1968.09.00.De la Société des transports maritimes pétroliers.Historique

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Historique de la Société des transports maritimes pétroliers
1936-1968

Sur l’initiative de M. Pierre Poulain, la Société des transports maritimes pétroliers fut créée le 26 février 1936 sous forme de société anonyme au capital initial de 700.000 F (soit 7.000 nouveaux francs) divisé en 700 actions de 1.000 F (10 NF), porté jusqu’à 27.065.000 F en 1967, en 270.650 actions de 100 F.
La société avait pour objet toutes opérations de toutes natures relatives à l’industrie et au commerce de la navigation. Elle pouvait s’intéresser à toutes affaires similaires soit par des prises de participations, soit par des souscriptions ou achats d’actions : elle pouvait fusionner avec d’autres sociétés.
Le siège social fut fixé d’abord 27, avenue Matignon, puis à partir du 8 mars 1940 au 6, rond-point des Champs-Élysées. Le 1er juin 1965, les services furent transférés dans l’immeuble sis 14, avenue d’Orsay à Paris (7e), acheté en co-propriété avec la Compagnie nationale de navigation.
Le 3 octobre 1940, M. Pierre Poulain fut nommé président directeur général, poste qu’il a occupé jusqu’à la dissolution de la Société des transports maritimes pétroliers, par suite de la réalisation définitive de sa fusion avec la société Pechelbronn, - fusion qui a été approuvée par les Assemblées générales extraordinaires de la société Pechelbronn des 10 mai et 1er juillet 1968.
M. Pierre Poulain a été nommé commissaire liquidateur de la Société des transports maritimes pétroliers.
Celle-ci n’arma, jusqu’à la guerre, qu’un seul navire, le Brumaire de 11.840 tonnes de port en lourd, acheté à la Société des chantiers et ateliers de Saint-Nazaire-Penhoët pour la somme de 5.000.000 d’anciens francs.
La société prit possession de ce pétrolier le 22 avril 1936, et son exploitation en fut satisfaisante. Après la déclaration de guerre (septembre 1939), le Brumaire fit l’objet d’un affrètement avec l’État par charte-partie (réquisition du 23 octobre 1939), la gérance du navire étant confiée à la STMP.
Le "Brumaire", commandant Jean, fut bombardé et coulé en baie de Quiberon le 20 juin 1940. Le second capitaine Bachelet fut mortellement blessé sur le gaillard. Un navire anglais recueillit les survivants et les transporta en Angleterre. Certains d’entre eux se trouvaient sur le paquebot Meknès qui les rapatriait vers la France quand celui-ci fut torpillé et coulé de nuit peu après son départ de Grande-Bretagne. Le chef mécanicien Schneider, qui devait disparaître en 1942 sur le "Frimaire", et le maître d’hôtel Louis André furent sauvés après être restés longtemps dans l’eau. Mais le commandant Jean succomba à leurs côtés.
Le gouvernement français offrit à la STMP de lui rembourser la valeur du "Brumaire" ou de le remplacer. La société opta pour la seconde proposition.
En mai 1939 un contrat de construction avec les Chantiers Odense Staalskibsvaerft à Odense (Danemark) fut signé concernant un navire pétrolier de 15.350 tonnes de port en lourd, n° 91, "Floréal" livrable milieu 1941. Ces chantiers signifièrent, dès fin 1940 qu’ils résiliaient ce contrat, du fait de la guerre. La STMP refusa cette décision qui fut soumise à un arbitrage.
Pendant la durée des hostilités, la société vit son activité réduite au minimum, et, le 5 juin 1941, le secrétaire d’État à la marine marchande lui confia la gérance du pétrolier norvégien "John Knudsen", francisé sous le nom de "Rouergue", de 14.480 tonnes de port en lourd. Ce navire fut repris par les Transports maritimes en temps de guerre le 26 novembre 1942.
La STMP se trouvait donc à la fin de la guerre sans aucun tonnage.

