1918.09.12.Des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime.A Alphonse Bonpaix.Le Trait

Le Trait, 12 septembre 1918
M. Alphonse Bonpaix - Avocat
Sallanches (Haute-Savoie)

Monsieur,
Nous avons bien reçu en leur temps votre télégramme du 30 août et vos lettres des 30 et 31 même mois.
Les choses ici sont sans changement : MM. Hottat ne partent pas et nous ne voyons pas le moyen de les expulser.
Nous ne pouvons pas le faire à coups de poings. L'apposition de l'affiche dont vous nous avez donné le texte serait sans effet, étant donné leur résolution de se cramponner ici jusqu'à décision de justice car, dans quelle situation nous trouverions nous si les ouvriers payés par l'entreprise Hottat refusaient de quitter le chantier sur notre injonction ? Nous ne pourrions, sans titre en mains, recourir aux gendarmes, il nous faudrait donc, après les avoir interpellés, rentrer dans nos bureaux et attendre...
Cette attitude affaiblirait singulièrement notre autorité vis-à-vis de tout le reste du personnel.
Si le chantier était clos de murs ce serait très simple, nous en fermerions la porte et n'y laisserions entrer que les personnes munies d'une carte, mais vous l'avez vu, on pénètre de tous les côtés sur les vingt hectares que nous occupons. Nos gardiens ne sont pas assermentés, il n'y aurait donc que par la force qu'ils pourraient expulser les ouvriers non porteurs de carte, ce n'est évidemment pas une solution. En voyez-vous une autre ?
Il y a eu vendredi l'expertise à la suite de notre demande en référé pour malfaçons dans les bâtiments des coques et de la chaudronnerie. Notre avoué y a assisté ; nous lui avons demandé ce que nous pouvions pratiquement faire pour nous débarrasser de suite de l'entreprise Hottat. Voici la copie de la lettre qu'il nous a adressée.
Nous ne vous cachons pas que cette procédure nous inquiète un peu parce que nos adversaires feront tout ce qui sera en leur pouvoir pour la faire traîner en longueur et cela ne nous paraît pas chose difficile étant donné toutes les ressources qu'offre le code.
Afin que votre dossier soit complet, nous vous remettons sous ce pli copie de la protestation que MM. Veuve A. Hottat et Fils nous ont envoyée par ministère d'huissier.
Nous attendons impatiemment votre avis car la situation dans laquelle nous nous trouvons ne peut se prolonger.
A vous lire,

Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de notre considérations distinguée.


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