1949.05.13.Des Renseignements généraux.Rapport sur la Banque Worms

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13 mai 1949

Direction des Renseignements généraux
SF/N°543
a.s. de la Banque Worms

La Maison Worms a été fondée en 1847. Son directeur actuel, Hippolyte Worms, est le petit-fils du fondateur, il s'agit d'une société en nom collectif qui fut toujours entre les mains de la famille Worms. Cependant, ce n'est que depuis 1929 qu'on parle sérieusement du rôle du groupe Worms dans la politique.

I. - La Maison Worms de 1929 à 1940
A/ Son ascension économique et financière avec Jacques Barnaud
En 1929, la société Worms et Cie n'était qu'une bonne entreprise moyenne, convenablement menée, qui s'occupait d'affrètement et de construction de navires. Elle était dirigée par deux associés-cogérants, MM. Michel Goudchaux et Hyppolite Worms.
Le 31 décembre 1929, M. Jacques Barnaud, qui était directeur général à la Banque depuis 1928, se rendit acquéreur d'une partie de la commandite et devint associé en nom collectif et cogérant.
Sous l'impulsion de cet ancien polytechnicien, les chantiers de constructions de navires prirent une grande extension, les affaires de charbonnages se multiplièrent. Un département bancaire fut créé dont il prit la direction.
La Banque Worms entreprit alors l'acquisition d'intérêts et de participations importantes dans toutes les branches de la grande industrie française.
Transports maritimes
- Chargeurs réunis
- Compagnie havraise péninsulaire
Charbonnages
- Compagnie charbonnière Klöckner
- Union d'exportateurs français pour l'Europe du Nord
- Comptoir central des agglomérés de houille du littoral français
- Compagnie charbonnière du Midi
etc.
Pétroles
- Société française de transports pétroliers
Mines
- Compagnie indochinoise d'exploitations minières et agricoles
- Compagnie minière coloniale
- Estrellas mining du Canada
Électricité
- Lyonnaise des eaux et de l'éclairage
Métaux précieux
- Entreprise Marret Bonnin
Produits chimiques
- Société minière des Terres Rares
Métallurgie
- Comptoir sidérurgique de France
etc.
Étendant son activité à des affaires étrangères, la Banque Worms, sans chercher le plus souvent à les contrôler financièrement, se contente d'y prendre des participations qui lui permettent d'y avoir des représentants.
En 1928, elle participe à la création de la Société canadienne French and Foreign Investing Corporation de Québec, en liaison avec le groupe international, Lazard Frères, (Paris-Londres-New York) avec la grande banque américaine Morgan & C°, les Rothschild, le groupe Samuel de Londres, la banque protestante, Vernes et Cie, de Paris, et la Kreuger & Toll, du financier suédois Ivar Kreuger.
En 1929, elle fonde à Rotterdam la Société franco-néerlandaise de finance et de commerce. En 1930, elle intervient dans la société française dite Société franco-persane de recherches (de pétrole) et, en 1931, elle participe aux opérations en France de la société hollandaise dite Compagnie générale de prêts fonciers, en accord, encore une fois, avec la Banque Lazard Frères et le Groupe Kreuger, représenté par la Banque de Suède et de Paris. Elle se crée des liens d'intérêts puissants avec les banques de Londres et de New York, et a pour correspondants bancaires :
- à Londres, M. Samuel & C° Ltd, Hambros Bank Ltd, Lazard Brothers & C° Ltd.
- à New York , Brown Brothers Harriman & C°, Guaranty Trust Cy of New York.
Par ses affaires d'affrètement, elle entre en relations suivies et étroites avec les fournisseurs mondiaux de mazout et d'essence, principalement la Shell et le groupe anglo-hollandais de Sir Henri Deterding.
Forte de ses appuis anglo-saxons, la Banque Worms, toute nouvelle venue, rivalise avec les plus grandes et les plus anciennes banques françaises, et même souvent les supplante. Elle reçoit du gouvernement français des missions que n'obtinrent jamais les plus grandes banques françaises, telle, par exemple, que la constitution, quelque temps avant la guerre, de la Société française de Transports pétroliers et l'acquisition en quelques mois pour le compte de cette société des tank-steamers qui constituèrent la flotte pétrolière française.
