1918.12.10.De Worms et Cie Port-Saïd

Le PDF est consultable à la fin du texte.  
 

Worms & Co.
Branches in Egypt: Cairo, Alexandria, Port Tewfik (Suez)

Port Said (Eypt), le 10 décembre 1918
Messieurs Worms & Cie - Paris

Messieurs,
Beyrouth. Nous avons l'honneur de vous confirmer notre lettre spéciale du 29 novembre et d'accuser réception de la vôtre du 16 du même mois.
Nous vous remercions des copies des lettres que MM. J. Burness & Sons vous ont adressées en date des 7 et 8 novembre et dont le contenu est tout à fait intéressant. Nous partageons l'opinion émise par M. W. G. Westcott que le port de Beyrouth est susceptible de se développer grandement par la suite, de par son riche et fertile hinterland, mais encore faut-il que cet hinterland ainsi que Damas et sa région soient sous le même régime politique que Beyrouth, car s'il en était autrement il ne serait pas impossible que la région de production fût drainée au profit d'un port plus au Sud, qui pourrait bien être convenablement outillé et aménagé avant Beyrouth. Au surplus, on ne paraît pas encore être bien fixé pour l'instant sur le régime politique futur de la Syrie, pays qui paraît devoir être assez malaisé à gouverner à cause de la diversité des races et des croyances religieuses, et à notre humble avis rien ne serait plus fâcheux que l'autonomie pour le développement économique de cette contrée.
Nous espérons apprendre sous peu que les Ellerman et Prince lines auront accueilli favorablement la proposition que vous leur avez faite de confier leur agence à notre succursale de Beyrouth.
Pour l'instant, les cadres actuels de cette succursale - un agent, un commis comptable et deux contremaîtres, suffisent amplement, et nous ne voyons pas la nécessité de les augmenter tant que nous ne pourrons pas entreprendre des opérations pour notre compte.
Asiatic Petroleum Co. Nous vous écrivons séparément à ce sujet.
Opérations. Beyrouth nous écrivait en date du 28 écoulé, après l'arrivée de M. Golubzow, que l'"Edouard-Shaki" en avait encore pour 12 ou 15 jours avant de terminer son déchargement, et les opérations étaient apparemment entravées par l'afflux de tonnage dans le port. Eu égard à la destination charitable de la cargaison, notre succursale a dû accepter de faire l'opération au prix coûtant, sans aucun bénéfice. L'"Edouard-Shaki", en dehors des vivres de ravitaillement, doit décharger 500 tonnes de charbon, mais notre succursale ignorait encore si ce charbon est destiné à la base navale ou à la commission de ravitaillement du pays.
Charbon. Vous verrez par la copie ci-incluse de notre correspondance avec Beyrouth que la question de renforcer le stock de la base navale, qui était tombé à 300 tonnes le 3 ct, est revenue sur le tapis, et nous ne voyons rien à ajouter à ce que nous écrivions à Beyrouth le 7 du même mois.
Notre délégué de la Marine attend toujours des instructions précises de l'amiral Varney, qui, apparemment, est loin d'avoir les mains libres en ce qui concerne la question du tonnage.
Les communications postales avec Beyrouth sont très lentes, et les occasions par unités de notre Marine assez rares. On nous donne à entendre que d'ici quelques jours les communications télégraphiques seront rétablies entre l'Égypte et la Syrie. M. de Fleurac. Nous sommes toujours sans nouvelles de vous au sujet de la démobilisation de cet employé, et on ne paraît pas être pressé en haut lieu. Il est possible que le ministère de la Guerre en ait référé aux autorités militaires de Beyrouth, qui, autant que nous avons pu en juger personnellement, seraient plutôt disposées à voir des situations de ce genre confiées à des gens du pays. Si le même état d'esprit continue à prévaloir, nous aurons peut-être à attendre que la classe de mobilisation de M. de Fleurac soit régulièrement libérée, ce qui sera assez gênant en ce sens que l'absence de M. Golubzow se prolongera beaucoup plus que nous le voudrions. D'un autre côté, nous voyons que la Compagnie du Canal réussit à faire mettre en sursis des ouvriers spécialistes appartenant à des classes plus jeunes que celle de M. de Fleurac, ce qui ne laisse pas de nous étonner.
s/s "Tchiachoff". Comme nous vous le disions dans notre lettre "Transbordements" du 5 ct, ce navire prêt à partir pour Beyrouth depuis le 2 ct est toujours retenu ici par suite de l'encombrement à Beyrouth.
Ce navire a été chargé dans des conditions extraordinaires, sans le moindre plan, et il nous a fallu, bon gré mal gré, suivre à la lettre les ordres de la base, dont le programme consistait à embarquer le matériel pêle-mêle, dans l'ordre d'arrivée à quai, sans distinction de poids ou de volume ou de nature des colis. Ce n'est plus une cargaison, mais bien un véritable fouillis d'articles de toutes sortes, et naturellement en dehors des conditions d'équilibre du navire, la perte à l'arrimage a été inouïe.
Le "Venizelos", qui doit charger également du matériel de base pour Beyrouth, et sur lequel nous espérons que la Marine pourra se faire reserver une cale pour charger en charbon, n'est pas encore arrivé.
Veuillez agréer, Messieurs, nos bien sincères salutations.

[Signature illisible]


Back to archives from 1918