1955.04.20.Note (sans émetteur ni destinataire).Société des transports maritimes pétroliers

Le PDF est consultable à la fin du texte.

Société des transports maritimes pétroliers

La société a été créée en 1936 sous forme de société anonyme au capital initial de F 700.000, porté successivement à F 3.500.000 en 1939, F 14.000.000 en 1941, F 28.000.000 en 1946, F 280.000.000 en 1949, puis F 560.000.000 en 1951. Le capital actuel est divisé en 560.000 actions de F 1.000. II n'existe pas de parts de fondateurs.
Le conseil d'administration est composé de :
M. Pierre Poulain : Président-directeur général
Anatole Bucquet : Directeur général de la Compagnie havraise péninsulaire
Henri Geoffray : Directeur général adjoint des Huileries du Nord
Raymond Meynial : Associé-gérant de Messieurs Worms & Cie
Martial Pitavino : Président des Établissements Fournier-Ferrier
La société exploitait à l'origine un pétrolier de 10.000 T appelé "Brumaire" qui fut coulé pendant la guerre. La flotte marchande française est restée réquisitionnée jusqu'en 1948. La société fit construire en 1947 au Danemark un pétrolier de 16.000 T qui lui fut attribué en remplacement du "Brumaire" par le gouvernement français. D'autre part, en 1939, la société avait commandé et déjà partiellement payé un autre pétrolier de 16.000 T aux mêmes chantiers danois. Ce navire lui fut livré en 1949 et appelé "Floréal". En 1948, la société a acheté en location-vente au gouvernement français un pétrolier T2 qu'elle nomma "Prairial" 17.000 T.
En outre la société poursuivit une politique d'accroissement de sa flotte utilisant toutes ses ressources et négligeant systématiquement les distributions aux actionnaires des bénéfices considérables qu'elle réalisait.
C'est ainsi que les chantiers danois d'Odense lui livrèrent en 1952 le "Messidor" 19.000 T - en 1953 le "Fructidor" 19.000 T - en 1954 le "Thermidor" 19.000 T - (tous trois sister-ships) et lui livreront en 1955 le "Champs-Élysées" 26.600 T et au début de 1957 le n°142 (qui s'appellera probablement "Floréal") 30.000 T.
En passant la commande du 142 la société a revendu au propriétaire des chantiers le "Floréal" livrable en fin de charte, en juin 1956, le prix net du 142 étant ainsi réduit de 450 millions. Pour des raisons internes le prix d'achat du 142 a été diminué à 1.550 millions et celui de vente du "Floréal" à 390 millions soit un prix net d'un milliard.

Tous ces navires, à l'exception de "Prairial", ont été construits par les chantiers danois Odenske Staalskibsvaert. Ils représentent un tonnage actuellement en service de 107.174 TM. Ce tonnage évoluera de la manière suivante :

janvier 1956 (mise en service du "Champs-Élysées")

153.774 TM

juin 1956 (vente du "Floréal")

117.734 TM

juin 1957 (mise en service du n°142)

148.134 TM

 

La totalité de la flotte, à l'exception du n°142 qui vient d'être commandé, fait l'objet de contrats d'affrètement d'une durée minimum de cinq ans. Ces contrats sont basés sur un prix mensuel révisable chaque semestre suivant les indices du coût de la vie publiée par le bulletin mensuel des statistiques générales de la France.

Caractéristiques des navires
"Prairial"

Portée en lourd : 17.034 TM
Jauge brute : 10.705 T
Navire de construction américaine du type T2, mis en service au mois d'avril 1945. Livré en location-vente en 1948, il deviendra la propriété de la société en 1956 après paiement des dernières semestrialités représentant au total 38 millions.
Affrété à la SGHP jusqu'au 30 juin 1957 pour un prix mensuel de :
- 26,8 millions jusqu'au 30 avril 1954,
- 20,5 millions jusqu'au 30 juin 1955,
- 19,7 millions jusqu'au 30 juin 1957.

"Germinal"

Portée en lourd : 18,050 TM
Jauge brute : 9.956 T
Mis en service en novembre 1947. Affrété à la Shell française jusqu'en mars 1953 à 24 millions et de mars 1953 a mars 1958 à l'Outre-mer des navires pétroliers (Caltex) au prix de 27,5 millions.

"Floréal"

Portée en lourd : 16.040 TM
Jauge brute : 9.989 T
Mis en service en 1949. Affrété à la SGHP au prix de 28,6 millions jusqu'au 30 juin 1956, date à laquelle il doit être livré à son acheteur.

"Messidor"

Portée en lourd : 19.330 TM
Jauge brute : 12.358 T
Mis en service en 1952. Affrété à la SGHP au prix de 28 millions jusqu'au mois d'avril 1957.

"Fructidor"

Portée en lourd : 19.360 TM
Jauge brute : 12.358 T
Mis en service en octobre 1953. Affrété à Esso-Standard au prix de 24,5 millions jusqu'en octobre 1952.

"Thermidor"

Portée en lourd : 19.360 TM
Jauge brute : 12.358 T
Mis en service en décembre 1954. Affrété à Esso-Standard jusqu'en décembre 1959 au prix de 26,6 millions.

"Champs-Élysées"

Portée en lourd : 26.600 TM
Jauge brute : 17.000 T
Sera mis en service en décembre 1955. Affrété à Antar Pétroles de l'Atlantique jusqu'en décembre 1960 au prix de 32 millions.

N°142

Portée en lourd : 30.000 TM
Jauge brute : 17.500 T
Livrable début 1957.

