1897.11.18.De Paul Rouyer - Worms et Cie Buenos Aires.Original

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Worms & Cie

402, Corrientes
Buenos Aires, 18 novembre 1897
Messieurs Worms & Cie Paris

Messieurs,
Depuis mon arrivée ici, je maudis l'idée que M. Robinson a eue de vous faire fonder cette maison de Buenos Aires qui n'a guère été, jusqu'à ce jour, qu'une source d'anxiété et de pertes pour nous et, pour ma part, je trouve bien dur d'être la première victime de la nécessité qui m'a fait traverser l'océan pour venir constater l'état des choses et pour y trouver un remède.
Je n'ai pas la prétention en six jours passés ici de connaître à fond les affaires de la succursale de Buenos Aires, d'autant plus que M. Lewis est pour moi l'homme le plus difficile à entendre parler par suite de la manière rapide et confuse dont il mélange une chose avec une autre, en conversation, et j'ai eu le regret de constater, par la fatigue mentale et physique qui en est résulté pour moi, que mes craintes n'étaient par vaines, lorsque j'exprimais à notre sieur H. Goudchaux la répugnance que j'avais à entreprendre une mission pour laquelle je ne me sentais pas entièrement armé (surtout en ce qui concerne la conversation en anglais).
Quoi qu'il en soit, je crois en savoir dès à présent assez pour prendre, d'ici un jour ou deux, une décision que je crois nécessaire, indispensable à la protection de nos intérêts, et dont je vous aviserai par dépêche avant de la mettre en exécution.
Je vous ai fait annoncer tantôt ce prochain télégramme en ajoutant à la dépêche que la Maison de Buenos Aires vous lançait pour vous passer ses ordres pour décembre-janvier, les mots suivants, « Rouyer intends taglione (telegraph as soon as possible). »
Je résume ci-après les résultats de mes investigations.
Dépôt de la Plata. C'est la première chose que j'ai vue à mon arrivée. Le stock paraissait y être en ordre et le charbon en bonne condition. L'emplacement est convenable.
L'ouverture de ce dépôt s'est trouvée une fort heureuse combinaison en ce sens que cela a soustrait à l'incendie de la Barraca Albion une forte quantité de charbon qui, livrée maintenant en même temps que le charbon sauveté de l'incendie, en relève quelque peu la mauvaise qualité.
Mais ceci dit, et considérant les affaires à peu près nulles de la Plata (non seulement chez nous mais chez les voisins : Wilson, Cory & [Mudd]), je ne crois pas que nous devions persister bien longtemps à maintenir cette installation. Il faudra cependant ne rien changer avant la réorganisation de notre dépôt de Buenos Aires de façon à y constituer au besoin un stock de réserve.
Dépôt de Buenos Aires - Barraca Albion. La jolie photographie que nous avons à Paris m'avait donné l'illusion d'une installation à la hauteur de ce que nous avons dans d'autres branches de la Maison. Aussi ai-je été si désappointé en voyant les choses telles qu'elles sont que je me suis senti dégoûté presque malade à en pleurer !
La Barraca Albion consiste en un terrain irrégulier avec, sur un des angles, la construction que montre la photographie, (et qui n'est qu'un bureau et magasin à outils et sacs) et, derrière, un hangar en tôle occupant avec le bureau environ 1/6e de la surface totale qui doit être de 5.000 m2.
Le hangar sert d'abri aux articles divers, huiles, [tin] plates et aussi à la Fragua (nut coal). (Le ciment est emmagasiné ailleurs dans un magasin fermé dont la location pèse assez lourd sur cet article.)
Le Cardiff et Glasgow vont sur le reste du terrain à l'air libre et c'est là qu'à fin juillet se trouvait accumulée une quantité de près de 20.000 tonnes en une seule pile de charbon qui a pris feu et sur laquelle on venait de mettre le chargement du "Penarth", steamer que M. Lewis se défend d'avoir demandé (et en cela je crois que son dire est correct. Il n'en aurait pas moins mieux fait de le mettre ailleurs avant l'incendie comme il lui a fallu le faire après).
