1861.12.03.De Paul Cruzel - Hte Worms Marseille.Original

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Monsieur H. Worms - 46, rue Laffitte - Paris
Courrier composté à Marseille le 3 décembre 1861 et à Paris le 5 décembre 1861.
Tampon : Hte Worms - Marseille.
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Papier en-tête gaufré : Hte Worms - Marseille]

Marseille, 3 décembre 1861
Monsieur H. Worms à Paris

Je vous confirme ma lettre d'hier.
"Uranes". Vous voudrez bien m'envoyer un deuxième connaissement, la charte-partie et le décompte du fret.
"Octavie". Aussi un deuxième connaissement déjà réclamé.
Finances. Veuillez créer traites sur Vor Roux & Cie :

[En marge :] P. décompte
F 7.816.40 au 9 février prochain, à valoir sur cargaison "Uranes".
F 5.339.75 au 25 février prochain, à valoir sur cargaison "Octavie".

Veuillez aussi fournir sur [Touache] & Cie :
F 6.792.15 au 24 février, pour valeur en charbons et avances au Havre, "Ernst & Christine".
J'ai votre lettre 2 courant.
Boghead. Probablement je prierai demain M. Muston d'expédier 10.000 kilos à Genève, j'attends une réponse.
["Latona"]. Dès que je connaîtrai la composition exacte du chargement, je vous le ferai savoir. Le nom du capitaine est Geo [Ferrow]. Je ne puis répondre exactement à vos autres questions que sous quelques jours.
Charbons. Les Messageries impériales m'ont demandé 200 tonnes ; la Marine m'a fait demander mes [exigences]. Je crois qu'on va demander des charbons anglais, car les français ne suffisent pas, par suite de manque de matériel du chemin de fer.
Mon traité avec Altaras, tout Cardiff est à 36.50 soutes. Si je pouvais accrocher 3 à 400 tonnes par mois, ce serait bon. Les  bons résultats proviennent en partie de l'importance du mouvement.
Cardiff. J'ai besoin de 2 ou 3 petits chargements échelonnés le mieux possible (5 à 800 tonnes) à F 19 ou 20 F au plus de fret pour Marseille.

[En marge :] [Bodenhowen] affrète à Cardiff.
Il a un ordre pour Alger.
Je lui ai demandé offres pour chargement Oran, un Tunis. J'attends les connaissements et facture pour Smyrne.

Newcastle. Avant l'arrivée de votre lettre, j'avais reçu une dépêche de Pring m'annonçant "Prudent", m'offrant un gros navire que j'ai accepté à L. 19, car je n'ai que 3 à 400 tonnes en magasin en Grimsby ou Newcastle que je n'ai pas voulu rendre [ou vendre] à cause de mes engagements, ne voyant en mer que "Countess".
Cependant si j'avais comme "Prudent", je n'aurais pas accepté un si gros navire à L. 19 ; par ma dépêche j'ai dit à Pring d'obtenir mieux si possible.
M. Pring a un chargement pour Smyrne à faire, pour lequel je suis déjà en retard ; il a aussi un ordre pour Toulon en [Leverson].
Grimsby. M. Josse a un ordre pour Cette [Sète] depuis bien longtemps, et un pour Marseille. Plus de quatre fois déjà les navires qu'il croyait tenir ont échappé.
Quant à Marseille, rien ne presse maintenant. Cette [Sète] est plus pressé.
Roux. Je n'ai pu encore le voir. A demain.
Smith. Je vous retourne sa lettre, il est bien évident pour moi qu'à Cardiff il se commet des erreurs fréquentes dans les poids ; il y a un vice quelconque à l'embarquement. Pour pouvoir retenir des capitaines la valeur du charbon non livré, il faut faire réformer les jurisprudences de nos tribunaux, Marseille, Alger, Bordeaux, lesquels admettent comme déchet de route 2% en faveur des capitaines.
J'ai écrit cela bien des fois, pas un capitaine ne se rend compte du charbon que reçoit son navire. Tous signeront une déclaration dans ce sens ; les moyens de vérifier leur cargaison ne sont pas, disent-ils, à leur disposition et on les force à signer les connaissements sans réserves. La plupart des capitaines font des [protets].
En ce moment : "Ponthieu" laisse 9 à 10 tonnes de perte, "Lévrier" laisse 6 à 7 tonnes de perte.
J'ai réussi à faire payer ces capitaines, mais quel mal il faut avoir et quelle perte de temps ! Cela produit le plus fâcheux effet et je vous avoue franchement qu'en exigeant le remboursement de ces déficits, j'ai la conviction que j'exige une chose injuste.
Il existe un vice à l'embarquement et nous tous qui y sommes étrangers, vos agents en Angleterre comme les autres, en subissons les plus mauvais effets. En un mot, on croit que c'est nous qui trompons. Il y a là-dessous peut-être une intrigue de quelque concurrent.
Je reprendrai votre lettre demain, l'heure presse.
Recevez mes sincères salutations.

P. Cruzel


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