1915.02.15.De Worms et Cie Alger.Annexe

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Note à joindre à l'inventaire de la fin de l'année 1914
Renseignements divers sur le matériel et sa valeur

Remorqueurs

L'"Audax" est entré en service au mois d'août 1892 et sa chaudière a été remplacée le 25 juillet 1910 : on peut donc espérer qu'il pourra continuer à travailler pendant encore une douzaine d'années car il a toujours été très bien entretenu, sa machine est bonne et il n' y a qu'à remplacer ce qui faiblit pour le maintenir en bon état. Bien qu'il ait vingt-trois ans d'existence nous croyons qu'il représente actuellement une valeur de 20.000 francs.
Le "Robur" a été mis en service au mois de mai 1906 et a fait un bon service depuis qu'il eut été remédié partiellement aux ennuis du début, dus à l'érosion extra rapide des tubes du condenseur : ces tubes, à l'origine, avaient une épaisseur moindre de moitié de celle des tubes que nous employons aujourd'hui et ils étaient simplement soudés tandis que les tubes adoptés par la suite ont été des tubes étirés. Le surcroît d'épaisseur et l'absence de soudure n'ont pas fait disparaître les érosions, bien entendu, mais les effets en sont très atténués. Cette faiblesse est la seule à relever dans la machine de ce remorqueur que nous entretenons tout comme l'"Audax" et qui durera longtemps aussi, nous l'espérons. Il présente sur l'"Audax" l'avantage de demander beaucoup moins d'entretien pour sa coque, qui est en bois : toutes autres choses égales cet avantage se traduirait par un rendement supérieur. Nous estimons que la valeur réelle actuelle de ce remorqueur est d'environ 35.000 francs.

Chalands

Nous visons toujours à faire passer notre matériel chalands à terre une fois tous les trois ans, mais il va sans dire que ce n'est pas là une règle immuable : quand les circonstances l'exigent (en dehors d'accidents sérieux) nous n'hésitons jamais à diminuer ce laps de temps.
L'inventaire présente nos chalands par séries basées sur la portée. Les voici présentés en trois séries comprenant :
1° - ceux qui sont passés à terre en 1913 ;
2° - ceux qui sont passés à terre en 1914 ;
3° - ceux qui passeront à terre en 1915.

1° - Chalands qui ont été mis à terre en 1913
N°31, 14, 21, 32, 35, 24, 33, 17, 25, 7 : en bon état
N°5 - à visiter en 1915 ;
N°9 - en assez mauvais état, à réparer en 1915 ;
N°21 - à visiter en 1915 ;
N°34 - en mauvais état, non par suite de mauvais entretien mais par suite d'un accident qui a été signalé à Paris en son temps : ce chaland a été coincé entre deux navires et a subi une grosse déformation suivant une de ses diagonales.

2° - Chalands qui ont été mis à terre en 1914
N°11, 27, 22, 18, 20, 29, 1, 2, 26, 3, 16, 28, balancelle : en bon état

3° - Chalands à réparer en 1915
N°19 - pour réparation générale ;
N°6 - en mauvais état ;
N°9 - en mauvais état ;
N°34 - réparations nécessitées par la cause indiquée plus haut dans la 1ère série ;
N°4 - en mauvais état ;
N°10 - visite générale ;
N°15 - en mauvais état ;
N°12 - en mauvais état ;
N°8 - réparation générale ;
N°23 - à visiter ;
N°30 - réparation générale ;
N°21 - à visiter ;
N°5 - réparation générale ;
N°13 - réparation générale.
La mention "à visiter" signifie que le chaland auquel elle s'applique n'a donné lieu qu'à des réparations peu importantes il y a deux ans et qu'il y a lieu de le revoir ;
La mention "réparation générale" signifie qu'il y a des réparations évidemment nécessaires et que l'examen des surfaces cachées, susceptibles de s'avarier, peut en révéler d'autres assez importantes.
La mention "en mauvais état" indique que cet état est très apparent.

Valeur actuelle des chalands

La valeur d'origine est indiquée dans l'inventaire, mais, par suite de l'encombrement du port, en raison duquel l'administration ne délivre plus d'autorisation de mouillage de nouveaux chalands, à l'intérieur du port, c'est-à-dire en sûreté, cette valeur n'a pas diminué : elle est même supérieure à la valeur d'origine parce que, à supposer que nous voulussions liquider, la vente de nos chalands aurait comme conséquence le transfert à l'acheteur des postes d'amarrage qu'ils occupent actuellement et qu'on ne peut se procurer à aucun prix. Nous aurions donc, pour calculer le prix à demander pour nos chalands, à rechercher quelle serait la valeur de chalands neufs de la même portée, ce que nous obtiendrions en majorant les prix d'origine de 20% en raison de l'accroissement du prix de toutes choses.
Par exemple, la construction d'un de nos chalands de 145 tonnes reviendrait aujourd'hui à 13.727 F 50 + 2.745 = 16.472 F 90. Avec une seconde majoration dérivant de la valeur du poste d'amarrage nous pourrions en demander 16.000 F. Ceci est une base théorique et en réduisant un peu ce prix pour revenir à la réalité nous n'hésitons pas à dire que celui qui achèterait 15.000 F un tel chaland ferait une bonne affaire car la location journalière en rapporterait 10 à 12 F sans crainte de chômage, en temps normal bien entendu. Il n'y a rien là d'excessif car un des agents de MM. Delmas Frères a demandé 17.000 F d'un chaland de 120 tonnes et dans son cas il faut considérer que le chaland portait 25 tonnes de moins que celui que nous avons pris pour exemple et aussi que les chalands de MM. Delmas, tout en étant de bonne construction, n'ont pas été construits avec d'aussi bons matériaux que les nôtres.

Petites embarcations

Elles sont toutes en bon état, car nous remplaçons immédiatement ce qui est cassé ou mauvais.

Bouées

Les bouées en bois et en fer demandent beaucoup d'entretien et nous allons les remplacer graduellement par des bouées en ciment armé dont l'usage se répand de plus en plus dans le port d'Alger et qui donnent de très bons résultats. Le type de celles que l'on fabrique maintenant a été amélioré et leur prix augmenté : elles reviennent maintenant à 250 F, mais elles sont toujours très avantageuses à ce prix par comparaison avec les bouées en fer et en bois.

Alger, le 15 février 1915
Ch; A. Rouye

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