1917.09.14.De Worms et Cie Le Havre

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Worms & Cie

Le Havre, le 14 septembre 1917
Messieurs Worms et Cie - Paris

Messieurs,
Nous vous confirmons notre lettre 1S Gt, et répondons à la votre de même date.
Cardiff. "Petra-Lea" peut être ici demain, mais le temps étant devenu mauvais, il est à craindre que ce navire, qui est de marche ralentie, n'arrive que dimanche.
Nos lignes d'hier vous ont renseignés sur le décompte du temps perdu par ce vapeur ici.
Nous voudrions bien apprendre que le petit vapeur "Are" est enfin expédié à notre adresse.
Nous pensons que vous serez à même de nous dire maintenant prochainement quand nous pouvons espérer le départ, avec des menus, de "Nyasaland".
Swansea. Nous attendons des nouvelles du départ de "Pomerol". Les armateurs du "Tordenskjold" n'ont pu régulariser que ce matin leur situation vis-à-vis du bateau avec lequel le leur s'est abordé, et c'est seulement cet après-midi que ce navire prend la mer. Nous l'avons télégraphié à MM. Jeffreys.
Newcastle. "Polkerris" parti de Sunderland pour Le Havre depuis dimanche dernier et retenu hier à Boulogne, ne s'est présenté sur rade qu'un peu avant midi, il est entré peu après, mais obligé de passer par le petit sas il ne nous arrivera à quai que dans la seconde partie de l'après-midi, mis à quai à 4 h 30. A la suite de ce que vous nous écrivez au sujet de pourparlers à reprendre avec cet armement, nous avons profité de ce que M. Veyrat n'a pas, comme convenu, appelé, ce matin, l'écrivain à l'appareil, pour nous tenir cois, et comme avant-hier il avait l'air très pressé de reparler d'un renouvellement de contrat après que nous aurions communiqué avec vous, nous allons attendre qu'il nous appelle ; nous aurons toujours la ressource de dire, pour gagner du temps, que nous attendons vos avis.
Groupement n°4. Nous allons commencer dès cet après-midi, ou en tout cas demain, le chargement de la péniche "Marcel" destinée aux Établissements Parvillée Frères.
Répartition du charbon. La ville du Havre et le Syndicat des importateurs ont reçu hier, à la séance présidée par le préfet à Rouen tous les compliments de l'administration. Le Havre est d'ailleurs la seule ville du département qui soit au point pour la mise en vigueur de la carte de charbon. Les Rouennais ne sont pas d'accord entre eux ; comme il sont très nombreux, rien ne ressort de leurs délibérations, et ceux qui sont désignés pour établir des constantes et des prix n'ont pas dû se donner beaucoup de mal, puisque pour les mêmes catégories de combustible, ils ont annoncé - il est vrai à titre officieux - des prix de F 17.50 par tonne plus élevés qu'au Havre. Les distances sont beaucoup plus longues à Rouen, cependant l'écart a frappé le préfet qui souligne volontiers ce qui peut un peu froisser les délégués municipaux. D'ailleurs, de toutes les conditions présentées par les importateurs ou par les marchands détaillants, ce sont celles du Havre qui sont les plus raisonnables, et comme vous le savez nous les estimons relativement satisfaisantes. Les autres villes, dans la crainte de faire des impairs, ont préféré attendre que des idées directrices viennent du chef-lieu ou du Havre. C'est maintenant nous qui sommes chefs de file, et le préfet, après avoir sanctionné tout ce qui a été fait ici, l'a donné en exemple aux maires et délégués de ports ou de villes assez importantes, qui étaient présents. Il a reproché à l'agent de la Maison Le Borgne d'avoir fait à Yvetot et dans d'autres villes du département des propositions de charbon de foyer domestique, alors qu'aucune expédition ne peut plus être faite. Il nous semble que s'il avait eu à nous faire la même remarque il ne l'aurait pas négligé, et il ne nous a fait aucune observation. Comme nous vous l'avons dit, les wagons que nous avons expédiés ex "Annie" sont partis du Havre avec, - nous ne dirons pas l'autorisation, mais à la connaissance du lieutenant Verdière, et si vous avez reçu à Paris des remarques au sujet de wagons expédiés par nous depuis le début de septembre, c'est très probablement qu'il s'agissait d'unités mises en route antérieurement aux défenses qui ont été faites à cet égard, et qui d'ailleurs au Havre n'ont jamais été impérativement notifiées, ou bien qu'il était question des wagons de ce genre. Nous avons indirectement appris que 40 tonnes de gailletin anthracite que nous avons expédiées à Saint-Valery-en-Caux ont fait l'objet d'observations de la part du délégué du BNC, à Dieppe, mais pour cela encore le lieutenant Verdière savait, en ne nous prenant pas toute la cale de "cobbles" apportée par "Pomerol", que nous avions à exécuter de très anciennes commandes qui attendaient, à cause du retard de ce navire. Par conséquent nous ne sommes pas en faute. Actuellement, et depuis déjà le commencement de la semaine, nous ne faisons d'autres expéditions que des wagons de briquettes ou de charbons industriels, et il se peut aussi qu'un Monsieur zélé, mais parfaitement ignorant, ait pria des wagons expédiés par exemple à la Société des laits purs à Neufchâtel-en-Bray (affaire de M. Jules Siegfried Fils) pour des wagons de charbon de foyer domestique.
Schneider & Cie. Dans le tableau que nous vous avons envoyé le 9 août, ces clients figuraient pour les chiffres suivants :
700 T gros anthracite
300 T duff's d'anthracite
3.600 T Lambton
que nous vous avons d'ailleurs indiqués à la suite de leur communication par l'intermédiaire de leurs usines d'Harfleur.
