1949.00.Du directeur général des succursales Worms et Cie d'Anvers et Gand.Rapport

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Rapport du directeur général

[Anvers] L'activité de la société est double : elle porte sur l'agence de lignes régulières et l'agence de tramps, d'une part, et d'autre part sur des opérations de transit. Je me propose de vous donner quelques détails sur chacune de ces branches, et enfin de vous parler de la succursale de Gand et du portefeuille.
Au cours de 1949, nous avons eu à nous occuper de l'agence de 185 navires dont 91 avec des charbons et 94 avec des diverses. Les circonstances n'ont pas encore permis aux armements réguliers d'avant-guerre de reprendre leur "cadence régulière". C'est ainsi que seulement 30 navires Worms ont chargé des diverses, 5 navires Nochap contre une moyenne de 14 avant guerre, et 3 navires de la Sanpan contre une quinzaine avant-guerre.
Sur les 91 navires charbonniers, 54 ont chargé à notre consignation des charbons pour l'Atic. L'agence, réservée en C/P aux armateurs, nous a été confiée par eux en tant que leurs représentants réguliers. Nous y trouvons en ordre principal, en dehors de 5 navires Worms, 10 de la Société nationale d'affrètements ; 28 de la Société navale caennaise et 7 de l'Union industrielle et maritime. Nous nous efforçons de maintenir avec ces anciens et fidèles clients les relations les plus cordiales.
II me faut toutefois regretter que ce trafic de charbons allemands ne nous ait pas été aussi profitable qu'il aurait pu l'être. Tout d'abord, l'Atic s'est réservé le monopole des affrètements qu'elle a choisi de traiter en Angleterre, alors qu'avant-guerre c'est ici qu'étaient conclus les affrètements des charbons destinés à l'Électricité, au Gaz et à une grande partie de l'industrie. Un calcul approximatif indique qu'un fret global de £ 280.000 a été payé par l'Atic au départ d'Anvers. On peut admettre que 2/3 de ce tonnage, destinés à des organismes dont nous sommes les agents maritimes, auraient été affrétée par nous, ce qui, au taux normal de courtage, aurait pu nous rapporter environ F 400.000.
Reste la question des consignations que l'Atic laisse aux agents des armateurs. Tant qu'il s'agit de tonnage français, rien à dire. Mais lorsqu'il s'agit de tonnage autre que français, l'Atic, malgré nos demandes réitérées, s'est obstiné, pour des motifs incompréhensibles, à en laisser le choix aux armateurs.
Il y a là, à mes yeux une méconnaissance regrettable des intérêts français à l'étranger et je dois avec regret, constater que la France est le seul pays qui agit de la sorte. L'Atic a dû faire appel au cours de 1949 à 73 navires étrangers pour un total de 167.000 tonnes. Un calcul analogue à celui des affrètements m'amène à constater que notre société aurait pu, en cas d'affrètement avec la clause "Charterers' agents", recevoir des consignations lui laissant environ F 250.000.
II est inutile d'épiloguer sur le passé, mais je ne puis m'empêcher de noter qu'avec une compréhension plus rationnelle des intérêts français à l'étranger, et sans qu'il en eut coûté un sou à l'Atic, nous aurions pu bénéficier de rentrées importantes, nous revenant en toute équité, alors que ce transit de charbons allemands pour la France profite en majeure partie à nos concurrents sur la place, pour qui cette activité est pour le moins inattendue.
Quoi qu'il en soit, un accord a été conclu en fin d'année sous l'égide de l'Atic, qui partage les manutentions entre la Communauté rhénane, la Maison Mory et nous-mêmes. J'en espère quelque profit, mais surtout je veux y voir un premier pas vers le retour à la liberté. Je forme le vœu que cet accord soit exécuté par nos collègues dans le même esprit que celui que nous y apporterons.
Parmi l'agence de charbonniers, je relève 38 navires importateurs, destinés à la Belgian Bunkering C°, dont nous avons eu l'agence, et qui nous ont laissé un profit brut de F 61.408, soit un intérêt indirect de 13.5% sur notre portefeuille.
Le département transit a payé plus lourdement son tribut à la crise, mais il faut reconnaître qu'en 1943 il avait bénéficié de l'importation de tonnages importants mais exceptionnels de nitrates d'ammonium pour la Sipa et de céréales pour l'Onic, qui ont fait complètement défaut en 1949. Le démarchage de la clientèle n'a pas ralenti, au contraire, et a permis d'enregistrer une augmentation sensible des tonnages à l'exportation, passés de 1.320 tonnes à 3486 tonnes et des mises à bord, passées de 16.083 tonnes à 23.801 tonnes. Malheureusement, l'âpreté de la concurrence n'a pas permis d'enregistrer une augmentation correspondante des profits. Nous avons été, en effet, obligés de "lâcher du lest" pour ne pas risquer de perdre de vieux clients et il est à craindre que cette baisse des prix ne soit qu'amorcée.
Pour la Succursale de Gand, nous avons été assez heureux grâce à nos relations avec les représentants de l'Atic en Belgique, d'avoir l'occasion, avec l'aide d'une Maison amie, de nous installer comme manutentionnaires et de pouvoir effectuer des transbordements de charbons belges sur navires de mer et de charbons allemands de chaland sur wagons. L'ensemble des opérations nous a laissé un profit brut de F 215.033,25, et nous avons enregistré :

8 consignations et 3 surveillances

F 43.300.

Transit

F 9.440.

Manutentions : 52.790 tonnes

F 162.300.

Ce trafic de charbons belges a malheureusement disparu, mais nous avons conservé notre licence d'arrimage et espérons bien nous en servir pour l'exécution d'autres travaux.
Nous avons cependant dû déplorer, en cours d'année, la perte de l'agence à Gand de la Société navale caennaise, que nous y représentions depuis 30 ans. Elle nous a expliqué que pour des questions de trafic, et tout en étant parfaitement satisfaits de nos services, elle avait dû modifier sa représentation.
Successeur d'une succursale de la Maison Worms, ouverte en 1919, nous sommes une jeune société au passé cependant déjà ancien. Notre nom est bien connu et estimé et je sais que, grâce au dévouement et l'activité de notre personnel, l'avenir peut être envisagé avec confiance. Je tiens d'ailleurs à remercier tout spécialement tous ceux qui, à Paris, ont beaucoup facilité notre action, et Monsieur le président Labbé me permettra de citer en tout premier lieu, notre administrateur, Monsieur L. Vignet.
Pour en revenir au personnel, je vous demanderai de vous associer à moi pour le féliciter de son effort. Cinq membres ont reçu au cours de 1949 la décoration industrielle de 1ère classe pour 30 ans d'ancienneté. Enfin le gouvernement français a bien voulu octroyer à MM. Keersmaekers & Ceulemans l'ordre du Nichan Iftikhar et à notre sous-directeur, Monsieur Dewint, dont l'éloge n'est plus à faire, la Croix de chevalier du Mérite maritime.

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