1893.12.11.De A. E. Monod - Worms Josse et Cie Marseille.(1)

NB : La copie image de ce document de très mauvaise qualité n'a pas été conservée.

11 décembre 1893
MM. Worms Josse & Cie
Paris

Messieurs,
Ainsi que nous vous l'annoncions samedi soir, nous avons revu M. Cartier ce matin et avons établi avec lui, d'après nos factures, les prix de revient des sortes de charbon qu'il pourra avoir à nous demander et qui ressortent comme suit.
Menus gras : F 19,35
Gros Cardiff tout-venant : F 29
A quai, à l'entrepôt d'octroi.
Ces prix paraîtront exorbitants à M. Guéret mais nous n'y pouvons rien.
Depuis avant-hier, la manière de voir et les dispositions de M. Cartier paraissent avoir changé du tout au tout. A-t-il réfléchi lui-même ? A-t-il subi l'influence de tierces personnes ? Nous n'en savons rien. Mais, ce qui est certain, c'est que, lors de notre dernière entrevue, il paraissait tout prêt à entrer purement et simplement dans les vues de M. Guéret en nous abandonnant sa clientèle et son emplacement à quai (qui touche le nôtre) moyennant certains avantages, sous forme de commissions sur les affaires ainsi procurées et dans l'avenir, entretenues.
Aujourd'hui, changement de front complet. Il n'est pas de sa dignité d'agir ou d'être traité en courtier. Il est négociant de charbon et entend demeurer tel. La clientèle n'est pas à M. Guéret, mais à lui, et, s'il convient à M. Guéret de se retirer de Marseille en nous expédiant plus de charbon (ce qui est déjà connu à Cardiff et Newport), il ne manquera pas d'autres maisons qui seront enchantées de confier leurs intérêts à M. Cartier. Il a déjà reçu plusieurs propositions dans ce sens mais n'a encore répondu à aucune attendant de savoir ce qu'il nous conviendra de faire. Son idée serait la suivante : continuer à servir ses clients avec notre charbon mais sous son nom et sans aucune responsabilité de sa part au point de vue des déchets, pertes, vols, laissés-pour-compte, etc. Mais alors, quel prix nous paierez-vous ?, lui avons-nous demandé. Les affaires ne se font pas de nos jours avec une marge suffisante pour que nous puissions vous vendre sans perdre tout en vous permettant de gagner vous-même. Vous poursuivez une utopie. De deux choses l'une : où vous resterez marchand de charbon et vous courrez forcément des risques - ce que vous paraissez vouloir éviter à tout prix -, ou vous ne serez qu'intermédiaire, si le mot de courtier vous choque, et c'est ce que nous vous proposons d'être pour nous moyennant commissions.
Il n'entend pas de cette oreille là et nous en sommes au même point qu'au début de notre entretien. Il nous paraît avéré que, lorsque M. Guéret a commencé à traiter avec vous, il considérait la clientèle de sa maison de Marseille comme sienne et pensait pouvoir vous la rétrocéder par un simple ordre donné à son représentant.
Si quelque chose de nouveau surgit, nous vous en aviserons aussitôt.
Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations très distinguées.

P. Pon Worms Josse & Cie
A. Monod

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