Rentabilité de la société

II convient tout d'abord de remarquer que les contrats d'affrètement actuellement en cours ont été signés de 1948 à 1954 ("Champs-Élysées"). Les taux auxquels ils ont été passés n'ont donc pas un caractère exceptionnel et la rentabilité qui en ressort pour la société présente de ce fait une valeur de référence.
Les résultats ont d'ailleurs régulièrement progressé au fur et à mesure de la mise en service de nouvelles unités ; ils ont été ventilés de la manière suivante pour les deux derniers exercices : [Voir le PDF.]
L'examen des comptes de navires montre que les temps d'arrêts ont été très réduits et que la société a reçu pour chaque navire de 11,4 à 11,8 fois le montant de la location mensuelle. Sur la base d'un coefficient de 11,5 le "Thermidor" apportera un bénéfice annuel de 195 millions et le "Champs-Élysées" un bénéfice de 220 millions environ. Compte-tenu des modalités d'affrètement du "Prairial" et de la vente du "Floréal", le bénéfice d'exploitation serait d'environ :
1.175 millions en 1955
1.275 millions en 1956.
Le bénéfice net avant amortissements, compte non tenu de l'annuité de location-vente du "Prairial" s'établirait à :
1.050 millions en 1955
1.150 millions en 1956.
La société étant en grande partie la propriété de la Maison Worms, les distributions de dividendes ont été réduites au minimum pour permettre un amortissement accéléré des navires.

Valeur de la société

Le bilan au 31 décembre 1954 fait ressortir une valeur comptable de 853 millions, compte non tenu du bénéfice distribuable. Au même bilan la flotte figure pour une valeur nette de 1.765 millions y compris 158 millions d'acomptes payés sur le "Champs-Élysées". La valeur de la société ne peut se déterminer que d'après la valeur actuelle des navires.
Une base de cette valeur est donnée par l'opération que vient de traiter la société avec le chantier danois d'Odense qui rachète le "Floréal" pour livraison en juin 1956 au prix de 350 millions et construit le nouveau pétrolier n°142 pour 1.350 millions. Ces prix ont été l'un et l'autre minorés pour faciliter la réalisation de l'opération. En effet, le n°142 est vendu presque le même prix que le "Champs-Élysées" alors qu'il est d'un tonnage supérieur et que son appareil moteur est nettement plus puissant. La valeur réelle du "Floréal" à ce jour se situe ainsi à 500 millions environ, ce qui confirme l'amortissement en quinze ans.
La valeur au 31 décembre 1954 des différents navires peut être fixée de la manière suivante :

 

"Prairial"

400 millions

"Germinal"

450 millions

"Floréal"

400 millions (350 millions + 18 mois d'amortissements)

"Messidor"

800 millions

"Fructidor"

1.000 millions

"Thermidor"

1.100 millions

"Champs-Élysées"

1.300 millions

"N°142"

1.500 millions

 

6.950 millions

 

II reste à payer sur ces navires - au 31 décembre 1954

 

"Prairial"

38 millions

"Germinal"

(soulte figurant au passif du bilan)

"Champs-Élysées"

1.070 millions

"N°142"

1.350 millions

 

2.458 millions

 

Valeur de la flotte nette de ses dettes

Hors-bilan

4.492

Valeur au bilan

1.765

 

2.727

Actif net comptable

 

853

 

3.580

Depuis cette date l'actif net s'est accru

d'environ

500 millions

soit environ

4.000 millions

 

Cette estimation tient seulement compte du prix international des navires alors que du fait de la protection le prix des navires sous pavillon français est beaucoup plus élevé.
Elle ne prend pas en considération la valeur des contrats d'affrètement qui assurent une plus-value importante à la flotte. Par exemple le "Floréal" estimé à 400 millions, rapportera en définitive du 1er janvier 1954 au 30 juin 1955 : 330 millions de bénéfice d'exploitation en plus de son prix de vente, soit au total 680 millions. Ainsi qu'il a été indiqué ci-dessus ces contrôles assurent pour les exercices à venir un bénéfice annuel supérieur à 1 milliard de francs. En particulier le "Champs-Élysées" représente une valeur certaine dès maintenant, un contrat d'affrètement assurant son amortissement presque intégral en cinq ans. Il en est de même du "Thermidor" qui vient d'être mis en service. Pour ces trois seuls navires, la plus-value en puissance est de l'ordre de 1.500 millions.
Il n'est dans les calculs absolument pas fait état de la valeur du fonds de commerce c'est-à-dire de ce que représente tout l'organisme de gestion : équipages, services d'armements, d'approvisionnements, de contrôle et de surveillance des navires, organisation administrative, etc. dont on connaît l'importance dans cette industrie.
En conclusion, on peut prudemment évaluer la valeur de cette compagnie aux environs de 5.500 millions, sans tenir compte du fonds de commerce et des éléments incorporels.
Si l'on cherche à déterminer la valeur par les résultats on arrive d'ailleurs à des chiffres comparables. La flotte estimée 6.500 millions amortissables en moyenne en 12 ans, représente une annuité d'amortissement de 550 millions. Comme le bénéfice brut sera en 1955 d'au moins 1.100 millions le bénéfice net laisserait un chiffre d'environ 550 millions. Même sous déduction de 36% d'impôt, soit 200 millions, le solde distribuable de 350 millions correspondrait à un rendement de 6,40% environ sur une évaluation de 5.500 millions. Lorsque le "Champs-Élysées" et le 142 seront en service le tonnage accru de 40.000 T nettes (sous déduction du tonnage du "Floréal") devrait donner des produits beaucoup plus importants.

20.4.55

Back to archives from 1955