1938.01.10.Note (sans émetteur ni destinataire).Cabotage

Copie de lettre

Le PDF est consultable à la fin du texte.

10 janvier 1938

Exploitation des lignes de cabotage

La présente note n'est que la suite de celle qui fut remise à Monsieur le directeur de la Flotte commerciale, le 12 août 1937, et dont copie ci-jointe.
Tableau comparatif des dépenses
Ce sont encore les dépenses de 1935 qui sont comparées à celles de 1938, car 1935 fut la dernière année où il ne se produisit pas de changement important dans Ies frais d'exploitation ou autres. Sans doute, on aurait pu prendre le 1er semestre de 1936, en multipliant par 2 les dépenses, de façon à comparer ce produit avec les dépenses estimées de 1938. Le résultat eût été sensiblement le même mais cette manière de faire avait l'inconvénient de ne pas utiliser des chiffres comptables, car il n'y a pas d'arrêt des comptes à la fin du 1er semestre de l'année.
Dans le tableau ci-après, la colonne "Dépenses 1935" a subi une légère modification, au poste "amortissements" : le montant de F 1.258.336 est remplacé par l'indication de F 1.364.119, à la suite de la rectification d'une erreur, d'ailleurs d'un ordre de grandeur insignifiant.
Pour ce qui est de l'année 1936, le calcul des dépenses a été établi comme suit :
On a pris comme base de départ celle de 1937 (voir tableau de la note du 11 août 1937) : on a calculé le pourcentage des augmentations qui se sont produites depuis cette époque et dont il n'avait pas été tenu compte, et ce, quelle qu'en soit la cause - accroissement du prix des matières et denrées, de la main d'œuvre, des charges sociales ou autres ; on a supposé, enfin, qu'au cours de l'année 1938, tout serait stabilisé aux niveaux du 31 décembre 1937.
En ce qui concerne les amortissements, il convient de remarquer que ceux qui ont été indiqués dans la note précitée ne sont, pour la totalité, que des amortissements fictifs, dont la mention en écritures n'avait d'autre conséquence que d'augmenter d'autant la perte de l'année considérée.
Le tableau ci-contre indique, en même temps que ces amortissements, ce qu'étaient les pertes avant qu'ils ne fussent pratiqués et ce qu'elles deviennent après.
Leur importance mérite d'être soulignée ici : [Voir PDF, tableau]. 
Quant aux chiffres des amortissements eux-mêmes qui ne correspondent, en fait, à aucune réserve prélevée sur des bénéfices, ils ne représentent pas, loin s'en faut, la somme qui serait actuellement nécessaire pour faire face à la nouvelle situation.
En 1938, en effet, le prix de la construction navale a atteint un tel niveau qu'il convient de cesser les errements anciens qui consistaient à amortir la valeur d'achat du navire en quelque 20 ans : une entreprise qui agirait ainsi maintenant irait à la faillite d'une façon certaine et prompte.
En fait, la valeur d'une tonne de portée en lourd, pour des navires de 1.500 à 3.000 tonnes, à deux ponts, tels qu'ils sont nécessaires pour le cabotage et d'une vitesse fort modeste de 12 nœuds - peut être évaluée à francs 6.000.- la tonne.
Le port en lourd utilisé par nos lignes de cabotage national étant d'environ 20.000 tonnes, la valeur de remplacement à considérer est voisine de 120 millions.
C'est la moitié de cette somme que, dans une bonne gestion, il aurait dû être mis de côté au cours des 10 dernières années visées dans le tableau ci-dessus, soit 60 millions.
En face de ce chiffre exorbitant, il n'y a rien.
C'est pourquoi il conviendrait, en 1938, de prévoir un amortissement effectif de F 6.000.000.-
Poser le problème n'est malheureusement pas le résoudre.
[Voir PDF, tableau.]
Recettes
Les recettes du 1er semestre 1937, au cours duquel aucune augmentation du prix des chemins de fer n'a permis d'augmentation correspondante des frets au cabotage national, se sont élevées à : F 9.867.515.80.
De sorte que, pour l'année, si aucune augmentation n'avait été pratiquée, les recettes eussent été de : F 19.735.031.60
Les différentes augmentations de tarifs permettent, au 1er janvier 1938, de pratiquer une majoration de 52,52% sur l'époque considérée, de sorte que les recettes de 1938, toutes choses égales d'ailleurs, se monteraient à : F 30.099.570.
La différence laisse apparaître un déficit de : F 9.577.578,-
C'est-à-dire une parte supérieure de F 3.500.000.- à l'amortissement nécessaire.
Si le coefficient 8 est maintenu, il donnerait, pour les 13 navires (environ 17.000 tx. de jauge brute) du cabotage national :
a) sur l'intégralité de la jauge brute,
b) en tenant compte de la correction due à l'insuffisance des recettes,
1.425.000 x 8 x 45 = 5.150.000 environ
100
et le déficit restant serait approximativement de : F 4.450.000.
C'est-à-dire encore près de l'amortissement nécessaire.
[Voir PDF, tableau].
En d'autres termes, même avec l'appoint du coefficient 8, les résultats escomptés ne permettraient de couvrir, effectivement, qu'un amortissement de F 1.550.000 au lieu des F 6.000.000 reconnus nécessaires.
Ils ne couvriraient pas davantage, bien entendu, les pertes antérieures qui, pour les dix dernières années, se chiffrent par des dizaines de millions, ainsi que le montre le tableau de la page 3.


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