cri­térium appelé à jouer en la circonstance : comment classer la zone dangereuse ? fixer la nécessité de le présence effective au poste etc. ? D'autre part, il convient de tenir compte que la Maison a fait de gros efforts pour maintenir en activité le maximum possible de son personnel. Néanmoins si, comme il est signalé, d’autres ar­mements venaient à prendre de semblables mesures, la question serait également étudiée chez nous*

Retraite des vieux travailleurs – caisse de retraite Worms – assurances sociales
Toutes ces questions sont liées et les importantes modi­fications actuellement en préparation à Vichy ne permettent pas d’envisager dès maintenant la création d’un régime spécial permettant au personnel soumis aux assurances sociales d’accéder à la caisse de retraites de la Maison. La question n’est pas écartée, elle est sim­plement réservée pour étude en temps opportun. Le bureau se préoc­cupe également de la situation que la nouvelle loi crée aux vieux travailleurs entre 60 ans (âge normal de l’arrêt du travail) et 65 ans limite fixée par la loi pour la retraite. Il est vraisemblable que cette période intermédiaire restera soumise au régime des assurances sociales mais là encore, il faut attendre les décrets d’ap­plication.

Situation du personnel en disponibilité
La situation de nos collègues touchés par les mises en disponibilité fait l’objet des préoccupations constantes du syndi­cat et le comité recherche avec nos directeurs généraux qui se penchent sur le problème avec la plus grande compréhension-les solu­tions susceptibles d’être apportées à cette situation difficile.
D’ores et déjà, il est acquis que le régime des alloca­tions est reconduit pour une nouvelle période expirant au 30 juin 1941.
Le problème est plus complexe en ce qui concerne le réemploi du personnel disponible, là encore nous sommes assurés de l’ac­tive sollicitude de nos dirigeants, monsieur Vignet renouvelle l’as­surance qu’aucune cloison n’existe entre les deux départements de la Maison et que toutes les possibilités sont étudiées en étroite union avec monsieur Emo. Si certain cas particulier a pu être relevé ici ou là, nombreux sont ceux de repêchage par les services charbons de personnel maritime en disponibilité.

Hausse du coût de la vie
Autre sujet d’importante préoccupation dont les échos sont parvenus de différentes sections et que, en dépit des circons­tances particulièrement défavorables que nous traversons, le président se fait un devoir de soumettre à la bienveillante attention de nos directeur généraux. Il est d’ailleurs accueilli avec le plus large souci d’objectivité et si, à l’examen, une difficulté se pré­sente en ce qui concerne les salaires proprement dits dont le taux est stabilisé par la loi au niveau de 1939, une solution sera recher­chée du côté de l’indemnité de vie chère et la promesse nous est faite qu’elle interviendra très prochainement.

Questions diverses
Dans le cadre de son action sociale, le syndicat ne saurait se désintéresser du sort de nos collègues prisonniers, il appartient à chaque section de prendre toute initiative susceptible d’apporter à nos infortunés camarades un peu de réconfort moral et matériel. Le bureau insiste tout particulièrement auprès des délégués de section pour qu’ils agissent en ce sens et rendent compte au président en lui signalant les cas dignes d'intérêt dont ils peuvent voir connaissance. Là encore, le syndicat est assuré de l'entier concours de la Maison qui, par ailleurs continue à servir aux familles de prisonniers, l'allocation de guerre.
Par ailleurs, les dispositions arrêtées par la Maison dans l’esprit social préconisé par l'assemblée générale de Bordeaux demeurent en vigueur, les prêts immobiliers sont toujours ouverts au personnel et le système est susceptible d'extension et d’aménagement, notamment en ce qui concerne l’aide aux sinistrés. Malgré la situation présente, la Maison a déjà fait spontanément plusieurs gestes en ce sens et monsieur Belliard se fait auprès de nos dirigeants l'interprète de la reconnaissance de ceux de nos camarades havrais qui ont déjà bénéficié de ces secours. Cette action généreuse est d'ailleurs appelée à de plus amples développements lorsque, la paix retrouvée, il sera permis d’envisager l’avenir avec plus de sérénité et de penser à reconstruire et réorganiser tant de choses détruites ou perdues.

