1893.12.22.A Worms Josse et Cie Marseille.Original

Document original

Le PDF est consultable à la fin du texte.

Worms Josse & Cie
Ancienne maison
Hypte Worms & Cie

45, boulevard Haussmann
Paris, le 22 décembre 1893
MM. Worms Josse & Cie
Marseille

Nos lettres particulières d'hier se sont croisées.
Entente et P. & O. Nous ne sommes pas entièrement surpris de l'effet qu'a produit sur nos concurrents l'annonce que Watts Ward & Cie ont pris le contrat de la P. & O. Nous recevons votre dépêche de ce matin dont nous regrettons de ne pouvoir causer avec vous, le téléphone étant interrompu. Nous vous avons donc télégraphié et nous vous confirmons notre message suivant copie incluse.
Nous ne savons rien du prix demandé par Watts Ward & Cie mais, comme ils étaient, paraît-il, déterminés à enlever le morceau, il n'y aurait rien d'impossible à ce qu'ils aient soumissionné à 19/. Bien entendu c'est de la folie pure, si cela est.
En ce qui concerne [Ferminier ou Féminier], vous pouvez le mettre au pied du mur et l'obliger à choisir entre vous et ses nouveaux clients à la condition toutefois de ne pas prendre vis-à-vis de lui d'engagement allant au-delà du 31 décembre 1895. Mais ce sont des arrangements que Ferminier pourra toujours éluder en mettant [en nom] un homme de paille qui fera les manutentions de Watts Ward & Cie.
En tout cas, il n'y a pas d'homme indispensable et en dehors de Ferminier, Watts Ward & Cie trouveront toujours du matériel et du personnel. Vous nous dîtes vous-même qu'ils se procureront autant de mahonnes qu'il leur en faudra et qu'ils ont engagé un de nos anciens contremaîtres, lequel facilitera tout au moins leurs débuts.
Néanmoins, nous vous le répétons, vous pouvez essayer de vous assurer le concours exclusif de Ferminier : si cela ne sert à rien, ce ne peut du moins faire aucun mal !
A supposer que Watts Ward & Cie aient réellement traité avec la P. & O. à 19/, il ne s'ensuit pas qu'ils entendent pratiquer le même prix pour les affaires courantes. Par conséquent, notre opinion est qu'il serait prématuré de changer dès maintenant nos batteries quant au prix de contrats et aux prix courants, il nous semble tout indiqué de rester à 23/ jusqu'à ce que nous sachions mieux le jeu de nos adversaires et, à ce moment-là, nous serons tout disposés à nous concerter avec nos voisins raisonnables pour combattre le péril commun.
Piaton. Votre dépêche que vous allez évidemment compléter par courrier, nous ennuie beaucoup, est-il besoin de le dire ?
Il semblerait que nous sommes seuls à livrer du mauvais charbon à gaz et, cependant, il est inadmissible que nous n'ayons que le rebut des mines, sans compter que nous savons pertinemment que d'autres que nous reçoivent des plaintes.
Pendant longtemps, on nous a chanté sur tous les tons les louanges du New Pelton et, à peine, nous sommes-nous mis en mesure d'en livrer qu'on n'en veut plus ! Nous attendons la plainte [...] de M. Piaton, nous la transmettrons à la mine et, comme d'habitude, cette dernière nous répondra qu'elle n'en peut mais. Donc, s'il y a une indemnité à payer à l'usine, ce sera à nous de la supporter. Mais, instruits par l'expérience de M. Vautier, nous ne saurions envisager cette hypothèse sans obtenir quelque chose en échange, ne serait-ce que la certitude du renouvellement des marchés à un prix qui nous laisse de quoi vivre.
Pour le prochain chargement à destination de Toulon, nous ne demanderions pas mieux que d'essayer un nouveau charbon, même devrions-nous l'acheter un peu plus cher que le prix de nos marchés. Mais, quand nous en serons là, nous verrons ce que nous pourrons obtenir et ce que cela coûtera. Nous craignons que Boldon n'ait plus rien à vendre en janvier ou en demande 12/.
Recevez, Messieurs, nos sincères salutations.

Worms Josse & Cie


Retour aux archives de 1893