[Photographie ayant pour légende : Le 1er "Floréal" de 16.040 Tm]

Le ministère de la Marine marchande ayant apprécié les conditions du contrat de construction avec les chantiers danois signé par la STMP en 1939 lors de la commande du "Floréal", et en accord avec la maison Worms & Cie, décida de passer avec les chantiers d’Odense un contrat de construction de sept ans signé le 10 juin 1945, assurant aux armateurs français pendant cette durée, le tiers de la production de ces chantiers.
Ce contrat permettait à la France de reconstituer dans les plus brefs délais une partie de sa flotte pétrolière – ainsi que la flotte de cargos qui lui manquait à cette époque – les chantiers français se trouvant dans l’impossibilité de fournir suffisamment de navires dans des délais rapprochés.
Sur l’instigation de la Société des transport maritimes pétroliers, la marine marchande signa un contrat pour la construction du navire "Germinal", n° 98, au chantier d’Odense à la date du 18 juillet 1945, ce navire devant servir de remplacement au navire "Brumaire" coulé en 1940. Il fut remis en gérance technique à la Société par le ministère des Transports le 27 novembre 1947.
Il est intéressant de faire remarquer que la marine marchande a reçu de la STMP pour ce navire, au titre des soultes d’âge et de caractéristiques (compte tenu de la péréquation au coefficient 2,154) 100.000.000 F (anciens) de plus que la somme payée par la marine marchande pour la construction de ce navire. C’est bien le seul cas où l’État a payé moins que les soultes versées par l’armateur, et la démonstration que la STMP a défendu mieux qu’aucun autre les intérêts de l’État.

[Photographie ayant pour légende : Le "Germinal", deuxième du nom, de 59.557 Tm, sortant de La Ciotat pour effectuer ses essais]

Les caractéristiques du Floréal, dont le contrat signé avec les chantiers d’Odense en mai 1939 avait fait l’objet d’un litige, furent modifiées, afin de réaliser un navire de mêmes spécifications que le "Germinal" livré en 1947. Le "Floréal" fut livré à la STMP en septembre 1949.
Le manque de navires pétroliers sous pavillon français se faisant gravement sentir, l’État français acheta au gouvernement des USA 18 navires pétroliers, du type T2.
La STMP, en septembre 1947, prit en location/vente à la marine marchande un pétrolier américain de 17.034 tonnes de port en lourd, du type T2, le "Prairial", pour lequel fut signée une charte-partie avec la Société générale des huiles de pétroles (BP).
La flotte de la STMP, au 1er janvier 1950, se composait de trois navires, affrétés en time-charter :
"Prairial" 17.034 tonnes dw à la Société générale des huiles de pétroles BP.
"Germinal" 16.050 tonnes dw à la Société Shell.
"Floréal" 16.040 tonnes dw à la Société générale des huiles de pétroles BP.
En octobre 1951, la Société outremer de navigation pétrolière nous confia la gérance du pétrolier français T2 "Caltex Bordeaux", auquel s’ajouta en 1955 un autre T2 le "Caltex Bayonne".

[Photographie ayant pour légende : Le "Thermidor" de la série des 20.000 Tm]

La STMP poursuivait une politique d’accroissement de sa flotte, utilisant toutes ses ressources, et négligeant volontairement les distributions aux actionnaires des bénéfices qu’elle réalisait.
C’est dans cet esprit qu’elle fit construire successivement, avec l’accord de la marine marchande, par les chantiers danois d’Odense quatre unités :
Trois sisterships de 19.000 tonnes dw environ.
"Messidor" livré en 1952,
"Fructidor" livré en 1953,
"Thermidor" livré en 1954,
Puis le "Champs-Élysées" (premier du nom) de 26.860 tonnes dw qui fut livré en 1956.
Mais, dès avant la venue de ce dernier né de sa flotte, la STMP, répondant à l’appel pressant des pouvoirs publics, avait entrepris de remplacer ses navires de dimensions et vitesses restreintes, par des navires modernes bénéficiant des progrès rapides des techniques navales -, navires dont les frais d’exploitation se trouveraient réduits.
La STMP commanda donc, toujours aux chantiers d’Odense, avec l’autorisation de la marine marchande, trois pétroliers de 30.000 tonnes dw, après avoir recherché et conclu des affrètements en time-charter avant la signature des contrats de construction.