L'activité de la banque est si fructueuse que, le 11 janvier 1940, en pleine guerre, elle porte son capital de 4 à 40 millions par la simple incorporation au capital d'une somme de 36 millions prélevés sur les réserves.
Ce prodigieux développement est dû, avant tout, à l'habileté et à l'activité de Jacques Barnaud. Cultivant et entretenant avec soin les relations de camaraderie et d'école de hauts fonctionnaires de sa génération, tels que MM. Baudouin, Bouthillier, Lehideux, Berthelot, etc., il est arrivé à créer autour du groupe Worms une sorte de franc-maçonnerie d'amis, de collaborateurs et d'associés, qui allait donner toute sa mesure pendant les années d'occupation.
B/ Son rôle politique avec Gabriel Le Roy Ladurie
De 1929 à 1940, le rayonnement politique de la banque est strictement parallèle à son développement économique.
Alors que Michel Goudchaux s'occupe particulièrement des questions administratives intérieures, Hippolyte Worms des questions d'affrètement, de pétrole et de charbonnages, et Jacques Barnaud des questions bancaires, M. Gabriel Le Roy Ladurie joue le rôle d'un secrétaire général politique. Ce dernier est un ancien collaborateur de la Banque de Paris et des Pays-Bas, entré en 1929 chez Worms en qualité de directeur des Services bancaires.
.Jusqu'en 1929, la Banque Worms s'était soigneusement abstenue de toute immixtion politique, Le Roy Ladurie par ses relations personnelles dans les milieux influents, engage successivement la banque dans des interventions politiques diverses.
Il fournit tout d'abord des fonds au mouvement Croix de Feu et au colonel de La Rocque. Mais les deux hommes se fâchent au moment de la dissolution des ligues, Le Roy Ladurie exigeant alors une action violente et La Rocque refusant de lui donner satisfaction.
Le Roy Ladurie joue ensuite un rôle important dans la fondation du Parti populaire français de Doriot, qui reçoit de lui des sommes considérables. Lors de la séance inaugurale du PPF, en 1936, au Vélodrome d'Hiver, Le Roy Ladurie figure personnellement sur la tribune d'honneur derrière le chef.
Notons d'ailleurs, qu'à cette époque, la Banque Worms n'était pas la seule à fournir des subsides au PPF. Selon les déclarations, lors de son arrestation, d'Émile Masson, trésorier du PPF, les Banques Rothschild, Lazard, Dreyfus, Vernes, Banque nationale pour le commerce et l'industrie, versèrent, elles aussi, de l'argent à Jacques Doriot, en qui elles voyaient un rempart contre le communisme.
Cependant, Le Roy Ladurie nouait à la même époque des relations avec des personnalités gouvernementales. Il se liait avec M. Paul Reynaud et la comtesse de la Porte, et entrait en contact étroit avec les milieux de l'ambassade britannique, particulièrement avec Sir Ch. Mendl, qui passe pour avoir été, jusqu'en septembre 1939, le véritable chef de l'Intelligence Service en France. M. Gabriel Le Roy Ladurie prévoit alors que la guerre avec l'Allemagne est inévitable et s'y prépare. La lutte contre le communisme lui paraît perdre de son importance. Au même moment, les événements de Munich, accentuant le glissement du PPF au national socialisme, Le Roy Ladurie rompt avec Doriot à la fin de 1938.
D'ailleurs, Le Roy Ladurie n'avait jamais considéré La Rocque et Doriot que comme des expédients. Sa grande idée était la restauration de la monarchie. Très intime avec une des branches de la famille d'Harcourt, il entretenait depuis toujours des relations suivies avec le comte de Paris.

II.- La Banque Worms sous l'occupation - la synarchie
Avec l'occupation de la France par les armées allemandes et l'avènement du gouvernement de Vichy, il semblait que la Banque Worms dût disparaître. Tout en apparence l'y condamnait, ses origines israélites, ses attaches anglaises, ses relations maçonniques.
Cependant, moins d'un an après l'armistice, la Banque Worms contrôlait les plus importants ministères du gouvernement de Vichy.
Cette étonnante réussite peut s'expliquer de la façon suivante :
- En premier lieu, les dirigeants israélites de la banque surent s'effacer à temps, laissant la direction de la banque aux associés aryens, secrètement chargés de leurs intérêts. Le 18 octobre 1940, M. Michel Goudchaux démissionna. M. Hyppolite Worms, de retour de Londres où pendant la guerre lui avaient été confiées les fonctions de chef de la mission française des Transports maritimes, resta dans l'ombre.
