1940.10.25.De Philippe Marolle.Courrier (destinataire non précisé).Original

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Ce vendredi
25 oct. 1940

Monsieur,
Vous parlez d'or lorsque vous évoquez les noms assez répugnants de Worms et de ce Dumoulin de "Je ne sais Quoi", présentement dans l'ombre du Maréchal.
Mais votre parfaite documentation laisse échapper un petit point : la banque Worms finançait jadis le « Courrier royal », hebdomadaire du Comte de Paris. Worms avait comme représentant dans la caverne princière : 1° ledit Dumoulin, 2° Navachine. Rien ne se faisait sans ces gaillards. Ainsi Henry de La Rocque trouvait couverture pour ses chèques insuffisamment approvisionnés... Ainsi le Prince pouvait s'offrir un journal à 30.000 francs le tirage.
Un beau jour, une certaine dame, défunte aujourd'hui, Any Jamet, directrice prodigue de "Rive gauche", introduisit le banquier Saül Amar dans ce journal sans fonds. Ainsi survécut un journal dont le Prince était le plus petit et le plus mince actionnaire après Georges Lang, imprimeur du "Courrier", rue Curial.
Un beau jour, Worms coupa les fonds. Curieuse coïncidence : Navachine mourut assassiné à coups de poignard dans une allée du bois de Boulogne. L'assassin était connu et fut filé : il s'agissait du cagoulard Filiol. Or, Filiol, représentant en papier, fournissait celui du "Courrier". On demeure étonné des relations de causes à effets de ce "milieu", dont l'éminence servilement grise était un certain fruit sec des Sciences politiques, Pierre Longone, d'origine italienne.
Voilà pour Worms et cette bande. Renseignez-vous. Songez à tout cela. Demandez-vous pourquoi Henri de La Rocque, directeur illettré du "Courrier" fut mis à la porte. Pourquoi Pierre de La Rocque, amateur de petites filles, commerçant failli de Bruxelles, repassait à la Sûreté générale le courrier de son Maître ? Pourquoi Reynaud utilisait le Prince et le mobilisa au 2ième bureau ? Pourquoi Madame Jamet (2 fois nommée) mourut si subitement à son tour ? Vous sortirez du milieu de la finance, mais pas de celui d'Israël.
Courage, Monsieur, et merci.

Philippe Marolle


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