1893.05.03.De A. E. Monod.Marseille.A H. Goudchaux

NB : La copie image de ce document de très mauvaise qualité n'a pas été conservée.

Marseille, 3 mai 1893

Monsieur,
Il ne sera peut-être pas sans intérêt pour vous d'être mis au courant, si vous ne l'êtes déjà, des bruits qui circulent relativement au projet de M. Adrien Fraissinet. Il paraîtrait qu'il a l'intention de monter une maison pour faire le commerce avec Zanzibar, et chacun en conclut que c'est avec M. Greffulhe qu'il a dû s'entendre.
Des indications sommaires que vous avez bien voulu me donner verbalement, il m'a semblé ressortir que, tout en exigeant certaines réformes dans les errements de ce correspondant, vous comptiez cependant sur le maintien de ses consignations. C'est dans cet ordre d'idées que j'ai cru devoir vous renseigner très confidentiellement que, pour le cas où vous jugeriez avoir quelque mesure à prendre, soit vis-à-vis de M. Greffulhe, soit vis-à-vis d'une autre maison de Zanzibar, afin de ne pas perdre le bénéfice du courant d'affaires créé dans ce port par votre succursale de Marseille, si nous avons de bons expéditeurs, je crois qu'ici nous n'aurions pas grand peine à soutenir la lutte avec avantage.
J'ajouterai pour votre gouverne que M. Adrien Fraissinet, tout en gardant à l'écart des étrangers la discrétion la plus absolue au sujet de ses plans, s'estime hautement très satisfait de la tournure des événements, déclarant qu'il n'y a qu'à gagner au change. Cette attitude m'allége du souci que je me faisais à cause de sa famille et je pense qu'à ce même point de vue elle ne sera pas pour vous déplaire.
Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de mes sentiments respectueusement dévoués.

A. Monod

M. Goudchaux à Paris

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