La Maison Instone reçoit ou va recevoir à très bref délai au Havre un petit chargement, et elle a chargé la Société d'affrètements de faire le transbordement sur péniches. Puisque de toute façon ce charbon avait des chances d'être livré, il vaut mieux pour nous que ce soit maintenant, sinon le retard que nous vaut "Frieda" aurait pu devenir une cause de véritables complications. Nous livrons une péniche de Lambton ex-"Polkerris", mais il n'en reste pas moins que pour accomplir d'ici au 30 septembre notre contrat en cours, nous allons avoir encore à livrer après ce bateau 2.050 tonnes. Vous nous avez dit que MM. Schneider, qui à eux seuls constituent un Groupement, vont obtenir des charbons directement ; croyez-vous que nous ayons à les relancer pour être plus sûrs qu'ils vont nous déclarer comme exportateurs et importateurs pour les quantités qui précèdent ?
Bureau national des charbons. M. Thoumyre nous a téléphoné ce matin pour nous mettre au courant d'une circulaire en date d'hier qu'il recevait du Syndicat central, faisant connaître les constantes de transformation, criblage, concassage et dépoussiérage, décidées officieusement par les délégués qui ont étudié la question pour l'ensemble des ports avec le capitaine Bernard. Peu après, nous nous procurions copie de cette circulaire. Elle ne nous satisfait pas, car nous voyons entre autres choses que pour les ports de la Manche la constante de fabrication n'est que de F 24,50, plus F 1,50 pour Le Havre et Cherbourg, (à cause de la situation spéciale de leurs usines non reliées au chemin de fer, soit 26 F) alors que nous avons demandé et obtenu de la ville F 27,50. Pour les Boulets, l'écart est encore plus grand, la ville nous a accordé F 34 et la constante du BNC pour Le Havre n'est que de F 28,50 ou plus exactement de F 2,50 de plus que les briquettes, ce qui paraît être un forfait inscrit sur le papier sans aucune étude sérieuse. Il n'est pas possible notamment, - et comme exemple - que si l'on tient compte des frais d'entretien d'une usine à boulets on puisse se contenter d'un supplément de F 2,50 par tonne, alors que les couronnes mouleuses, qui valaient avant la guerre, F 800, les quatre, nous ont été facturées F 3.600. Il est aisé de démonter que ce supplément de F 2,50 par tonne, avec de pareilles charges, et quand il ne s'agit de fabriquer que 30 tonnes au lieu de 100 ou 110 tonnes pour une presse à grosses briquettes, est absolument insuffisant. Seuls MM. Aicard, Gorsch et René Lemoine semblent avoir été entendus par le capitaine Bernard ; il ne nous paraît pas que la Société des houilles fabrique des boulets, la Société commerciale non plus, et l'opinion de M. René Lemoine à Rouen n'est pas suffisante pour permettre un prix uniforme pour tous les fabricants.
Chambre de commerce. Il nous paraît intéressant de vous remettre copie d'une lettre, qui nous est communiquée par le président, écrite par M. Louoheur, qui, entre deux circulaires, a encore le temps, tout au moins de signer une correspondance individuelle. Nous n'avons pas la copie de la lettre du président de la chambre de commerce, mais la réponse point par point fait deviner ce qu'elle pouvait être. Groupement charbonnier. M. Rémy nous téléphone ce soir pour nous dire qu'il était à Paris hier, et qu'il lui a été indiqué de façon positive - car il a présenté toutes les objections notamment celle des usages des maisons dont le siège social est à Paris avec succursales dans les ports - que toutes les demandes de licences de charbons devaient passer par le Groupement charbonnier du port et être transmis au BNC par le délégué de ce groupement. Il paraît que les importateurs ne doivent demander que les quantités correspondant aux moyens de transports maritimes dont ils jouissent, et qu'ils ne doivent pas faire mention des quantités destinées aux groupements organisés comme par exemple, dans notre cas, le Groupement n°4, et le Groupement de l'intendance de la chambre de commerce de Bolbec. Nous nous excusons de revenir sur une question de laquelle vous nous avez dit que nous n'avions pas à nous effrayer, que vous en faisiez votre affaire, mais comme M. Aicard a fait remettre par son agent au Havre la liste demandée par M. Rémy, que la Société commerciale doit adresser la sienne ce soir, il faut naturellement que nous vous tenions au courant, et que vous nous disiez demain matin si rien n'est changé à vos premières décisions, M. Rémy ayant exprimé le désir de ne rien envoyer à Paris avant que nous ayons eu le temps de vous consulter à nouveau.
Nous avons reçu en juin 11.234 tonnes.
Nous avons reçu en juillet 11.607 tonnes.
Nous avons reçu en août 10.654 tonnes.
Total 33.495 tonnes.
Moyenne mensuelle : 11.165 tonnes.
Nous calculons qu'avec "Petra-Lea", "Tordenskjold" et "Nyasaland", ainsi qu'avec "Polkerris", et "Pomerol" - ce dernier pour 700 tonnes par voyage pour deux voyages - nous pouvons importer mensuellement 10.650 tonnes, dont au total pour 3 mois 21.600 T du Pays de Galles et 10.350 T Durham & Northumberland, naturellement à condition que tous ces bateaux continuent jusqu'à fin décembre. Ces quantités sont naturellement insuffisantes, notamment pour assurer la marche en de l'usine à briquettes et l'approvisionnement des groupements. Nous nous demandons si MM. Lesage pour le 4e trimestre vont faire partie du Groupement de l'industrie gazière ? Quant à Schneider, ils doivent vraisemblablement continuer à marcher tout seuls. Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations empressées.

[A. Frémont]


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