[Photographie ayant pour légende : Le "Champs-Élysées", deuxième du nom, de 54.850 Tm]

À la commande du premier navire, n° 142 en décembre 1954, elle obtint du propriétaire du chantier danois le rachat du "Floréal" qu’elle livra à la fin de sa charte BP en juillet 1956, à un armement danois. Une compensation financière intervint entre ces deux opérations, qui fit que la STMP acquit ce navire n° 142 à un prix satisfaisant. Ce nouveau pétrolier de 30.616 tonnes métriques prit à son tour le nom de Floréal et entra en service en janvier 1958, d’abord affrété à Esso Standard de 1958 à 1963, et à Antar de 1963 à 1968.
Le contrat du second sistership de 30.000 tonnes, n° 146 du chantier, fut signé en novembre 1955. Cette unité fut livrée en novembre 1958 et entra en service sous le nom de "Longchamp", affrétée à la BP de 1958 à 1963 puis à Antar de 1963 à 1968.
Le troisième navire de 30.000 tonnes métriques, n° 151 du chantier, dont le contrat avait été signé en février 1956, fut livré en novembre 1959 et entra en service sous le nom de Monceau, affrété à Esso de 1959 à 1964 puis à Antar de 1964 à 1968.
Étant donné les importants crédits consortiaux à moyen terme auxquels la STMP se trouvait dans l’obligation d’avoir recours pour financer ce programme de nouvelles constructions, et satisfaire ainsi aux désirs des établissements prêteurs et en particulier de la Banque de France, son capital fut doublé en 1956 et porté à 112.000.000 d’anciens francs (1.120.000 F).

[Photographie ayant pour légende : Le "Longchamp" de la série des 30.000 Tm]

Les nouveaux navires, dès leur livraison furent remis à leurs affréteurs en time-charter, leur prix de location étant calculé à partir d’un prix de base mensuel qui variait selon les conditions propres à chaque charte, soit suivant les indices des prix de salaires, publiés par le bulletin mensuel des statistiques – soit suivant les cours de la livre sterling.
Ces contrats d’affrètement, signés pour des périodes de cinq ans, et la politique de stricte gestion suivie par la société lui permirent, jusqu’en 1958, de traverser sans difficulté la période des frets non rémunérateurs qui avait débuté en 1957.
L’année 1958 n’ayant pas vu se produire l’amélioration attendue du marché des frets, la société pouvait craindre le désarmement de deux de ses navires "Prairial" et "Thermidor" arrivant à fin de charte respectivement en juillet 1959 et décembre 1959.
La STMP dans ces conditions, engagea des négociations début 1959 en vue de la vente du "Prairial". Ce navire fut vendu à une société panaméenne et livré en août 1959.
Quant au "Thermidor", arrivé à fin de charte avec Esso Standard en décembre 1959, il fut désarmé, à l’ancre dans la baie de Roscanvel. Les sept autres navires restèrent exploités en time-charter tout au cours de l’année 1960.
Au 1er janvier 1960 la flotte de la STMP se composait de :
"Germinal" : 16.050 tm
"Messidor" :19.330 tm
"Fructidor" : 19.360 tm
"Thermidor" désarmé : 19.360 tm
"Champs-Élysées" : 26.860 tm
"Floréal" : 29.975 tm
"Longchamp" : 30.020 tm
"Monceau" : 30.020 tm
Total : 190.975 tm de portée en lourd