Le Roy Ladurie et Barnaud prirent la direction officielle de la banque. Le premier par habileté, le second plutôt par conviction, mais tous les deux entretinrent d'excellentes relations avec les autorités allemandes et particulièrement avec le premier contrôleur de la Banque M. [Beines] von Ziegesar, petit être vaniteux mais bon type qui, après quelques dîners, ne tarit plus d'éloges sur la maison qu'il surveillait.
En second lieu, MM. Barnaud et Le Roy Ladurie avaient des liens d'amitié et d'intérêts puissants avec toute une équipe d'anciens polytechniciens et de technocrates que l'amiral Darlan amena au pouvoir en février 1941. La Banque Worms devint toute puissante et Georges Valois put dire que le véritable siège du gouvernement n'était pas à Vichy, mais dans le bureau directorial de la Banque Worms, boulevard Haussmann, à Paris.
Sur la collaboration de la Banque Worms, sur son appartenance à la synarchie, de nombreux écrits ont été publiés depuis la Libération. La France intérieure a fait paraître, en mars 1946, le rapport du Docteur Michel, qui fut, à l'Hôtel Majestic, un des chefs de l'administration militaire allemande. Les conclusions de ce rapport semblent résumer judicieusement la question de la synarchie.
Il ne s'agit pas d'une formation semblable à un parti politique mais d'un cercle très ouvert de jeunes techniciens des affaires. Ils n'avaient joué avant la guerre aucun rôle politique et n'avaient pas appartenu au Parlement. Certains de ses membres n'ont été mis en avant que pour la conduite des négociations d'armistice avec l'Allemagne et seulement en qualité d'experts économiques : d'autres furent appelés par la suite aux postes directeurs des ministères économiques et montèrent ainsi sur la scène politique. Sous ce rapport le cartel bien connu Worms et Cie (banques, entreprises commerciales, compagnies de navigation) joua un rôle d'autant plus grand qu'un de ses co-propriétaires, Jacques Barnaud, fut, de juillet 1940 à février 1941, secrétaire d'État au Travail et à l'Economie, puis de février 1941 à avril 1942, délégué général pour les relations économiques franco-allemandes. Plus tard ce fut Pierre Pucheu, avant la guerre, directeur général d'une entreprise du groupe Worms et qui fut, de février à juin 1941, ministre de la Production, puis jusqu'en 1942, ministre de l'Intérieur. Enfin Jacques Le Roy Ladurie, dont le frère était le directeur du groupe bancaire du cartel Worms et qui fut lui-même ministre du Ravitaillement dans le deuxième cabinet Laval.
Il faut ajouter François Lehideux, à 37 ans, directeur général des Usines Renault, qui succéda à Pucheu au ministère de la Production, et Benoist-Méchin, quelque temps secrétaire d'État aux Affaires étrangères ; ces deux derniers personnages étaient très liés avec Barnaud et Pucheu.
Enfin, le ministre des Finances, Yves Bouthillier était un ami personnel de Barnaud et le ministre de l'Agriculture, Caziot, un ami de Le Roy Ladurie.
Sous l'occupation, la Banque Worms devint la maîtresse de toute l'économie française car Jacques Barnaud réussit à mettre des hommes de paille de la banque à la tête de la plupart des Comités d'organisation professionnelle qui, suivant une loi du gouvernement de Vichy, étaient chargés de la répartition des matières premières dans chaque industrie.
Cette incroyable ascension de la Banque Worms ne passa pas inaperçue de l'opinion publique. Certes, les journaux de Vichy, sévèrement censurés, n'en dirent rien, mais les journaux de Paris, soumis aux Allemands, étaient libres par rapport au gouvernement de Vichy, qu'ils accusèrent, dans le courant de l'été 1941, de trahir la politique de collaboration.
Le 21 août 1941, Costantini, dans son journal "L'Appel", dénonça la synarchie et adressa au Maréchal la lettre suivante :
« J'accuse une bande organisée d'avoir fomenté un complot contre la vie et l'avenir de la patrie... Une association mystérieuse de polytechniciens, d'inspecteurs des Finances et de financiers, dite Synarchie, s'est constituée depuis dix ans en France pour prendre le pouvoir... Les accords de Montoire, qui vous ont tant coûté, ont été systématiquement sabotés par la synarchie... »
Entre autres buts, le Mouvement synarchique poursuit :
- la main-mise sur l'industrie française
 - le sabotage de la politique du Maréchal
- la protection des groupes financiers juifs et anglais.
