1914.02.25.A H. Goudchaux - Worms et Cie Paris.Note

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25 février 1914

Great Central Railway

Nous sommes arrivés à 5 h, nous avons été reçus vers 3h et sommes sortis vers 3 h 55.
Nous avons exposé à Sir Sam Fay que pour la question des Dock dues nous ne pensons pas qu'il voudrait sérieusement nous les faire payer chaque fois, mais nous trouverions très raisonnable de les payer une fois par mois par vapeur, un peu comme cela se passe pour les light dues qu'on paie 10 fois dans l'année et après cela on peut venir aussi souvent qu'on veut sans rien payer. Nous avons ensuite parlé de la commission de 5%, nous avons dit que nous avions été frappés de voir que si promptement après notre décision de faire trois voyages par semaine au lieu de deux on nous supprimait cette commission, et nous nous demandions si cette augmentation de voyages n'avait pas amené la Compagnie à croire à une prospérité telle chez nous que nous n'avions plus besoin d'aucune aide de sa part ; il n'en est pas ainsi, et cette commission n'est que la rémunération universellement pratiquée au profit de tous les intermédiaires qui apportent des affaires à un commerçant, dans le cas actuel, du trafic à une ligne de chemin de fer : cette commission n'est du reste pas un bénéfice pour nous, nous la payons nous-mêmes à ceux qui apportent à nos lignes le trafic que nous apportons ensuite au Great Central, nous avons parlé entre autres des machines agricoles pour l'Italie, des laines de Mazamet, et enfin nous avons dit que dans les ports concurrents, nous savions que les lignes concurrentes jouissaient de traitements de faveur, et tout ce que nous demandions c'était de ne pas être moins bien traités ; enfin nous avons dit qu'en outre de la question pécuniaire il y a l'encouragement moral qui a pour nous une valeur, qui nous montre que nous avons la sympathie et l'appui de ceux qui en somme sont nos associés dans ces opérations-là, nous ne voulons pas une réponse immédiate, mais nous espérons que les arguments que nous avons apportés amèneront la Compagnie à revenir sur sa décision et comme en somme le régime qui a été en vigueur depuis le premier juillet 1905 a donné de bons résultats puisqu'il nous a permis de plus que doubler le trafic que nous avons apporté à la Compagnie il pourrait être imprudent de le modifier, mais nous devons cependant indiquer que si on vient à changer notre situation nous pourrons être amenés à laisser de côté certaines catégories de marchandises auxquelles le Great Central peut tenir, mais qui ne nous laissent à nous-mêmes qu'un fret absolument dérisoire, et peut-être encore au bout d'un certain temps arriverions-nous à ce résultat de supprimer un de nos trois départs et de revenir à deux.
Sir Sam Fay a répondu que pas une ligne venant à Grimsby ne jouit des avantages que nous avons, il les a énumérés, les staiths dues, le cranage, le wharfage, en reconnaissant que les lignes ne paient pas toutes le plein de ces droits-là, mais en tout cas elles en paient une portion importante alors que nous en sommes complètement exonérés.
En ce qui concerne les docks dues la chose pourra être examinée, mais pour la commission de 5% il explique que cette décision a été prise au cours du premier semestre de 1905 quand quelqu'un (Monsieur Le Magnen) est venu lui exposer que la situation de la ligne était désespérée et que si on ne venait pas à son secours on risquait de la voir disparaître ; on a alors accordé temporairement cette commission de 5%, mais jamais avec l'intention qu'elle fût permanente, et aujourd'hui ce n'est pas seulement la question des économies qu'on veut réaliser, il y a le fait que si cette commission à nous accordée venait à être connue, Sir Sam ne sait pas si légalement il ne pourrait pas être contraint à l'accorder à d'autres ; au cours de la discussion il a encore mis en avant, en outre des avantages énumérés plus haut, les draw backs qui nous sont accordés de 2/6 ou à peu près pour les marchandises c. & d. et de 1/3 pour celles s. à s.
A ce moment-là M. Domer est intervenu dans la discussion, il a affirmé savoir que d'autres lignes de Chemin de fer accordent des commissions, nous croyons qu'il a prononcé le chiffre de 1/3 des lignes similaires à la nôtre , il a également insisté sur l'infériorité notoire dans laquelle nous nous trouvons pour tous les charbons que nous chargeons à Grimsby par rapport à Goole où le transport est de 2 d ou 2 1/2 d plus économique, sans compter que nous ne pouvons même pas charger du tout à Grimsby les charbons du West Yorshire en raison du taux prohibitifs du transport par fer ; il a aussi parlé de nos relations avec tous les transitaires, Gondrand, Johnson, Hernu Peron,... auxquels nous payons invariablement des commissions nous-mêmes, il est arrivé à la question des laines de Mazamet, qui est évidemment le transport auquel Sir Sam tient tout particulièrement, c'est au reste sur sa demande que nous avons été le rechercher, il a demandé à M. Domer ce qui pouvait nous rester comme fret sur ces laines, et il a certainement paru surpris quand la réponse a été 3 F ou environ 2/6, enfin M. Domer a produit à Sir Sam tous les avis de la comptabilité de Manchester qui sont envoyés régulièrement à peu près 3 mois après le mois faisant l'objet de la communication, et de ces avis il résulte qu'en même temps qu'on nous adresse le compte d'un mois pour les transports duquel nous devrions par exemple £ 1.900, on ajoute[ra] que notre arrêté de compte se balance[...] par £ 2.000, £ 3.000, £ 4.0000 à notre crédit, de sorte que nous serions perpétuellement en avance avec la Compagnie et en calculant les intérêts à 5%, M. Domer estime qu'il pourrait y avoir pour la Compagnie un bénéfice annuel d'environ £ 400. Toute l'argumentation de M. Domer a paru produire une certaine impression sur Sir Sam, mais surtout sa discussion sur les laines de Mazamet et l'indication au point de vue de la comptabilité dont Sir Sam ne se doutait pas et qui a été pour lui une révélation et un étonnement.
Sir Sam a dit que la question des docks dues pourrait sans doute faire l'objet d'un compromis, mais il ne nous a pas laissé grand espoir pour la commission de 5%, quoique cependant il ait fait entendre qu'après avoir consulté ou son conseil ou quelqu'un au-dessus de lui, peut-être son président, nous nous rappelons plus bien la chose, il pourrait peut-être faire quelque chose pour nous au point de vue spécial des laines de Mazamet. Il nous a du reste exprimé le plaisir qu'il avait eu à nous recevoir.

 

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