1929.05.00.Livre d'or du Basque.Torpilleur de 1500 tx

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Le livre d’or du BASQUE, torpilleur de 1500 tx
Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime
Worms & Cie

LES MARINS BASQUES

Il est au monde peu de races anciennes qui aient conservé aussi pure leur personnalité primitive ; les Basques ont maintenu in­tacte leur langue, qui n’a pas d'analogue, en Europe tout au moins. Leur race est aujourd'hui encore bien distincte des races voisines ; leurs mœurs, leur costume, sont restés très parti­culiers. Et ceci n’est pas seulement vrai pour les régions montagneuses de la Soule et de la Navarre, mais dans les plaines du Labourd qu'aucun obstacle naturel ne sépare cependant de la Gascogne.
Les érudits ont attribué aux Basques pour ancêtres tantôt les Phéniciens, tantôt les Atlantes et même parfois les Mongols. La seule chose certaine c'est que ce vaillant peuple ne fut jamais soumis, ni aux Romains, ni aux Wisigoths, ni aux Arabes ; il sut toujours conserver sa liberté.
Les exercices physiques et notamment leur célèbre pelote, à laquelle les Basques attachent tant d'importance, ont contribué à maintenir la race dans sa souplesse et sa vigueur primitive. Aussi les Basques ont-ils toujours passé pour d’excellents soldats ; ils ont en outre de bonne heure été tentés par l’aventure, et la grande houle du Golfe, qui pourtant se brise sur les rochers de Socoa plus violemment que partout ailleurs, ne les a pas détournés de la mer.
Tout au contraire, les vaisseaux de Bayonne, de Saint- Jean-de-Luz et de Ciboure se sont téméraire­ment risqués, et depuis des siècles, sur les régions de l’Océan les plus lointaines et les moins connues ; aussi Cleirac a pu écrire en 1661 dans ses Us et Coutumes de la Mer : « Les plus grands profits et la facilité que les habitants de Capbreton près Bayonne, et les Basques de Guyenne ont trouvé à la pescherie des baleines, ont servi de leurre et d’amorce à les rendre hazardeux à ce point, que d’en faire la queste sur l’Océan, par les longitudes et les latitudes du monde. A cet effet, ils ont cy-devant équipé des navires, pour chercher le repaire ordinaire de ces monstres. De sorte que, suivant cette route, ils ont descouvert cent ans avant les navigations de Christophe Colomb, le grand et petit banc des morues, les terres de Terre-Neufve, de Capbreton et Baccaleos (qui est à dire morue en leur lan­gage), le Canada ou Nouvelle France, où c’est que les mers sont abondantes et foisonnent en baleines. Et si les Castillans n’avoient pris à tasche de dérober aux Fran­çois de la première acteinte de File athlantique qu’on nomme Indes Occidentales, ils advouroient... que le pilote lequel porta la première nouvelle à Christophe Colomb et luy donna la connoissance et l’adresse de ce monde nouveau, fut un de nos Basques Terre-Neufices ».
L’auteur se fait ici l’écho d'une légende qui n'a pu être prouvée ; car si l'on a réuni quelques documents établissant que des pêcheries basques existaient bien sur la côte de Terre-Neuve dès le début du XVIe siècle, il n'a pas été possible de remonter plus haut. On sait cependant qu'en 1463, par exemple, des vaisseaux basques importaient la morue à Saint-Sébastien, mais les pièces du temps ne précisent pas d'où venait ce poisson ; tant les pre­miers pêcheurs s'ingéniaient à garder secrets leurs terrains de pêche.
Un document ancien nous décrit d'une façon pitto­resque la pêche des baleines à la mode basque.
« Cette pesche se fait en différans endroits, où les ballaines ont leurs parages, par des chaloupes très légères qu’on fait expressément dans le Pays Basque. L’arponneur se met devant. C’est luy qui en est le chef, et qui commande la chaloupe. Il doit estre homme de bon jugement, adroit et courageux, pour attaquer et batailler la ballaine.
Quand on est dans les parages de ballaines, on tient des gens au haut des mâts du vaisseau, à la découverte des ballaines. Et quand on se trouve en une certaine distance, on détache toutes les chalou­pes du vaisseau pour courir sus. Celle qui se rencontrera le plus à portée tirera le coup d’arpon sur la ballaine, en arrière de la teste ; il lui enfoncera le plus avant qu’il pourra, afin que l’arpon tiene mieux sa prise. La ballaine ainsi arponnée, elle se tourmente avec sa queue, fait des sauts d’une grande hauteur. Alors tenant sa chaloupe auprès de la ballaine, assujettie avec le cordage qui se tient à l’arpon, les arponneurs prennent des lances pour la darder et la tuent de cette sorte. »
Nous savons qu'au début du XVIIIe Siècle, les Labourdins allaient encore nombreux pêcher la baleine au Spitzberg et au Groenland. Mais la flottille de Saint Jean de Luz alla en s'évanouissant et disparut tout à fait lors de la guerre de 1744.
Les qualités exceptionnelles de la race basque ne peuvent manquer de faire de tout « escualdunac » un excellent corsaire. Aussi n'est-il pas surprenant que dès le XVIIe Siècle plusieurs basques se soient signalés parmi les flibustiers des Antilles : nous savons que l'un des chefs de la fameuse expédition qui partit de l'Ile de la Tortue et se termina par la prise de Macaraïbo s'appelait Michel le Basque.
Plus tard, pendant les guerres de la République et de l'Empire, le pays basque fournit un beau
contingent de corsaires re­nommés ; le plus célèbre d'entre eux, Pellot d'Hendaye, se fit re­marquer par plusieurs croi­sières heureu­ses, et ses actions d'éclat forcèrent l'ad­miration de ses ennemis eux- mêmes.

