1915.05.31.De Worms et Cie Port-Saïd

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Worms & C°
Branch houses in Egypt: Suez, Alexandria & Cairo

Port Said (Egypt)
Le 31 mai 1915
Messieurs Worms & Cie - Paris

Messieurs,
Charbonnage de navires consignés à MM. Stapledon & Sons, autres que ceux de MM. Alfred Holt & C°. M. Brown, associé de la Maison Stapledon, est venu nous trouver ce matin pour nous dire que le s.s. "Towa Maru", de la Towa Koshi, Tairen, attendu prochainement au Canal, était consigné à sa Maison à qui toute latitude était laissée pour le charbonnage de ce vapeur à Port-Saïd. M. Brown nous a exposé qu'il leur viendrait, dans les deux ou trois mois qui vont suivre, probablement trois autres navires dans les mêmes conditions et le but de sa visite était d'abord d'apprendre de nous le prix que nous ferions payer au "Towa Maru" et suivants, et principalement quelle serait l'importance de la ristourne ou commission que nous serions prêts à consentir à MM. Wm Stapledon & Sons sur le charbon.
Nous avons expliqué à M. Brown que nous appliquions le prix courant à tous les navires qui n'étaient pas liés avec nous par contrat avant la guerre, soit l/6 au-dessus du prix pratiqué à nos anciens clients de contrats, et que nous aurions à vous consulter au sujet de la commission que MM. Stapledon voudraient se voir réserver sur cette affaire. M. Brown nous fit alors observer qu'il lui semblait raisonnable que sa Maison bénéficiât de cette différence de 1/6 par tonne entre les prix courant et le prix de contrat, que nos voisins étaient tout prêts à leur accorder ces termes ou même mieux, mais qu'il entendait nous donner la préférence si nous acceptions ce "courtage" de 1/6, et il nous pressa pour lui donner une réponse immédiate pour le "Towa Maru", attendu incessamment à Suez. Ainsi poussés, nous avons accepté le courtage de 1/6 pour ce navire, mais à la condition expresse que ceci ne nous engagerait pas pour les suivants, au sujet desquels nous allions entretemps vous consulter.
Son premier point gagné, M. Brown, qui, d'ailleurs, n'était pas certain que le "Towa Maru" aurait besoin de charbon ici, nous a parlé du s.s. "Helgoland", que nous avons charbonné à deux reprises ce mois-ci, comme vous l'aurez vu par nos notes de livraisons, soit le 11 ct., 491 tonnes Welsh, et 111 tonnes Durham, et le 18, 47 tonnes Welsh. Nous étions sous l'impression que ce coaling nous venait sous les auspices de MM. A. Holt et C°, et c'était bien là le cas, mais M. Brown nous dit que "Helgoland" a été pris par MM. A. Holt en vertu d'arrangements spéciaux avec l'amirauté britannique et que c'est cette dernière qui devait régler à MM. A. Holt & C° le montant de la facture de charbon que ces derniers ne faisaient qu'avancer à l'amirauté. Dans ces conditions M. Brown prétendait à une commission pour MM. Wm Stapledon & Sons, mais il n'a pas insisté quand nous lui avons dit que l'application du prix pratiqué aux clients de contrats ne nous permettait pas d'admettre le principe d'une commission spéciale, et il s'est borné à nous prier de vous demander si, lorsque ce navire repassera le Canal, vous serriez disposés à appliquer le prix courant à la fourniture de charbon qui pourrait lui être faite, et à abandonner la marge de 1/6 à sa Maison.
Les bateaux qui suivront "Towa Maru" ne sont pas attendus avant fin juin, et il n'est donc pas nécessaire que vous nous télégraphiez à ce sujet.
Personnel. Nous vous avons annoncé dans notre lettre générale la mort de notre caissier Paul Teissier, après 35 ans de services. Autant que nous le sachions, le défunt n'était pas assuré et il avait perdu une bonne partie de ses économies au cours de la dernière crise, ayant, comme beaucoup, placé son argent dans des entreprises qui ont depuis périclité ou ruiné leurs actionnaires. Il lui resterait encore quelques titres dont la réalisation laisserait à sa famille une dizaine de mille francs au plus. Aussi vous serions-nous très reconnaissants s'il vous était possible d'allouer un secours à sa famille, en reconnaissance des bons et loyaux services du disparu. S'il nous est permis d'exprimer une opinion sur ce point, il nous semble qu'une certaine somme versée en une fois serait préférable à un secours annuel pendant quelques années. Nous avons tenu à solliciter l'expression de vos vues sur cette question de secours parce que nous prévoyons que d'ici peu la veuve ne manquera pas de nous faire demander si la Maison a l'intention de faire quelque chose pour les enfants et nous aimerions être en mesure de lui faire alors la réponse qui convient.
M. Teissier, depuis le début de sa maladie, était remplacé dans ses fonctions de caissier par M. Barbich, chef comptable adjoint, que nous avons l'intention de maintenir à la caisse, avec votre approbation. Notre jeune comptable, M. Bulté, qui tient le journal, ajourné de la classe 1915, devra rejoindre au 1er octobre prochain, et nous serions heureux d'avoir un comptable français compétent, capable de remplacer le caissier et chef comptable au pied levé, le cas échéant. Il nous est venu à l'idée que parmi les réformés pour blessures de guerre vous pourriez peut être nous trouver un bon comptable susceptible de devenir au bout de peu de temps une excellente doublure du caissier. Ce serait servir notre but tout en assurant une existence honorable à un de nos glorieux blessés. Les appointements de début seraient de 300 à 350 francs.
Veuillez agréer, Messieurs, nos bien sincères salutations.

[Signature illisible]

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