Ce terrain se trouve former une cuvette au-dessous du niveau de la rue et il y a eu jusqu'à 45 centimètres d'eau dans laquelle baignait le pied du tas de charbon.
Quand le feu s'est déclaré, et cela avec une violence dont les lettres de M. Lewis ne nous ont pas donné une idée exacte, il n'y a eu qu'une chose à faire : on a loué à côté un terrain enclos où se trouvent encore actuellement de 2.500 à 3.000 tonnes de Cardiff qui y ont été transportées ainsi qu'un tas de [Splint]. Le reste du charbon a été transporté dans la rue de derrière et sur une vaste étendue de terrains vagues, qui se trouvait de l'autre côté et qui a été heureusement mise à la disposition de M. Lewis par le propriétaire. Au moment de mon arrivée, il y restait encore environ 1.000 à 1.100 tonnes de Cardiff, d'après mon estimation.
Le dommage causé par le feu, outre l'énorme somme de salaires payée pour l'enlèvement du charbon, a été beaucoup plus considérable que ce qui nous a été indiqué par M. Lewis.
Dans les quantités qui restent, j'ai constaté qu'il y doit avoir entre 5 et 10 % de gros morceau de charbon brûlé plus ou moins ayant en partie l'apparence du coke. De plus, l'eau et les manutentions ont produit une énorme quantité de menus dont il m'est difficile d'évaluer la proportion à cause de l'irrégularité des tas.
M. Lewis et le personnel du dépôt, désireux sans doute de réduire autant que possible la perte causée par ce déplorable accident, ont fait passer tout ce qu'ils ont pu de charbon avarié et menus dans leurs livraisons et il en est résulté de nombreuses plaintes et un grand dommage pour le bon renom de la Maison dans l'esprit de nos clients.
Je ne pouvais remédier que pour le présent et le futur et mon premier soin a été de donner l'ordre impératif d'écarter absolument des livraisons tout morceau de charbon portant trace de feu, ayant apparence de coke, et de mettre à part l'excès de menus (dont on trouve du reste l'écoulement au prix suffisant d'environ 24/). Je veux espérer que cette mesure produira un bon effet, mais, pour aider à regagner le terrain perdu, vous ne devez pas hésiter à envoyer pendant quelque temps encore du charbon deux fois et même trois fois criblé, et à faire tous vos efforts pour que les chargements viennent par bateaux ne dépassant pas 3.000 tonnes de façon que, les navires n'arrivant surtout pas ensemble, le charbon, qui ne sera ainsi pas trop brisé au cours du voyage, puisse être aussi livré dans la plus grande proportion possible au déchargement.
De tels chargements bien distancés représentent pour nous un avantage que M. Lewis estime à 1/6 par tonne et cela mérite sérieuse considération.
À moins de courir volontairement au-devant du risque d'un nouvel incendie, vous devez bien vous pénétrer de la nécessité de ne pas forcer le stock ici, au moins jusqu'à ce que le terrain de la Barraca soit modifié.
Cette modification que je considère comme absolument indispensable consisterait à relever le sol par un remblai et à le paver avec caniveaux pour l'écoulement de l'eau. Nous verrons dans quelles conditions et à quel coût ce but peut être atteint : je n'en parle pas aujourd'hui.
Ce qu'il y a de certain c'est que la Barraca Albion doit être radicalement modifiée, ou bien qu'il nous faut chercher un autre emplacement, ce qui n'est pas bien facile, je crois.
Bureaux. Comme situation, ce n'est pas mal choisi, mais le local est un peu biscornu, le directeur n'y est pas assez accessible, ni assez chez lui suivant les cas. De plus les deux rues, Corrientes et Reconquista, sont pavées et très mal de sorte que dans ce rez-de-chaussée, on ne s'entend pas parler.
Comptabilité. Est fort en retard et il y a certaines choses à reprendre. Ce n'est qu'aujourd'hui que M. [Croggie] ([Fowler] & Croggie auditors) est venu viser la balance au 30 septembre qui vous sera sans doute envoyée par ce courrier. Vous y verrez une perte de £ 15.000 or au lieu d'un profit de £ 12.000 or environ qui figurait à la balance du 30 juin dernier.
