1853.01.27.A J.R. Blackell.Londres

Origine : Copie de lettres à la presse n°40 - du 15 janvier 1853 au 15 février 1853

Paris, le 27 janvier 1853
Monsieur J.R. Blackell
Membre du Parlement anglais
À Londres

Je n'ai reçu qu'aujourd'hui la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser le 22 courant et je m'empresse de répondre aux questions qu'elle me pose.
Depuis un an environ, un bruit vague s'est répondu que l'on devait modifier, en France, le droit de douane qui grève les charbons anglais.
Il y a six semaines, ce bruit prit une grande consistance ; la réduction de ce droit semblait imminente. On l'avait ajournée au 1er janvier comme chose [portative]. Cette réduction était considérable, soit de F 5,50 par tonne de 1.000 kilos (décime compris) à F [1,65] (décime compris). Mais rien ne s'est encore réalisé, et même on n'en parle plus. La question, dans le public, semble retombée dans l'oubli, et il m'est impossible de savoir quelles sont les intentions réelles de notre gouvernement.
Les départements de la Seine inférieure, de la Loire inférieure, de la Gironde, sont ceux qui consomment les plus grandes quantités de charbon anglais. Marseille vient ensuite et tout notre littoral de la Méditerranée, mais, là déjà, le mouvement est beaucoup moins considérable.
Vous savez que le droit sur charbon belge n'est que F 1,65 par mille kilos par terre et les canaux. Depuis Dunkerque jusqu'aux Sables-d'Olonne, le droit sur les charbons anglais est F 5,50, et depuis Sables-d'Olonne jusqu'à Bayonne, et dans la Méditerranée, F 3,30 seulement.
Certes, tous les départements vinicoles appuieront, de tout leur pouvoir, une demande de dégrèvement, qui leur assurerait, en retour, un plus large débouché de leurs produits en Angleterre.
Des pétitions ont été faites bien souvent, dans ce sens, par les représentants de ces départements, et aussi fréquemment, et en dernier lieu, par les chambres de Commerce, de nos centres manufacturiers, Rouen en première ligne. Vous trouveriez donc tout appui auprès de ces deux grands intérêts vinicoles et manufacturiers. Telle est, Monsieur, la réponse que je puis faire à vos questions. Je regrette qu'elle ne contienne rien de plus positif. J'ajouterai, cependant, que la hausse, qui se manifeste en Angleterre sur les charbons du nord et du sud, pourrait neutraliser les intentions de dégrèvement ; car, si nos industriels doivent payer plus cher le charbon après le dégrèvement du droit ou aussi cher, tout l'avantage sera d'un côté et rien de l'autre.
Agréer, je vous prie, Monsieur, l'assurance de ma parfaite considération.

Hte Worms

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