"L'Appel" promettait d'autres révélations. D'ores et déjà il mettait nommément en cause Hypolite Worms et ses amis. Mais avant que Costantini ait pu publier de nouveaux articles, le ministre de l'Intérieur, Pierre Pucheu, faisait perquisitionner au siège du journal et, à sa demande, les autorités de police allemande interdisaient à "L'Appel" et "Au Pilori" de donner d'autres renseignements sur la synarchie. La campagne n'eut pas de suite.
Pour apprécier à sa juste valeur le rôle joué par le groupe Worms sous le gouvernement de Vichy, il faut garder présente à l'esprit l'idée que les Worms n'agissent qu'en fonction de leurs intérêts sans parti pris idéologique.
Pour se couvrir du côté des provisoires vainqueurs, Hypolite Worms a mené de multiples combinaisons avec les financiers allemands. On dit qu'il parvint à établir des relations d'intérêts avec le groupe Goering.
Certains observateurs pensent même que le groupe Worms aurait imaginé de collaborer avec certains groupes industriels allemands en dehors des nazis et contre Hitler.
Pierre Nicolle, représentant à Vichy de la Confédération générale de la production française, (maintenant la CNPF), écrit à la date du 3 août 1941 :
« Un des chefs du Parti national socialiste m'a dit être fort intéressé par les agissements des financiers qui évoluent ici, autour des ministres. Pour lui, la pression exercée par la Banque Worms dépasse le cadre national ; il recherche quels pourraient être en Allemagne les correspondants de Pucheu et de Barnaud. L'impression de cet Allemand est que, même en Allemagne, il se développe à l'heure actuelle un grand mouvement de défense du capitalisme de spéculation avec des ramifications directes aux États-Unis et en Angleterre. »
La position réelle du groupe Worms est assez bien illustrée par le double fait que dès avant la guerre il était lié, d'une part avec le groupe gallois Powell Duffryn et, d'autre part, avec le groupe allemand Klockner, et par l'heureuse formule de Dominique Sorbet : « Pour la haute-finance, le fin du fin fut de jouer la collaboration franco-allemande au comptant et la victoire américaine à terme. »
Dès que la défaite allemande apparut certaine aux initiés, c'est-à-dire en novembre 1942, le groupe Worms opéra son changement de front et resserra ses attaches avec ses amis britanniques.
Pucheu s'enfuit en Afrique du Nord, où il ne pensait pas certes trouver la mort. Barnaud abandonna en décembre 1942 ses fonctions de délégué général aux affaires franco-allemandes et Le Roy Ladurie dont l'attitude pro-anglaise devenait manifeste, fut arrêté par la Gestapo le 7 mars 1944.
A la libération, un mouvement inverse, mais tout aussi calculé que celui qui se produisit au début de l'occupation, eut lieu à la direction de la Banque Worms. Dès le 14 septembre 1944, Jacques Barnaud et Le Roy Ladurie, trop compromis, donnèrent respectivement leur démission d'associé-gérant et de directeur.
Le même jour, Hyppolite Worms fut écroué à Fresnes pour intelligence avec l'ennemi. Mais, dès le 21 janvier 1945, il était libéré et son affaire classée le 23 octobre 1946 par le juge Thirion.
III.- La situation actuelle de la Banque Worms
Toujours constituée en société en nom collectif et commandite simple, inscrite au Registre du commerce de la Seine sous le n°24.842, son siège est 45, boulevard Haussmann, et le capital de 40 millions.
A la suite des modifications de septembre 1944, la direction actuelle se présente ainsi :
Associés-gérants : Hyppolite Worms, Robert Labbé, Raymond Meynial
Secrétaire général : Philippe Simoni
Il y a un certain nombre d'associés commanditaires parmi lesquels on peut citer :
- Madame Emmanuel Fauchier-Delavigne
Les membres de la famille Fauchier-Delavigne appartiennent au monde de la politique et des affaires ; ainsi, une Colette Fauchier-Delavigne est mariée au comte Bernard de Menthon, frère du comte François de Menthon, actuellement député MRP, ancien ministre de la Justice,
- Madame Adrien Fauchier-Magnan
Un Fauchier-Magnan, prénommé Henry, a épousé en 1947 Melle Marie-Rose Mirabaud, de la célèbre famille Mirabaud, banquiers protestants à Paris.