Comme cette balance doit être rentrée au journal c'est vous dire que ce livre n'est à jour que jusqu'au 30 septembre. On devra travailler chaque soir pour me donner dans une huitaine la balance à jour au 31 octobre.
M. [Croggie] m'a fait remarquer qu'il a signé la balance avec les stocks suivant les évaluations de M. Lewis sur lesquelles il doit se baser bien qu'elles lui paraissent élevées considérant les prix de vente et les frais à faire pour la livraison. Son observation, ainsi que je le lui ai dit, est parfaitement juste mais n'aurait de réelle importance qu'en inventaire de fin d'année. Il a appelé mon attention sur les pauvres résultats que donnent tous les articles divers et qu'ont donné les diverses opérations d'exportation entreprises par M. Lewis les années précédentes, le tout entraînant une somme énorme de travail et de détails. Les remarques m'ont démontré que son inspection est sérieusement faite.
J'ai du reste été voir hier M. [Fowler], son associé, qui m'a montré nombre de leurs lettres à M. Lewis signalant diverses irrégularités, notamment pour des "vales" (ou J.O.U.) qui eussent dû être passés par la caisse au débit des preneurs.
M. Fowler m'a dit que, s'il ne correspondait pas avec nous pour nous faire ses rapports d'auditors, c'est qu'étant nommé auditor par M. Lewis et non par nous, c'est à lui seul qu'il doit ses observations et remontrances mais il tenait à me montrer qu'il ne manquait pas d'en faire quand il y avait lieu.
Les honoraires de nos auditors nous coûtent £ 150 annuellement. Si nous voulions une vérification plus étendue et un rapport à nous adressé directement par eux, ce serait £ 250 par an.
Il y aurait lieu de nous faire envoyer chaque mois :
A. la copie du journal (20 à 25 pages),
B. une balance mensuelle,
C. le relevé des comptes débiteurs et créanciers divers en séparant ces débiteurs en 3 catégories :
- 1. les débiteurs courants tenant régulièrement leurs engagements,
- 2. les débiteurs en retard, et ceux qui sont en arrangements, moratoires, etc.,
- 3. les débiteurs en faillite et ne voulant pas payer et qui doivent figurer à la balance pour 1 franc,
D. le détail et du portefeuille
E. le relevé des frais généraux
F. la feuille de paie du personnel
G. le détail des stocks indiquant pour mémoire les chargements alors en mer ou affrétés connus.
Affaires diverses d'importation. Ciment, huiles, etc. Il faut absolument supprimer tout cela à l'exception de la fonte [Gartsherrie] et des [tin] plates dont l'écoulement est régulier et le magasinage comme le placement sont faciles. Tout le reste n'a été qu'occasions de pertes pour nous (comme le blé de [Proctor] ou les derniers matériaux pour Spinetto) ou prétextes à donner des commissions aux courtiers ou amis. On dépense du reste là-dessus un temps précieux et une énergie qui seraient bien mieux employés aux soins de nos affaires de charbon.
Résultats de l'année. Ils seront déplorables comme vous vous y attendiez bien.
En outre de l'incendie, des hauts frets et des prix insuffisants de vente, il faut compter les pertes déjà certaines sur les mauvais débiteurs, tels que Spinetto & Hijos et certains autres, dont M. Lewis vous a cité quelques-uns dans une lettre qui s'est croisée avec moi.
Je crois qu'un inventaire un peu serré, fait au 31 décembre, montrera une perte d'au moins $ 50.000 or, ce qui, déduction faite des profits résultant des années précédentes et des 25% comptés à M. Lewis, laisserait une perte d'un peu plus de $ 41.000 or sur l'ensemble des cinq années.
Charles Bastien. Je ne l'ai pas encore vu. Je lui ai fait savoir que j'étais prêt à le recevoir mais le pauvre homme est au lit avec un sérieux refroidissement et ne pourra sans doute sortir avant quelques jours.
