1934.02.02.De M. Guillet - Compagnie nantaise de navigation à vapeur.A Hypolite Worms

Photocopie de lettre

Le PDF est consultable à la fin du texte.

Compagnie nantaise de navigation à vapeur

Nantes, le 2 février 1934
Monsieur Hypolite Worms
45, boulevard Haussmann
Paris

Cher Monsieur Worms,
Vous avez parfaitement bien fait de m'écrire comme vous venez de le faire ; cela ne me déplaît aucunement, bien au contraire. Entre nous, il ne doit y avoir aucune arrière-pensée.
Un mot maintenant de l'affaire de Brest.
Quand Messieurs Chevillotte Frères eurent décidé de prendre leur retraite et de céder leur maison de représentation, tout le monde en a été informé, sauf nous-mêmes.
Nous avons appris un beau jour que leur Maison de représentation passait sans délai à un de leur parent, Monsieur Pitel, représentant des Assureurs maritimes, si je ne me trompe, et certainement l'agent de la CGT.
Nous étions donc restés dans le silence supposant que la représentation de la Compagnie Nantaise continuerait comme devant entre les mains du successeur des Chevillotte, CGT- CNNV.
Or, un beau jour, il nous fut déclaré brusquement que M. Pitel ne voulait pas s'occuper des intérêts de la Compagnie nantaise à Brest et notre Compagnie resta sans agent un temps assez long, plusieurs semaines, au moins.
A ce moment, je dois vous l'avouer, je n'ai aucunement pensé à la présence à Brest, d'une succursale de votre Maison.
La chose peut vous paraître extraordinaire, peu aimable même, mais c'est ainsi.
Mon excuse, s'il y en a, est qu'à cette époque, je m'occupais beaucoup plus de la Méditerranée, et des menaces qui se sont réalisées.
J'ajoute aussi que votre représentant de Brest, très certainement au courant de ce qui se passait dans cette ville, n'a sans doute pas plus songé lui-même à vous en prévenir, comme il n'a pas songé davantage à nous approcher, nos relations étant cependant fréquentes.
Je ne voudrais pas être accusé de dire la moindre malice mais peut-être cet agent s'est-il dit, lui aussi, que la Compagnie nantaise, décapitée, ne présentait plus à Brest le moindre intérêt pour son agence ?
Que ce soit ceci ou que ce soit cela, le fait est là. Je le reconnais tout à fait et j'ajoute que je m'en excuse près de vous. J'ajoute encore que j'en suis désolé.
Est-il besoin de vous rappeler, cher Monsieur Worms, que je n'ai jamais cessé depuis longtemps de demander une cohésion beaucoup plus grande de nos directions. S'il en avait été ainsi, l'incident de Brest ne se serait pas produit certainement.
J'espère bien qu'avant longtemps nous pourrons, sans doute, vous donner la preuve que nos sentiments à l'égard de votre Maison ne sont, certes, pas modifiés.
Je vous réitère, cher Monsieur Worms, le regret de ce qui s'est passé à Brest et dont je prends, d'ailleurs, sur mes épaules toute la responsabilité.
Veuillez trouver ici, cher Monsieur Worms, l'expression de nos sentiments de très fidèle, de très loyal et de très cordial attachement.

Guillet


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