1916.02.14.De Worms et Cie Bayonne

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Worms & Cie
Armateurs
Charbons anglais - cokes & fontes - anthracites - briquettes
Lignes de vapeurs entre Bayonne, Bordeaux, Nantes, Rouen, Paris, Le Havre, et vice versa

Bayonne, 8, allées Boufflers, le 14 février 1916
Messieurs Worms & Cie - Paris

Messieurs,
Nous possédons votre lettre du 12 courant et vous confirmons la nôtre du même jour.
Charbonniers. La mer continuant à être très mauvaise dans nos parages, aucune entrés n'a pu avoir lieu, et "Jessie" est toujours à Saint-Jean-de-Luz, attendant une embellie.
Gaz de Pau. Nous vous communiquons la copie de ce que nous écrit notre agent à Pau, questionné par l'adjoint au maire de cette ville à propos des charbons à gaz.
Nous avons prié notre agent, s'il était questionné, de répondre à ce Monsieur qu'il nous avait transmis sa demande et qu'il attendait des instructions.
Nous avons téléphoné au directeur du gaz pour lui faire part de cette demande et lui demander son avis. Il nous a expliqué que la compagnie France & Étranger lui avait donné des instructions pour insister auprès de la municipalité afin de réduire, par tous les moyens possibles, la consommation du gaz, en supprimant une partie de l'éclairage public superflu dans les circonstances actuelles, et en invitant la population à réduire sa consommation. Pour justifier cette démarche, le directeur a dit au maire que les arrivages de charbon devenaient de plus en plus difficiles, que l'on ne pouvait compter dans l'avenir sur des approvisionnements à volonté, et qu'il était indispensable de ménager, par une diminution de la consommation, les approvisionnements existants et les achats faits aux fournisseurs. Mais cette demande, qui semble avoir été accueillie favorablement par la majorité du conseil municipal, trouve des adversaires dont le chef est l'adjoint, auteur de la demande. Le directeur nous a engagé à répondre dans le même sens à l'adjoint.
A l'instant même, un négociant de notre ville, en rapport avec ce Monsieur, nous communique une lettre de lui, lui demandant de se renseigner à Bayonne dans le même sens. Nous avons répondu à cet intermédiaire que tant qu'il y aurait du charbon à gaz et qu'on pourrait en faire venir pour les autres usines de France, il y aurait des chances pour qu'il y en ait pour celle de Pau, mais que le jour où l'on ne pourrait en recevoir pour cette usine toutes les autres seraient logées à la même enseigne.
Pour en revenir à notre entretien avec le directeur du gaz de Pau, nous lui avons dit, qu'après les expériences que nous venions de faire de nos rapports avec les administrations publiques, nous ne voulions pas nous commettre avec elles dans des bavardages inutiles ou dangereux, et que nous allions purement et simplement vous transmettre cette question afin que vous puissiez en causer vous-mêmes avec France & Étranger s'il y a lieu, et nous donner ensuite des instructions.
Affaire Plisson. Nous avons lu avec beaucoup d'intérêt ce que vous nous écrivez au sujet de cette affaire ainsi que sur la situation de M. Hyaffil. Pour compléter votre dossier, et le rendre plus édifiant s'il y a lieu, à un moment donné, nous vous envoyons par ce courrier les derniers numéros du "Courrier de Bayonne" parlant de l'affaire. Nous y joignons la photographie d'une facture Lysberg du 20 janvier, à un marchand de charbons de Biarritz, l'informant que son prix pour le charbon d'Écosse est maintenant de 98 F au lieu de 90 F et celui de l'anthracite calibré de 140 F au lieu de 120. C'est ce que le préfet, et les organes à sa dévotion, appellent faire baisser les anthracites de 144 F, prix qui n'a jamais été établi, à 100 F. Nous aurons peut-être sous peu d'autres documents, encore plus récents et plus édifiants à vous envoyer.
Malgré les clameurs de la presse dévouée à la préfecture, on finit par comprendre dans le public que c'est du bluff, et que des irrégularités très sérieuses ont été commises sous le couvert préfectoral. C'est ce qu'il s'agit de démontrer.
Agréez, Messieurs, nos sincères salutations.

[Pierre Le Roy]


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