1921.11.29.De Hypolite Worms & Cie.Lancement du "Capitaine Bonelli".Discours

Monsieur le ministre,
Messieurs,
Avec la conviction absolue d’être en communauté de sentiments avec vous tous, je me permettrai d’évoquer, dès mes premiers mots, la mémoire à jamais glorieuse du marin dont le nom a été inscrit à la poupe de l’unité qui vient de prendre, devant vous, possession de son nouvel élément.
Une voix plus éloquente et plus autorisée que la mienne, celle de Monsieur Rio, ministre de la Marine marchande, vous dira, tout à l’heure, ce qu’a été le capitaine Bonelli, quelle idée ce valeureux marin se faisait du devoir et comment, après avoir par son courage, son sang-froid et ses habiles qualités manœuvrières, pu sauver deux unités dont le commandement lui avait été successivement confié, comment dis-je, il a trouvé la mort dans un geste sublime d’abnégation.

Nous aurions vivement désiré voir sa veuve et ses deux fils honorer cette réunion de leur présence ; malheureusement, ils n’ont pu se décider à entreprendre le long voyage de Bastia au Trait.
Nous ne pouvons que le regretter, mais nous sommes heureux de voir le frère du héros, le capitaine de frégate Bonelli, être des nôtres aujourd’hui.
Je suis sur d’être l'interprète de tous en lui adressant l’expression de nos sincères remerciements.

Permettez-moi, Messieurs, de dire également combien la Maison Worms est attristée de ne pas avoir auprès d’elle, aujourd’hui, M. Louis Achard, l’ouvrier de la première heure, qui dirigeait il y a quelques mois encore, les Ateliers & Chantiers de la Seine-Maritime, et qui nous a été enlevé avant d’avoir eu la satisfaction de voir sortir ce premier navire.

Ces regrets exprimés, il m’appartient maintenant de remercier notre si sympathique ministre de la Marine marchande, qui a bien voulu laisser, pour une journée, non pas les soucis de sa lourde tâche, hélas !, car les soucis n’abandonnent jamais leur homme..., mais son labeur quotidien, pour venir présider cette cérémonie, et prouver ainsi, une fois de plus, tout l’intérêt qu’il porte aux initiatives privées dans le domaine de l’industrie maritime.
Je remercie Messieurs les membres du parlement qui ont consenti à s’éloigner pour un jour, des importants travaux qui incombent actuellement au sénat et à la chambre des députés, uniquement pour nous montrer combien, dans leur esprit, l’avenir et le relèvement de la France appauvrie dépendent de l’effort que le pays saura faire pour sa marine marchande.
Je remercie également M. Lallemand, préfet de la Seine-Inférieure, dont la bienveillante sollicitude ne fait jamais défaut à ceux dont les efforts tendent vers une plus grande prospérité de son magnifique et laborieux département.
Merci enfin à tous nos amis, qui n’ont pas hésité à venir, quelques-uns de loin, pour répondre à notre appel.
Croyez que toutes ces marques de sympathie que nous considérons comme des témoignages d’encouragement, nous sont particulièrement précieuses.

Je désire enfin, Messieurs, avant de m’asseoir, exprimer, devant vous, à tout le personnel des Ateliers & Chantiers de la Seine-Maritime, notre satisfaction et notre reconnaissance pour les efforts réalisés et les résultats obtenus par leur zèle et leur dévouement.
Leur tâche n’est point finie, et demain, plus que jamais, nos efforts à tous doivent tendre opiniâtrement et sans relâche, vers une marine de commerce plus forte et plus prospère pour le plus grand bien du pays.
C’est dans cet esprit que je me permets, Messieurs, de lever mon verre à la Marine marchande française, et à la santé de celui qui supporte avec tant de distinction et d’autorité le lourd fardeau de la diriger à une époque aussi difficile.

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