1927.03.23.De Worms et Cie.Note.Historique

Copie de note

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Relations de la Maison Worms avec la Marine marchande pendant la guerre de Crimée

Avant la guerre de Crimée, Monsieur Hypolite Worms fournissait déjà à la Marine française du charbon anglais dans Ies ports les plus divers, aussi bien dans la Méditerranée que sur les côtes de l'Afrique occidentale, aux Antilles et en Extrême-Orient (Singapour, Hong-Kong, Shanghai) et même en Afrique du Sud (Cap de Bonne Espérance). Pendant la guerre de Crimée, il conclut avec le ministre de la Marine et des Colonies de très nombreux marchés pour l'approvisionnement de la Marine française en charbons de Cardiff et de Newcastle dans la Méditerranés orientale, notamment à Milo, au Pirée, à Gallipoli, à Constantinople, à Béïcos, etc., ainsi qu'à Kiel pour la flotte de la Baltique[1].
M. H. Worms expédiait le charbon, soit d'Angleterre, soit même de certains ports français, par des navires qu'il affrétait lui-même par l'intermédiaire de ses agents, aussi bien en Angleterre qu'en France. Il avait déjà, ou prit alors, dans la plupart des ports de destination, des correspondants auxquels il envoyait les documents (chartes-parties et connaissements). Ces correspondants prévenaient les agents français de la Marine de l'arrivée des navires, et laissaient ceux-ci agir comme bon leur semblait pour le débarquement et la réception du charbon ; ils réglaient ensuite avec les capitaines le fret des navires suivant les comptes arrêtés par les agents de la Marine avec les capitaines. Mr H. Worms demandait lui-même à la Marine à Paris, le remboursement des sommes ainsi déboursées et en justifiait par les comptes des agents de la Marine[2].
Les achats de charbons en Angleterre étaient faits, en partie tout au moins, par les maisons que M. H. Worms avait déjà à Cardiff et à Newcastle. Un moment, le ministre français chercha à s'entendre avec l'amirauté britannique pour concentrer les fournitures de charbons dans une seule main anglaise. Il n'a pas été possible de préciser ce qu'il est advenu de son intention à ce sujet, mais une entente intervint, dès le début de 1854, directement entre M. H. Worms et le fournisseur de charbons aux flottes anglaises, M. C. Gillespy, avec de très heureux résultats pour arrêter une hausse des frets sur la Méditerranée, ruineuse pour les deux gouvernements, M. H. Worms suggéra du moins à M. Gillespy certaines mesures pour éviter de se trouver sur le marché en même temps pour les mêmes destinations. II écrivait à
M. Gillespy, le 5 mars 1854 : « Je vous propose d'agir de concert ensemble. Vous feriez à Londres tout ce qui se trouverait à faire, et ma Maison de Cardiff et celle de Newcastle prendraient tous les navires qui se présenteraient. Je ne donnerais aucun ordre à Londres, et vous ne donneriez aucun ordre à Cardiff et Newcastle. Nous partagerions ensemble selon nos besoins tout ce que nous réussirions à faire et par ce moyen, nous éteindrions en grande partie, le feu de la concurrence.
A un moment où la hausse des frets était particulièrement vive (avril 1854) M. Gillespy fut autorisé par les Lords de l'amirauté à communiquer à M. H. Worms l'importance des ordres qu'elle lui donnait, de manière qu'ils puissent arrêter l'un et l'autre les prix à payer et obtenir une baisse sur les frets du Levant. Cette décision de l'amirauté fut le résultat d'un voyage de M. H. Worms à Londres, voyage au cours duquel il fit des démarches auprès de l'amirauté et de M. Gillespy et dont il rendit compte au ministre français de la Marine, le 11 avril 1854.
M. H. Worms était d'ailleurs en relations constantes avec le ministère de la Marine pour l'exécution de ses marchés au sujet des prix à consentir aux armateurs pour les affrètements des navires à charger, sur les marchés déjà conclus.
En ce qui concerne la flotte de la Baltique, il semble que M. Worms fût chargé également du transport de différentes fournitures en plus du combustible.



[1] M. H. Worms envisageait dès le 18 novembre 1853 la possibilité d'une coopération des escadres alliées en faveur des Turcs contre la Russie, dans une lettre à ses correspondants de Constantinople, MM. P. Durand & C°.

[2] Dans certains cas, lorsqu'il n'avait pas de correspondant au port de destination, M. H. Worms dut consentir, pour trouver des navires, à faire des avances considérables sur fret, et même à payer pour certains, l'intégralité, et dut laisser aux soins de la Marine française la réception des navires. Il semble avoir éprouvé ainsi certaines difficultés du fait de l'inexpérience des agents de la Marine pour ce genre d'opérations : à Gallipoli notamment où pour cette raison il fut amené à prendre dans la suite pour correspondants MM. Eugène Durand & Marius Guttin, que les circonstances avaient incités à y ouvrir une maison de commerce.


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