Le "Thermidor" resta désarmé dans la Baie de Roscanvel toute l’année 1960. La conjoncture difficile risquait de se maintenir par suite du tonnage disponible qui couvrait largement les besoins, et du développement de la production saharienne de pétrole qui, pour le même tonnage transporté, comportait une réduction de trafic de près des deux tiers.
C’est pour pallier cet état de choses, que la politique de la STMP – étant donné les immenses progrès des techniques navales – a été de substituer aux navires de faible tonnage des navires très modernes de fort tonnage, afin de réduire les frais d’exploitation.
Dès le début de 1961 la société appliqua cette politique et le "Champs-Élysées" de 26.860 tm arrivé à fin de charte fut à un armement norvégien en janvier, vente conditionnée par l’engagement que la STMP dut prendre envers la marine marchande de faire construire un nouveau pétrolier dans un chantier français.
C’est ainsi que fut signé le 20 février 1961 un contrat avec les Chantiers navals de La Ciotat pour la construction d’un navire portant le n° 217, d’un port en lourd de 54.900 tonnes métriques, livrable en juin 1964.
De même que pour les précédentes constructions, la STMP avait contracté des emprunts à moyen terme auprès du Crédit maritime aérien et fluvial co-chef de file d’un pool bancaire avec MM. Worms & Cie.
En avril 1961, une charte-partie d’une durée de quatre ans fut signée avec l’Union industrielle des pétroles (UGP) pour le "Thermidor" désarmé dans la baie de Roscanvel depuis décembre 1959.
Au cours de l’année 1961, le marché des frets pétroliers devait enregistrer les points extrêmes de la dépression dont il souffrait depuis 1957. La situation était préoccupante, et la STMP décida de mettre en vente le "Germinal". Ce navire, dès l’expiration de sa charte, fut vendu et livré en mai 1962 à un armement panaméen. Son nom fut repris par l’unité en construction à la Ciotat.
Au 1er janvier 1962 la flotte de la STMP se composait de :
"Germinal" : 16.050 tdw
"Messidor" : 19.330 tdw
"Fructidor" : 19.360 tdw
"Thermidor" : 19.360 tdw
"Floréal" : 29.975 tdw
"Longchamp" : 30.020 tdw
"Monceau" : 30.020 tdw
Total : 164.115 tdw

Du fait de la crise qui persistait, et afin d’éviter les conséquences désastreuses qui en découlaient, les Messageries maritimes mirent en vente, sur le marché international, en mai 1962, le pétrolier "Centaure" construit aux Chantiers navals de La Ciotat en 1960, d’un port en lourd de 52.300 tonnes métriques.
Après les refus successifs d’éventuels acheteurs français, dont la Société Shell, ce navire était sur le point d’être vendu à un armateur chinois de Formose, lorsque le président Pierre Poulain, alerté sur cette transaction, fit une démarche auprès de la marine marchande. Sa décision fut prise en une demi-heure, et la discussion qui suivit fut menée à bonne fin pour que le "Centaure" construit en France, avec des capitaux français, ne passe pas sous le contrôle d’un trust étranger.
C’est ainsi que le "Centaure" devint propriété de la STMP le 25 mai 1962 et fut rebaptisé "Champs-Élysées" (deuxième du nom).
Cette opération présentait de gros risques, car jamais depuis une très longue période, les frets pétroliers n’avaient été aussi bas.
Pour ne pas avoir à désarmer le navire, la STMP le mit sur le marché international, et accepta une time-charter d’une durée de deux ans, avec la Standard Tanker Bahamas, au taux de 10 shillings 6 d. la tonne qui était à l’époque le plus bas du marché. Ce prix ne couvrait pas les charges d’exploitation du navire ; il fut heureusement relayé par une disposition de la loi d’aide à l’armement naval applicable à l’époque aux navires pétroliers.
Dès la fin de cette charte-partie, grâce à la compréhension de la Compagnie française de raffinage, ce navire fut affrété en time-charter pour différentes périodes, à des frets qui, n’étant pas très rémunérateurs, permettaient quand même de couvrir les frais et l’amortissement du "Champs-Élysées".
Il est toujours affrété à la Compagnie française de raffinage jusqu’à fin 1970.
Quant au "Fructidor", affrété à Esso Standard SAF, sa charte expira en octobre 1962. Le navire fut désarmé et mouillé à Roscanvel.
Le "Germinal" de 59.557 tonnes dw, des Chantiers navals de La Ciotat, coque n° 217, fut livré en novembre 1964. Esso Standard l’affréta pour une durée de sept ans, échéant en novembre 1971.
Le "Thermidor" de 19.360 dw fut mis en vente et livré en mai 1965 à un armement panaméen, et le Fructidor de 19.360 tonnes dw, après avoir été réaffrété pour une courte période, fut vendu à un armement polonais et livré à fin de charte en janvier 1966.
La STMP prit la décision en 1964, d’acheter en co-propriété une partie d’un immeuble sis à Paris (7e), 14, avenue d’Orsay, l’autre partie étant acquise par la Compagnie nationale de navigation, pour y transférer son siège social après aménagements des lieux, ce qui fut fait le 1er juin 1965.
En décembre 1964 une assemblée générale extraordinaire décida d’augmenter le capital qui fut porté à 19.040.000 F.
Plusieurs décisions importantes marquèrent la vie de la société au cours de l’année 1965.
Afin d’assurer le renouvellement des contrats d’affrètement de ses navires ainsi que son expansion, la STMP conclut le 9 février 1965 avec la Société Antar pétroles de l’Atlantique une convention d’affrètement d’une durée de vingt cinq ans.
Le 2 avril 1965, comme corollaire à cette convention, furent signés avec la Société Antar pétroles de l’Atlantique deux contrats d’affrètement d’une durée de douze ans chacun, contrats qui conditionnaient la mise en construction de deux navires pétroliers de 75.000 tonnes métriques.
Le 18 mai 1965 la STMP commanda aux chantiers navals de La Ciotat ces deux navires de 75.000 tonnes de portée en lourd chacun, navires entièrement automatisés, devant être livrés : le premier, coque n° 234, en novembre 1967 ; le deuxième, coque n° 236, en novembre 1968.
Des crédits à long terme et à moyen terme furent obtenus du Crédit foncier de France pour le long terme et d’un pool bancaire constitué sous l’égide du Crédit maritime aérien et fluvial et de la Banque Worms & Cie pour le moyen terme.
D’autre part, la STMP absorba la Compagnie franco-industrielle et maritime (FIM) par apport de l’universalité de son actif à charge de la totalité de son passif, à la date du 31 mai 1965, et ce contre l’attribution à la FIM de 122.800 actions STMP portant jouissance du 15 mai 1964.
Lors de cette fusion, le capital de la STMP fut porté de F 19.040.000 à F 29.478.000 par la création de 122.800 actions nouvelles de F 85 nominal – puis ramené à F 23.005.250 par l’annulation de 76.500 actions reçues dans l’apport de la FIM -, selon le traité de fusion signé le 22 juin 1965 par les deux sociétés, traité approuvé définitivement par l’assemblée générale extraordinaire du 15 octobre 1965.
À cette époque, le conseil d’administration se composait de :
Pierre Poulain, président
Raymond Meynial, vice-président
Georges Assemat, administrateur
Jean Barnaud, administrateur
Anatole Bucquet, administrateur
Henri Geoffray, administrateur
Mme Andrée Gruson, administrateur
Guy François Laroche, administrateur
Jean-Paul Ledoux, administrateur
Jacques Sourd de Villodon, administrateur
M. Pierre Poulain, directeur général