- MM. Roger, Raymond et Michel Leroy, etc.
La direction de la banque est assumée par les trois associés-gérants.
Worms Hyppolite, né le 26 mai 1889 à Paris, fils de Lucien et de Houcke Virginie, est domicilié 4, avenue Émile Deschanel, à Paris.
Le 14 février 1912, il a épousé à Londres une Anglaise, Melle Lewis-Morgan, dont il a une fille, mariée à un Anglais, nommé Clive, fils de l'ancien ambassadeur de Grande-Bretagne à Tokyo.
Il est présidant des conseils d'administration de :
- la Société française des transports pétroliers,
- la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire de navigation,
et administrateur :
- des Distilleries d'Indochine,
- Entreprise de dragages et de travaux publics.
Labbé Robert, Marcel, né le 5 avril 1907 à Paris (7ème) de Jean et de Goudchaux Marie, a épousé le 25 mai 1945 à Paris, Melle Taffanel Jacqueline. Il demeure 1, avenue Georges V à Paris.
Il est président directeur des :
- Ateliers et Chantiers de la Seine maritime,
et administrateur de :
- l'Union financière d'entreprises françaises à l'étranger,
- la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire de navigation.
Meynial Raymond, Jacques, Marie, né le 1er juillet 1908 à Montpellier, est domicilié 123, avenue Mozart et 60, avenue Paul Doumerc, à Paris.
Il joue un rôle très important à la Société des produits chimiques des Terres Rares dont il est administrateur.
Après l'alerte des premiers temps de la libération, la Maison Worms a repris son activité.
Dans les affaires de navigation, elle possède toujours d'importants intérêts aux Chargeurs réunis ; elle est, à Marseille, le principal agent de cette compagnie. MM. Hyppolite Worms et Robert Labbé sont administrateurs de la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire de navigation.
Dans les affaires de charbonnages, elle a renoué les relations d'avant-guerre avec le groupe anglais Powell Duffryn.
En septembre 1946, elle a patronné l'augmentation de capital de la société Au Bon Marché portant sur 225 millions.
Enfin, la Maison Worms fait preuve d'une activité grandissante dans le consortium bancaire Union financière d'entreprises françaises et étrangères. Cette union a été constituée en 1946 sous le patronage du gouvernement français et de la Banque de France. Elle a pour objet de procurer des crédits aux firmes industrielles françaises, en faisant appel aux centres bancaires de Londres et de Washington. Avec ces crédits les sociétés françaises doivent importer des matières premières pour la fabrication en vue de réexportation ultérieure. Les crédits sont remboursés au moyen de ces ventes à l'étranger.
Outre la Banque Worms, l'Union financière d'entreprises françaises et étrangères comprend :
- le Crédit du Nord, représentant la finance catholique gallicane spécialement du Nord,
- la Société générale de crédit commercial et industriel qui représente la banque catholique ultramontaine,
- l'Union européenne industrielle et financière, qui représente le groupe Schneider.
Au point de vue politique, la Banque Worms n'a certes pas retrouvé l'immense pouvoir qu'elle exerça avant-guerre, et surtout sous l'occupation.
Mais elle poursuit certainement à l'heure actuelle un travail de sape qui commence à affleurer par endroits.
Dans les milieux syndicaux, son principal agent serait Georges Albertini, l'ancien secrétaire de Déat et du PNP. Albertini et Hyppolite Worms auraient partagé à Fresnes la même cellule.
Georges Albertini rédige actuellement le bulletin syndicaliste publié par le Bureau d'études et de documentation économiques et sociales (Bédés), 30, rue Guersant, dont le gérant est Paul Zunz, dit Mathot, membre influent de la CGT-FO et l'homme de paille du Conseil national du patronat français.
Notons, enfin, que le 28 janvier 1949, Jacques Barnaud, qui fut l'animateur de la Banque Worms de 1928 à 1944, a obtenu un non-lieu. Sa rentrée officielle à la Banque Worms est imminente.


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