1918.09.30.De Worms et Cie Le Havre

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Le Havre, le 30 septembre 1918
Messieurs Worms & Cie - Paris

Messieurs,
Nous vous confirmons notre lettre 28 ct et n'en avons pas de vous de même date. Cardiff. Nous avons eu hier, et surtout la nuit dernière, une tempête violente ; naturellement "Brabant" n'a pas pris la mer, et nous attendons la fin de l'après-midi pour savoir si, en raison de l'amélioration du baromètre, le capitaine va enfin se décider à faire route sur Cardiff. Nous avons télégraphié ce matin à votre Maison.
L'arrivée de "Seresia" n'est jusqu'alors pas signalée au Transit maritime.
Newcastle. "Are" et "Petra-Lea", d'après un télégramme de votre Maison daté samedi après-midi, devaient partir dans la matinée de dimanche ; nous en attendons la confirmation.
Prisonniers de guerre. Ne vous serait il pas possible de nous assurer votre appui pour une démarche à faire directement auprès de M. Loucheur afin d'obtenir que des instructions soient données à M. le lieutenant colonel Aroles pour qu'il nous rende les 15 prisonniers dont nous avons journellement besoin lorsque nous avons des menus à transformer en briquettes.
Nous savons qu'il y a une circulaire n°7218 du 17 août, adressée par le ministre au directeur du Bureau national des charbons pour le prévenir, à cette date, qu'en raison du nombre important de prisonniers de guerre qui devaient être mis à la disposition de l'agriculture pour les travaux de la moisson, et d'autre part de l'état sanitaire d'un grand nombre des hommes faits prisonniers à cette époque, il n'était plus possible de mettre cette main-d'œuvre à la disposition des usines d'agglomérés dans les ports du littoral, mais depuis le 17 août la situation a plutôt changé ! Les travaux de la moisson peuvent être considérés comme à peu près terminés dans toutes les régions, et si l'état sanitaire d'un grand nombre de prisonniers était de nature à ne pas permettre leur utilisation immédiate, ils ont dû depuis lors se refaire, et en tout cas le chiffre considérable de prises a dû relever automatiquement la proportion de ceux qui pourraient être donnés à l'industrie.
Nous croyons pouvoir nous appuyer sur les déclarations ministérielles elles-mêmes pour considérer la fabrication des agglomérés comme une des industries méritant le plus d'être aidée.
En s'appuyant sur cette circulaire, le lieutenant colonel Aroles nous a, en dernier lieu, répondu que la fabrication des briquettes n'était pas dans ses attributions ? Comme c'est lui qui détient et distribue toute la main d'œuvre de P.G. ou de mobilisés placés dans l'industrie, nous sommes sans recours contre sa décision, et ne voyons que l'appel direct au ministre pour nous sortir de ce chômage. Il est d'autant plus inexplicable, au point de vue de la logique, que nous avons sur le quai 500 tonnes de menus apportés par "Tordenskjold" il y a 8 jours, lesquels encombrent pour leur part le terre-plein, et qu'il faudrait tout au moins pourvoir aux voies et moyens de transformation de ces menus, pour libérer la place à quai, qui est déjà très insuffisante pour la bonne rotation des navires qui viennent décharger au bassin Vauban, surtout à un moment où le matériel fluvial et les wagons font défaut.
Nous ne pouvons pas croire que le ministre, pour 15 PG pendant cinq jours - à supposer qu'on ne veuille pas faire davantage que de transformer les menus qui sont arrivés - puisse repousser notre requête, mais elle aura beaucoup plus de poids si elle émane du siège social.
Pour votre gouverne, voici le nombre de jours de travail de notre usine depuis le 1er janvier jusque fin septembre, et en face le tonnage fabriqué :

Janvier

7 jours

984 tonnes

Février

5 jours

458 tonnes

Mars

6 jours

541 tonnes

Avril

18 jours

1.731 tonnes

Mai

21 jours

1.854 tonnes

Juin

9 jours

745 tonnes

Juillet

18 jours

1.527 tonnes

Août

16 jours

1.538 tonnes

Septembre

2 jours

177 tonnes

Jusqu'au mois d'août les creux constatés ne sont pas dus au manque de P.G. pour assurer le travail, mais à la pénurie de charbon. Nous avons un personnel coûteux à conserver pour être prêts à marcher lorsque ce sera possible : chauffeurs, mécaniciens, ajusteurs, hommes de spécialités, etc. il est désolant de constater que pendant le mois de septembre nous n'avons pu faire tourner notre usine pendant deux jours.
Qu'on ne vienne pas nous dire qu'il faut que nous recherchions de la main-d'œuvre coloniale ou des offices départementaux, car n'étant jamais assurés d'avoir du charbon pour le lendemain, il est de toute nécessité que nous puissions trouver soit des P.G., soit des mobilisés, lorsque nous en avons besoin, et pour un nombre de jours impossible à déterminer à l'avance, sauf le cas d'un stock suffisant pour permettre de calculer le nombre de journées de travail que sa transformation représente.
Groupement II. Nous vous prions de trouver ci-joint les licences d'importation que M. Odinet nous a remis, suivant détail ci-dessous :
G 2556 VI 400 tonnes tout venant à vapeur (district n°2)
G 2556 VIII 250 tonnes gaz (district n°3)
Nous en avons également reçu une troisième du district n°1, mais, comme au lieu de mentionner : 250 tonnes anthracite, ce tonnage est porté dans la colonne "charbon à vapeur", nous demandons à M. Odinet de faire effectuer la rectification de cette licence.
Union gazière. Nous attendons par "Petra-Lea" (9e) et "Are" (15e) respectivement 400 tonnes et 250 tonnes pour ce groupement. Nous vous serions obligés de demander à M. Delaporte comment il entend répartir ces quantités.
Nous n'avons pas encore reçu la lettre de refus que nous avons réclamée à M. le lieutenant colonel Aroles.
Licences. Nous vous serions obligés de nous faire connaître les numéros des licences du Groupement n°4 et de l'Union gazière.
Union gazière à nouveau. M. Douale nous téléphone ce soir de répartir comme suit les 650 tonnes attendues :
Usine à gaz Harfleur : 270 tonnes
Usine à gaz Montivilliers : 130 tonnes
Usine à gaz Étretat : 140 tonnes
Usine à gaz Lillebonne : 80 tonnes
Usine à gaz Caudebec-en-Caux : 30 tonnes
650 tonnes
Il nous a également demandé d'envoyer d'urgence : 20 tonnes à Étretat (parties ce matin) & 20 tonnes à Harfleur (nous attendons un wagon) dont les usines sont sur le point de manquer de charbon.
Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations empressées,

A. Frémont



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