En 1966, le programme d’adaptation et de modernisation de la flotte se poursuivit, et un grand navire de 80.000 tonnes dw fut commandé aux chantiers navals de La Ciotat, faisant suite aux deux navires de 75.000 tonnes (environ) commandés précédemment.
Ces trois grands navires sont affrétés par Antar pétroles de l’Atlantique pour une période de douze ans chacun, débutant le jour de leur livraison respective.
Le premier grand navire de 75.850 tonnes a reçu le nom de Pierre Poulain, à la suite d’un vœu émis par les membres du conseil d’administration et par le personnel de la société, en hommage et reconnaissance envers son fondateur. Il a été livré en janvier 1968.
Le second, qui a reçu le nom de Fructidor (2e du nom) a été lancé le 7 septembre 1968et doit être livré à la fin de l’année ; le troisième, de 80.000 tonnes, sera livré deuxième semestre 1969. Il reprendra le nom de Messidor, que portait le dernier des navires de 20.000 tonnes vendu en janvier 1967.
Le capital de la STMP fut porté le 12 juin 1967 de 23.005.250 F à 27.065.000 F, le nominal des 270.650 actions passant de 85 à 100 F.
La STMP prit une participation dans le capital de la société fut créée en décembre 1967, sous le nom de Société de la grande forme de la Ciotat, en vue de la réalisation aux Chantiers navals de la Ciotat d’une grande forme qui doit être achevée fin 1968 et permettre la construction de navires de 250.000 à 300.000 tonnes de port en lourd. Elle souscrivit pour 2.500 actions de 100 F et apporta en compte courant une somme de 250.000 F.