J'ai été aux renseignements et je n'en ai entendu dire que du bien. M. [Py], président de la Banque française de La Plata m'a dit qu'à un moment donné, sa banque avait songé à créer un poste de sous-gérant mais y a ensuite renoncé. S'il en avait été autrement, le poste aurait été occupé par M. Bastien qui, d'après M. [Py], présentait toutes les aptitudes et qualités de tenu nécessaires à l'emploi, jouissant du reste de beaucoup de considérations parmi ses compatriotes.
Monsieur [Moore] m'a confirmé l'exactitude des faits relatés dans la lettre de M. Bastien nous a écrite à propos de son licenciement, et il est évident que cet employé a été traité par M. Lewis de la façon la plus brutale et la plus injuste, bien contrairement aux usages de notre Maison.
Je n'en suis pas moins embarrassé sur les voies et moyens à employer pour lui faire rendre justice.
M. Le Mon. Comme vous l'aurez bien senti, M. Lewis a simplement manœuvré depuis quelques mois pour nous imposer son ami et ça a été la seule cause du renvoi de Bastien.
C'est seulement depuis peu que M. Le Mon a été employé en service actif pour les ventes de charbon. M. Lewis s'est même arrangé pour en faire passer le plus possible par ses mains et il est telle vente pour laquelle un important client s'était adressé à Moore et qui eut pu être conclue directement, pour laquelle M. Lewis, au lieu de faire conclure par Moore, a tenu à envoyer M. Le Mon, qui a traité l'affaire à ½ $ or de moins, le but étant surtout d'assurer le courtage de Le Mon.
Depuis mon arrivée, M. Lewis ne manque pas de mettre M. Le Mon en avant en toute occasion, de me montrer quelque contrat qu'il vient de traiter, de me faire valoir telle ou telle relation, ses connaissances comme polyglotte, mais la farce est un peu trop grosse.
M. Lewis m'ayant fait valoir que M. Le Mon parle bien le français je n'ai pas eu besoin de beaucoup causer avec lui pour voir que cela valait à peu près du mauvais piémontais.
Monsieur Le Mon me paraît ce que l'on est convenu d'appeler un bon garçon, mais qui serait mieux à sa place dans une [estancia] à galoper après ses animaux ou à chasser que derrière un bureau ou auprès des clients.
Et à propos de courtages, il est certain que sur les affaires d'huile, le compte de Le Mon a été crédité de 15% ! de courtage sur le ventes faites par l'intermédiaire d'autres courtiers qui recevaient 5% pour leur courtage, passés au débit du compte de Le Mon, qui touchait donc un courtage de 10% sur une affaire à laquelle il n'avait pas touché et dont les risques seulement nous revenaient.
Les appointements de M. Le Mon qui étaient de $ 150 or par mois, jusqu'à fin août dernier, ont été réduits à $ 100 or à partir de septembre, ceci évidemment en vue de mon arrivée. Il n'en reste pas moins vrai que cet ami de M. Lewis a toujours été payé bien au-delà des services qu'il a pu rendre à la Maison et qu'il ne doit cette situation qu'à sa qualité d'ami de notre directeur qui a cherché à s'acquitter ainsi envers lui d'obligations précédentes.
Il n'en est pas moins certain que cela constitue une situation intolérable à laquelle il faut mettre fin, et comme nous l'avions bien senti à première vue, il faudra que M. Lewis se sépare de M. Le Mon avant mon départ de Buenos Aires.
M. Lewis est certainement un homme intelligent et actif, sharp en affaires (peut-être trop). Il est hardi et spéculateur au fond (vous avez eu l'occasion d'en juger), toujours prêt à sauter sur une affaire dont il croit pouvoir tirer quelque argent.
Sa vie paraît régulière et sans plus de faste que n'en comporte sa situation. Je ne suis pas absolument fixé sur le point de savoir si sa sobriété est absolue, toutefois M. Moore m'assure qu'il n'a jamais [rien] remarqué qui pût lui faire croire que M. Lewis a des habitudes d'intempérance. Il a pu y avoir un fait isolé qui a donné lieu à une indication qui m'a été donnée sans détails très précis par le gérant de la Banque française.
