1893.08.04.De A. E. Monod - Worms Josse et Cie Marseille

NB : La copie image de ce document de très mauvaise qualité n'a pas été conservée.

4 août 1893
MM. Worms Josse & Cie
Paris

Messieurs,
Représentant en Corse. Comme suite à notre lettre d'hier relative à M. Arthur Southwell, nous nous empressons de vous faire savoir qu'en attendant le résultat de nos démarches par correspondance à Bastia pour être confidentiellement et exactement renseignés, nous avons eu l'occasion de voir ici une personne très au courant et qui nous a donné quelques indications de nature à faciliter votre enquête à Londres.
En dehors de ses autres qualités, déjà signalées, M. Arthur Southwell est agent du Lloyd anglais pour toute la Corse. On affirme qu'il est question que son vice-consulat soit érigé en consulat. Il est agent de la compagnie Cyprien Fabre dont, pendant la campagne des [cédrats], il reçoit chaque année plusieurs bateaux auxquels il procure un fort appoint de chargement pour New York. Il est le représentant de la maison [Novella & Cie...], Londres, qu'on dit importante et sérieuse et qui est propriétaire de mines en Corse gérées par M. Arthur Southwell, enfin, il est le fils  de M. Chas. Southwell, grand confiseur en gros à Dockhead, Londres, qui jouit, paraît-il, d'une excellente réputation à tous les points de vue.
Coaling. Ce n'est pas sans une certaine surprise que nous avons entendu de M. Savon dans un entretien, que nous avions aujourd'hui avec lui, nous dire qu'il n'avait jamais compris que les bateaux français fussent englobés dans l'entente passée entre les trois maisons et que, sachant parfaitement que M. Paquet, par exemple, ne se déciderait jamais à supporter d'emblée et d'un seul coup une hausse d'un franc, il lui avait fait le prix de F 23, espérant pouvoir, si la situation se prolonge, l'amener plus tard à 23,75 F puis peut-être 24 F. Il nous a vivement conseillés d'agir de même de peur que M. Paquet, qui ne s'est jamais jusqu'ici adressé qu'à nous et à Savon, répartissant entre nous ses ordres de charbons anglais, n'entre en matière avec M. [Auban], par exemple, ainsi qu'il nous en a menacés.
D'après vos instructions, nous devions, à partir du 15 juillet, tenir les prix à 20/ pour les Anglais et 24/ pour les Français et nous en avons avisé M. Paquet. Mais, étant donné l'opinion et la façon d'agir de M. Savon, nous allons, sans contre-ordre de vous, le suivre et faire à M. Paquet les mêmes prix que lui.
[Féminier.] Nous avons reçu ce matin la visite de cet entrepreneur, un peu ému par une lettre qu'il venait de recevoir de son constructeur de grues à Rouen, l'informant que vous lui avez demandé ses prix.
Nous avons eu à ce sujet une longue conversation avec M. [Féminier] de laquelle nous avons eu lieu de croire qu'il sortira pour nous un avantage marqué sinon au point de vue de nos débarquements, dont il jure ne pouvoir réduire les prix d'un centime, au moins à celui de nos embarquements qu'il est près à nous faciliter en nous prêtant ses grues moyennant une faible rétribution. Nous allons faire un essai à la première occasion et vous tiendrons au courant du résultat.
Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations très distinguées.

A. Monod

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