[Photographie ayant pour légende : Le "Pierre Poulain" sur rade de La Ciotat]

Après révision des marques de franc-bord des navires, qu’une récente convention internationale a permis de relever, la flotte STMP, au 1er juillet 1968, totalisait 282.206 tonnes métriques, se décomposant comme suit :
"Floréal" : 30.616 tm (affrété par Antar)
"Longchamp" : 30.662 tm (affrété par Antar)
"Monceau" : 30.661 tm (affrété par Antar)
"Champs-Élysées" : 54.848 tm (affrété par CFR)
"Germinal" : 59.557 tm (affrété par Esso)
"Pierre Poulain" : 75.850 tm (affrété par Antar)
Total : 282.194 tm

Et les navires en construction aux chantiers navals de La Ciotat représentaient :
"Fructidor" : 75.850 tm (affrété par Antar)
"Messidor" : 80.000 tm (affrété par Antar)
Et la coque n° 272 de : 141.800 tm (affrété par Antar)
Total : 297.650 tm

Enfin, à l’assemblée générale extraordinaire du 29 mai 1968 de la Société des transports maritimes pétroliers, le conseil d’administration soumettait à l’approbation des actionnaires, l’absorption de la STMP par la Société Pechelbronn, au capital de 44.055.000 F.
Ce sont les raisons qui avaient incité dès 1965 au rapprochement avec Pechelbronn, et les liens progressivement resserrés avec le groupe Antar/Pechelbronn, ainsi que les nouveaux problèmes posés par l’apparition des supertankers, qui ont conduit à proposer cette fusion.
L’opération s’est effectuée par voie d’apport par la STMP, de la totalité sans aucune réserve des biens et droits constituant son actif social, à charge par Pechelbronn de supporter l’intégralité de son passif social.
Dans le cadre de cette opération de fusion, il a été convenu que Pechelbronn donnerait à une société spécialisée la gérance administrative, commerciale et technique des navires.
À l’effet d’éviter toute perturbation dans la bonne marche des services et de l’exploitation de la flotte, cette société de gérance dispose du personnel sédentaire et navigant employé précédemment par la STMP. Elle l’a pris en charge à partir du moment où la gérance s’est exercée sans qu’il ait pu y avoir interruption préjudiciable au personnel, pour assurer à celui-ci le maintien des droits acquis au service de la STMP, ainsi que des avantages particuliers ou résultant d’accords pris dans le cadre de la profession.
La gérance des navires appartenant à Pechelbronn, effective au 1er juillet 1968, a été confiée à la Compagnie de transports maritimes pétroliers, au capital de 2.000.000 F, dont M. Pierre Poulain a été nommé président directeur général. De plus, la société gérante a obtenu une participation quirataire minoritaire de 5 % dans chacun des navires qui constituent la flotte pétrolière de Pechelbronn, 95 % étant la part de cette société.
Ainsi s’est transmise l’activité d’une compagnie de navigation, conduite d’une main sûre à travers les écueils de la route par son fondateur le président Pierre Poulain, dont le dynamisme la porta au tout premier rang des armements pétroliers.

AMR

Nous ferons paraître dans notre prochain bulletin le dernier chapitre consacré à l’histoire de la Compagnie nationale de navigation

Navires de la STMP
Ayant porté des noms du calendrier républicain

Nom de bateau

Tonnage

Date de mise en service ou d’acquisition

Date de vente

"Brumaire"[1]

11.840 tm

1936

 

"Germinal"

16.050. tm

1947

1962

"Germinal"

59.557 tm

1964

 

"Prairial"
Ex "Sandy Lake", ex "Berre" type T/2

17.050 tm

1947

1959

"Floréal"

16.040 tm

1949

1956

"Floréal"

30.616 tm

1958

 

"Fructidor"

19.360 tm

1953

1966

"Fructidor"[2]

75.850 tm

 

 

"Messidor"

19.330 tm

1952

1967

"Messidor"[3]

80.000 tm

 

 

"Thermidor"

19.360 tm

1954

1965



 

 

[1] Coulé par bombardement le 20 juin 1940.

[2] Lancé le 7 septembre 1968 aux chantiers navals de la Ciotat. Mise en service fin 1968.

[3] En chantier à La Ciotat – mise en service en 1969.

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