Conventions tierces
À la demande de monsieur Emo, le bureau est appelé à préciser les conditions d’application de notre convention collecti­ve en présence de conventions tierces. L’article 1er de notre convention précise que les dispositions des conventions collectives locales doivent être appliquées en ce qui concerne les prescriptions de la loi du 24 juin 1936, notamment sous le rapport des salaires minima par catégorie. Cette stipulation, reprise à l'article 6 « salaires » ne laisse aucun doute en ce qui concerne les accessoires du salaire, avantages de notre contrat qui jouent dans tous les cas.

À la suite de ces importantes conversations avec nos directeurs généraux, le bureau fut reçu au siège social par monsieur Labbé qui confirma les dispositions extrêmement favorables de la Maison à l'égard de son personnel qui, selon sa propre expression, demeure son capital le plus sûr, le plus réel. Prodiguant ses encou­ragements au syndicat professionnel-trait d'union entre la Maison et son personnel dont l'action se révèle chaque jour plus utile. Monsieur Labbé fit l'éloge de cet esprit d'étroite collaboration et de confiance réciproque qui a déjà fait ses preuves et demeure le plus sûr garant de réalisations fécondes dans l'avenir.
C'est dans cet esprit que seront étudiés par le siège social tous les problèmes soumis à nos directeurs généraux et le personnel peut être assuré que le maximum sera mis en oeuvre pour répondre à ses aspirations.
Avant de clôturer les travaux de cette importante journée, le bureau eut l'honneur et la joie de recevoir la visite de notre sieur Hipolyte Worms désireux d'apporter lui-même à notre syndicat et, par lui, à tout son personnel, le témoignage de sa sympathie.
Monsieur Worms exprima sa volonté de garder à la Maison le caractère familial qui en a toujours été la marque et de pour­suivre, quelles que soient les difficultés de l'heure, la tâche qu’il juge primordiale, maintenir ferme sur sa route le navire dont il tient la barre et le diriger vers les zones d'activité qui assure­ront à la Maison et à son personnel la prospérité et le bonheur.
Ce fut l'occasion, pour notre président, d'exprimer au chef de notre Maison, les sentiments de confiance absolue et de profonde sympathie du personnel de l'ensemble des succursales de France et d'Algérie.

À Paris, le 26 mars 1941
Le secrétaire général
Signé Decaix

Annexe au PV de la réunion du 26 mars 1941
Liste des délégués et délégués adjoints du syndicat professionnel du personnel de la Maison Worms et Cie.
 

Sections

Délégué

Délégué adjoint

Dunkerque

MM. Vangraefscheppe

Néant

Boulogne

R. Delattre

Néant

Dieppe

J. Vasseur

Néant

Le Havre maritimes

E. Vincent

MM. Minard

Le Havre charbons

R. David

Zède

Rouen charbons

Lecomte

Poirot

Rouen maritimes

P. Leclercq

Néant

Caen

L. Cretin

Melle Casset

Brest

J. Lavenir

Néant

Lorient

Osmont

Melle Hamont

Nantes DGSM

R. Belliard

MM. Luder

Nantes charbons

Chevallier

Melle Pirmet

Bordeaux charbons

Pinier

MM. Marques

Bordeaux maritimes

D’Haucourt

Rigolène

Bayonne

Pène

Bergue

Marseille

Moynier

 

Alger

Boesch

Sintes

Paris charbons

R. Millot

Leroux

Paris maritimes

M. Decaix

Néant

Les pouvoirs confiés à tous les délégués ci-dessus désignés sont valables jusqu'au 1er novembre 1941 et, pour la même période, le comité syndical a délégué à l'unanimité ses fonctions et pouvoirs au bureau syndical.

 

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