1940.05.27.A Hypolite Worms.Londres.Note

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27 mai 1940

Cher Monsieur,

Monsieur Denis m'a communiqué la lettre de M. Sibilat au sujet des assurances charbons. Vous vous rappellerez les discussions qui ont eu lieu il y a quelques mois ; M. Stourma avait finalement rédigé une note dans laquelle il concluait que, bien que les importateurs de charbons ne soient pas légalement obligés de couvrir les risques de guerre de leurs cargaisons auprès de la Caisse de la Marine marchande, ils se trouvaient néanmoins devant une obligation de fait, de la part des Travaux publics. M. Sibilat s'était fait fort d'obtenir la réforme du système, il semble avoir échoué et souhaiterait maintenant que l'offensive soit reprise par les importateurs eux-mêmes. Il a parfaitement raison de faire remarquer qu'il y aurait le plus grand intérêt, à ce que les risques ordinaires et les risques de guerre soient groupés entre les mêmes mains, mais les raisons qui avaient poussé à s'adresser à la Marine marchande pour les seconds n'ont fait que se renforcer. En effet, nous allons nous trouver constamment attributaires de cargaisons hors programme dont nous ne connaîtrons l'existence que lorsqu'elles arriveront dans un port. Qui pourra les déclarer sinon la Mission de Londres qui seule en connaîtra le départ et qui d'ailleurs n'en connaîtra pas le destinataire final, ce dernier étant désigné à l'arrivée par le GPIR ? Nos confrères à qui j'ai soumis la question ont été unanimes à penser qu'effectivement tous les risques devraient être groupés, mais auprès de la Caisse d'État qui seule peut être avisée utilement des départs par la Mission de Londres et recevoir les déclarations complémentaires par le canal des GPIR. J'irai si vous le souhaitez exposer la situation à M. Sibilat, mais notre Maison ne peut pas plus aujourd'hui qu'il y a quelques mois se singulariser et autant je trouverai l'appui de mes confrères pour demander la couverture de tous les risques par la Caisse d'État, autant ils me le refuseront pour une démarche en faveur des assureurs, avec lesquels certains d'entre eux sont en difficultés comme nous pour le remboursement de sinistres.
La question risques de guerre prend d'ailleurs une nouvelle extension du fait des récents événements. M. Pagézy nous a annoncé ce matin que la Direction des mines avait l'accord de principe des Finances pour la couverture des char-bons de bout en bout, jusque chez le client. Nous avions eu l'occasion de faire remarquer que nous ne pouvions accepter de faire, sur ordre des ingénieurs des Mines, des expéditions vers des destinations très incertaines que si le paiement nous était garanti à toute éventualité.
Je vous prie de croire, cher Monsieur, à l'assurance de mes sentiments bien dévoués.


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