Quoi qu'il en soit des qualités que j'énumère plus haut et qui portant en elles leurs défauts, je conclus à la nécessité de le doubler par un homme plus calme, plus pondéré, sur la délicatesse absolue duquel nous puissions compter en tout, y compris les transactions d'or.
Pour terminer avec M. Lewis, je dirai qu'il est un peu trop enclin à envoyer promener les gens qui réclament, et même à ne pas le recevoir quand une affaire l'ennuie : il faut remédier à cela.
M. Moore. J'ai été très favorablement impressionné par ce jeune homme et il en a d'autant plus de crédit que je n'étais pas prévenu en sa faveur par le fait qu'il se trouvait un peu cause de la corvée que j'accomplis.
M. Moore est bien de sa personne, et quoique M. Lewis ait eu grand soin de ne le présenter nulle part, (même à la bourse où il a fait admettre Le Mon ces temps derniers), il n'en est pas moins bien considéré partout.
Malgré toutes les entraves apportées à sa prise de connaissance des affaires, M. Moore paraît avoir su observer les choses et se rendre compte des points défectueux dans la direction qui leur est imprimée.
M. Moore a maintenant 28 ans, et si je ne me trompe, M. Lewis n'en avait guère plus lorsque, à distance, vous lui avez donné votre procuration. M. O'Connor en avait 26 quand il a reçu la sienne à Port-Saïd.
Je conclus à donner à M. Moore une procuration égale à celle de M. Lewis, et je suis convaincu qu'il saura s'en servir dans l'intérêt de la Maison.
C'est ce que je compte vous télégraphier au premier jour. Pour ce qui est des émoluments, nous pourrons discuter cela à mon retour.
Je donnerais immédiatement une procuration à M. Moore, mais je suis d'avis que vous devez lui envoyer de votre côté une procuration égale à celle de M. Lewis et légalisée à la légation argentine.
Il est évident que ma solution ne plaira pas à M. Lewis mais il devra bien s'en contenter.
Je termine car je suis très fatigué et j'ai dû m'arrêter bien des fois en écrivant cette lettre. Je termine, dis-je, en vous signalant la situation du compte de M. Lewis qui est actuellement débiteur de $ 4.500 or environ.
Cela n'a rien de bien surprenant car depuis cinq ans, il n'a guère touché que $ 14.000 or en tout ce qui ferait une moyenne de 14.000 francs par an.
Il n'en est pas moins vrai qu'il aurait dû lui-même nous en faire l'observation et dire que les mauvais résultats de l'an dernier et de cette année le forçaient à nous demander de l'autoriser à prélever des avances.
M. Lewis m'a dit avoir eu l'intention d'en écrire à M. Goudchaux pour cela mais il a remis la chose d'un jour à l'autre. Son idée serait, je crois, de demander la fixation d'une somme qu'il serait autorisé à prélever dans les mauvaises années à valoir sur la part de bénéfice qui lui reviendrait dans les bonnes années. Je verrai à lui faire préciser son idée par écrit pour un prochain courrier.
En résumé. La procuration donnée à M. Moore su le même pied que M. Lewis est selon moi la solution qui protégera le mieux nos intérêts.
Je ne crois pas, d'un part, malgré tout ce qu'il y aurait à reprocher à M. Lewis, qu'il convienne de nous priver à présent de ses services.
D'autre part, je ne crois pas que M. [Dayrand] dont il a été question conviendrait au poste. Il n'est plus déjà jeune et il a de la famille : le poste serait, je crois, dur pour lui et la combinaison coûteuse pour nous.
J'ai certes bien d'autres choses à vous dire, mais je n'en puis et je vous serre les mains, Messieurs et chers amis, bien cordialement.

Paul Rouyer

PS. J'espère que vous n'avez pas manqué de donner des nouvelles télégraphiques de mes mouvements à Mme Rouyer et à mon fils, Charles, au sujet duquel je ne puis m'empêcher d'être fort inquiet. Je ferai certainement tout ce qui dépendra de moi pour renter par le bateau du 3 décembre prochain.


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