1940.12.04.A M. Bureau.Note (sans émetteur)

4 décembre 1940

Note à M. Bureau
Sur la vente des charbons belges en France par les firmes allemandes

Je vous remets, annexée à la présente, la note rédigée par la Maison Worms, adoptée par l'administrateur allemand de cette maison, par le capitaine von Ziegesar, et remise à la firme Klöckner.
Cette note, à laquelle nous nous rallions, appelle de notre part les observations suivantes :
1°- En ce qui nous concerne, nous traitions un tonnage important de foyers domestiques directement avec Raab Karcher -Karlsruhe qui nous facturaient et à qui nous payions.
2°- Nous nous sommes engagés, au surplus, vis-à-vis de Raab Karcher, lorsqu'ils ont revendu les titres d'Est & Nord à la Compagnie des Forges de Châtillon-Commentry, à leur acheter tous nos charbons du bassin rhénan-westphalien dont nous avions besoin pour notre clientèle. Ces achats étaient tous faits directement.
Concluez ici que cet arrangement particulier nous a mis, depuis, dans l'impossibilité de demander, ni d'obtenir l'agence, ni la protection d'aucune firme allemande.
3°- Nous croyons que la pensée de l'autorité allemande a pu être mal interprétée dans son application, si nous en jugeons par la différence des textes qui se trouvent entre les mains de M. Thibaut, chef de la répartition, et de M. Dumont, agent du Köhlensyndikat.
S'il est décidé que les charbons belges (par assimilation avec ce qui se passe depuis plusieurs semaines en charbons à coke envoyés en Lorraine) doivent être vendus en France comme s'ils étaient des charbons allemands, il semble qu'en équité et en justice, la méthode pour les vendre doit être semblable à celle qu'elle était autrefois.
Dans ce cas, le Köhlensyndikat conserverait la vente directe à ses clients réservés (ce qui est le cas pour la métallurgie de Lorraine) et les Vertriebsfirmen, à leur tour, devraient agir par le canal de leur ancien moyen de pénétration.
Or, comme l'explique la note de la Maison Worms, les maisons allemandes opéraient, dans certains cas, par un agent ou par une firme française dans laquelle elles avaient des intérêts ; dans certains autres cas, par des firmes françaises monopolistes ou par des firmes françaises importatrices.
Concentrer toutes ces ventes entre les mains de certaines firmes françaises sélectionnées (sous un critérium ou sous un autre), en excluant les anciens vendeurs, équivaudrait à commettre une injustice, spécialement en regard des efforts due ces derniers ont faits dans le passé pour défendre les charbons allemands contre les charbons d'autres provenances.

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