Le torpilleur « BASQUE » construit par les Ateliers et Chantiers de la Seine Maritime (Worms et Cie) et lancé au Trait le 25 Mai 1929.

Caractéristiques du Basque
1495 tx. 33.000 cv. 33 nœuds longueur 107 m. largeur 9 m. 80 tirant d’eau 3 m. 40
Armement : 4 - 130 m/m 2-37 AA.
2 tubes triples de 55o.

Bâtiments de guerre français ayant porté le nom de Basque
I° Vaisseau de 4e rang ; 40 canons ; 600 tonneaux ; construit rapidement à Bayonne en 1670. Lancé au début de 1671, ce vaisseau ne devait pas garder longtemps son nom ; car au grand remaniement des appellations de la flotte, qui eut lieu en Juin 1671, Colbert supprima systématiquement tous les vocables de cette série. Ainsi disparurent de la liste des vaisseaux de France le Dunkerquois, le Flamand, le Wallon, le Normand, le Breton, le Navarrois, le Provençal, et le Basque, qui fut renommé le Brillant. C’était un vaisseau « pesant, propre au long cours » qui fournit une belle carrière, et existait encore sous le nom de Triton en 1692.
IIo Brick de 16 canons, construit à Bayonne en 1808.
Parti de Bayonne pour la Guadeloupe en même temps que le Béarnais, au début de novembre 1809, le Basque, Capitaine Maillard-Liscourt, voulut profiter d’un calme plat pour changer son grand mât de hune dans le haut duquel une avarie venait d’être signalée ; un bâtiment dont on ne pouvait reconnaître la force était à toute vue à l’horizon ; c’était la frégate anglaise Druid, Capitaine William Bolton. La distance n’arrêta pas le capitaine anglais ; il dirigea ses embarcations sur le Basque. Celui-ci les accueillit par un feu de mitraille et de mousqueterie tellement soutenu, qu’elles ne purent réussir à arriver jusqu’à lui ; deux furent coulées, et les autres retournèrent à leur bord avec une perte de 60 hommes. Le capitaine Bolton n’accepta pas la responsabilité de cet échec. Il prétendit avoir envoyé ses canots pour observer la force des brigs, avec injonction formelle de ne pas les attaquer si c’étaient des bâtiments de guerre.
Le Basque reprit le travail interrompu par les embarcations anglaises, et il continua sa route à la faveur d’une petite brise qui s’éleva le soir. Le capitaine anglais profita de cette circonstance heureuse pour le poursuivre ; il l’atteignit après soixante heures de chasse, et l’obligea d’amener son pavillon. Le Béarnais, qui avait pris une autre route, avait été perdu de vue pendant la nuit.

Les Armoiries du Basque

Le pennon basque comporte six quartiers pour les sept provinces, la Navarre et la Basse-Navarre ne comptant que pour une.
NAVARRE. — De gueules aux chaînes d'or posées en pal, en fasce, en sautoir et en orle, chargées en abîme, d'une émeraude au naturel. Ces armes, qui ont figuré à côté des fleurs de lys sur l’ancien écu de France à l'avènement d'Henri IV, rappellent le butin de la victoire de Las Navas de Tolosa, remportée sur les Sarrasins en 1212.
GUIPUZCOA. — Coupé ; au premier, parti de gueules à un roi vêtu et couronné d’or, tenant dans sa dextre une épée d'or, et de gueules à douze canons d’or posés en trois pals ; au deuxième d'or à trois arbres de sinople placés sur une seule ligne au dessus d'ondes d’argent et d’azur.
BISCAYE. — D'argent au chêne terrassé de sinople (le chêne sacré de Guernica, chanté par le barde Iparraguire) brochant sur une croix latine de gueules, accompagnée de deux loups passants de sable posés l'un au dessus de l'autre, l’un devant, l'autre derrière le fût et ravissant chacun un agneau ensanglanté de gueules.
ALAVA. De gueule au château crénelé d'or, sommé de trois tours du même, et un dextrochère armé d’argent, issant de la porte du dit château vers senestre, tenant une épée d'or posée en bande, dont il menace un lion rampant du même, le tout posé sur une montagne d'argent; l'écu entouré d'une orle d'argent portant en lettres de sable l'inscription : EN AUMENTO DE LA JUSTICIA CONTRA MALHECHORES, (Au profit de la justice contre les malfaiteurs).
LABOURD. — D'or à un lion de gueules tenant de la dextre un dard posé en barre, la pointe en haut du même; parti d’azur à une fleur de lys d'or.
SOULE. — De gueules au lion d'or, vilené, mantelé à queue nouée.
La devise basque : ZAZPIAK BAT a pour signification : « Les sept provinces en une ».

Édité par Pierre Le Conte, imagier de la Marine, La Villarion, rue des Bastions, à Cherbourg, pour les Ateliers et Chantiers de la Seine Maritime (Worms et Cie) et imprimé sous les presses de A. Mouville, Ozanne et Cie, à Caen, Mai 1929.
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