1874.10.10.De Lucien Labosse - Hte Worms et Cie Suez

Origine : Collection de lettres reçues - liasse 1865-1874

Hte Worms & Cie Suez (Egypt),
Suez and Port Said Coal Depot

10 octobre 1874
Messieurs Hypte Worms & Cie
7, rue Scribe, Paris

J'ai quitté Port-Saïd il y a quelques jours pour venir m'installer à Suez pendant environ un mois pour les affaires de notre "Séphora". Ces malheureuses affaires qui deviennent de jour en jour plus difficiles et plus inquiétantes. Nous avons résolu à Port-Saïd d'envoyer à Aden, notre agent de Suez, M. Solhaune, qui est déjà en correspondance avec quelques maisons de cette place, nous croyons trouver sur ce point un peu d'aliment pour "Séphora", et Solhaune fera plus à Aden lui présent que par des mois de correspondance.
Je vous ai télégraphié hier soir, inclus copie de ma dépêche. J'espère que lorsque vous recevrez la présente tout sera arrangé et que vous aurez pu parer au danger immédiat. Nous allons voir pour les voyages suivants.
Si l'autorisation que demande le consul au ministre était refusée, ce serait un véritable désastre, car nous avons un complet chargement de marchandises et de pèlerins et, parmi les marchandises, nous avons 300 T données en transbordement par le "Timsah" de la British venant de l'Inde, je ne peux pas croire que le ministre nous refusera, ce serait nous ruiner sans raison. Il y a un an que "Séphora" est expédié avec son équipage mixte, et je ne vois pas pourquoi on ne l'expédierait pas une fois de plus. Malheureusement le titulaire du consulat de Suez gère le consulat de Port-Saïd et la gérance de Suez est confiée à un homme jeune, timide, et qui peut-être veut faire de l'autorité.
Ce premier danger passé, car je ne doute pas que nous soyons autorisés à partir, il faut s'occuper de l'avenir. Si vous ne pouvez pas nous débarrasser de "Séphora".
Puisque le gouvernement français nous impose des conditions impossibles, il nous reste à changer notre pavillon. Nous pouvons naviguer sous pavillon anglais ou sous pavillon de Jérusalem. Mon opinion personnelle est que nous avons avantage à choisir ce dernier, parce que nous continuerons à dépendre du consulat de France et que nous trouverons toujours plus de facilités pour nous. Comme nous n'avons pas de temps à perdre nous allons commencer les démarches. Si vous avez une objection contre ce pavillon, veuillez télégraphier à Port-Saïd, à qui je remets copie de cette lettre, d'ici-là nous n'aurons pas pris d'engagements.
Inclus copie de la dépêche du consul de Suez au ministre des Affaires étrangères.
Je ne peux rien vous dire de plus par lettre, mes renseignements arriveraient trop tard. Si vous avez réussi à faire partir "Séphora", tout est bien, si vous avez échoué, on ne peut pas prévoir d'avance les conséquences désastreuses d'une telle mesure de rigueur.
Recevez, Monsieur, mes salutations bien dévouées.

Lucien Labosse

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