1932.02.05.De Worms - ACSM.A Worms Paris.Note.Aciéries de Longwy

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[Note manuscrite : 5 février 1932]

Messieurs Worms & Cie
45, boulevard Haussmann - Paris

Messieurs,
Société des aciéries de Longwy
Nous vous accusons réception de votre lettre du 4 février 1932 nous mettant au courant de la visite que notre Sieur Worms a reçue de M. Maurice, des Aciéries de Longwy.
Voici les renseignements que nous pouvons vous donner pour vous permettre d’examiner les desiderata qui vous ont été exprimés par M. Maurice :
1°) - Le chiffre de nos affaires avec ces Aciéries en 1931 a été évidemment assez faible : 82.208 francs 15 seulement, dont 54.014 francs 15 concernant les fers et 28.194 francs de tubes, raccords et appareils sanitaires pour lesquels la succursale des Aciéries de Longwy à Rouen n'est que dépositaire.
Il y a naturellement lieu de noter que nous avons passé très peu de commandes de tôles et profilés en 1931 ; cependant conformément à nos habitudes nous avons essayé de les répartir équitablement entre nos fournisseurs attitrés et nous avons réservé à Longwy les profilés des deux remorqueurs de l'armement Jules.
2°) - En ce qui concerne les tôles à 50 kilos Marine avec essais macrographiques que nous venons de passer pour le sous-marin "Vénus", qualité pour laquelle les tractations se passent en dehors du compte des tôles, les Aciéries de Longwy se trouvaient en ce concerne les prix à parité avec Denain. Mais d’accord avec les Chantiers Augustin Normand avec lesquels nous avons passé une commande commune, nous avons donné la préférence à Denain en qui nous avons beaucoup plus de confiance pour les tôles avec essais macrographiques. Nous avions le souvenir des déboires éprouvés pour le sous-marin "Sibylle" avec les Forges de la Providence qui nous ont mis en retard de plusieurs mois dans la construction et nous n'avons pas voulu recommencer une expérience analogue avec Longwy qui a certainement moins l’habitude des tôles à essais macrographiques que Denain ou les Aciéries de Vireux-Molhain qui sont actuellement les laminoirs qui viennent au premier rang en France pour cette fabrication.
3° - Il est également exact que nous venons de passer plusieurs centaines de tonnes de profilés en Angleterre pour les navires de la SA[GA], mais ceci à cause du gros écart de prix qui séparent les cotations françaises des cotations anglaises. En France nous avions obtenu des aciéries un prix de base d’environ F 70 aux cent kilos, départ usine, qu’en Angleterre nous avons eu le prix de F 63, les 100 kilos rends Le Trait, prix effectif s'appliquant à toutes catégories confondues, avec en plus le bénéfice du transport pour les navires de notre Maison ; or cet écart représente une économie d'au moins 100.000 F pour nos chantiers.
D'ailleurs pour cette affaire, les Aciéries de Denain auprès desquelles nous avions insisté plus particulièrement afin qu’elles tâchent de se mettre à la parité des prix anglais, nous ont indiqué qu’elles n’avaient pu baisser leurs conditions par suite d’instructions impératives du Comptoir des laminés constitué depuis quelques mois et dont l’action est beaucoup moins souple au point de vue commercial que celle du Comptoir des tôles. Les Aciéries de Denain sont d’ailleurs furieuses de la façon dont cette affaire a été traitée par le Comptoir des laminés et il est vraisemblable que celui-ci craquera un de ces jours. Si nous avions discuté avec les Aciéries de Longwy, nous nous serions heurtés aux mêmes objections - et d’ailleurs la succursale de Rouen de ces Aciéries, nous a bien confirmé que ces prix seraient ceux du Comptoir des Laminés. Par conséquent il n’y avait rien à faire pour garder cette affaire à une aciérie française à cause de l’intransigeance du cartel.
En passant d’ailleurs nous pouvons vous dire que nous n’avons pas été fâchés de faire une bonne manière à la British Steel Association parce que c’est vraiment grâce aux tractations que M. Félix et nous-mêmes avons menées avec elle il y a deux ans que nous avons pu obtenir du Comptoir des tôles l’accord extrêmement avantageux relatif aux constructions navales. Depuis ce temps nous avions toujours dit à la British Steel Association qu’un jour ou l'autre nous lui passerions une commande de compensation à l’occasion nous en a été fournie avec la SAGA.
Des explications ci-dessus, vous reconnaîtrez qu’il ne nous était guère possible de faire mieux avec les Aciéries de Longwy que ce nous avons fait. En ce qui concerne les tôles de constructions navales proprement dites notre action est d’ailleurs absolument nulle car c’est le Comptoir qui décide de la répartition.
Pour les affaires qui restent sur le marché libre, nous continuerons à interroger les Aciéries de Longwy comme nous avons l’habitude de le faire et nous nous efforcerons selon notre pratique de leur réserver à leur tour une part raisonnable de nos commandes.
Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations distinguées.

P. Pon. Worms & Cie
Le directeur

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