1901.02.21.Au ministre des Affaires étrangères.Paris.Extrait

Retranscription

21 février 1901
Monsieur le ministre des Affaires étrangères
Paris

Nous venons d'avoir connaissance par le numéro du 16 février courant de L'Allgemeine Schiffahrts-Zeitung de Berlin d'un rapport qui a été adressé par M. le consul de France à Düsseldorf à votre département ou à celui du Commerce et dans lequel il énumère les progrès de la navigation du Rhin et exprime le désir de voir des communications directes s'établir entre la France et le Rhin par une compagnie maritime de navigation française ou franco-allemande.
Sa communication qui est aujourd'hui résumée dans la presse allemande sous le titre de « une ligne de vapeur de Bordeaux - Havre - Cologne » peut avoir d'autres résultats que ce qu'il a pu entrevoir ou chercher et notre but en nous adressant à vous... est de vous permettre... d'attirer votre attention sur quelques-unes des considérations que son projet pourrait entraîner.
Depuis plus de quarante ans, nous exploitons une ligne régulière de navires à vapeur sous pavillon français entre Bordeaux, le Havre et Hambourg ; nous avons eu à plusieurs reprises à défendre nos services contre les tentatives des concurrents allemands, nous l'avons fait toujours avec succès et M. le consul de Düsseldorf pourra savoir par son collègue de Hambourg quelle est l'opinion du commerce hambourgeois en particulier et du commerce allemand en général sur la manière dont nous avons desservi pendant la longue période de temps que nous venons de vous indiquer et dont nous continuons à desservir cette seule ligne de communication par voie maritime qui existe entre notre pays et l'Allemagne.
Nous reconnaîtrons volontiers qu'un projet comme celui auquel a pensé M. le consul de France à Düsseldorf ne serait pas sans présenter quelques avantages, mais si nous-mêmes avons toujours écarté la pensée de la réaliser, c'est en raison de la conviction que nous avons qu'une ligne de navigation ne peut être à la fois maritime et fluviale comme le serait obligatoirement une ligne directe entre Bordeaux et Cologne. L'expérience a été faite par d'autres entre Bordeaux et Paris et faites avec des résultats tels que nous serions bien surpris qu'il pût se trouver aujourd'hui un armateur français disposé à se lancer dans une entreprise analogue.
Si donc... l'idée émise par M. le consul de France à Düsseldorf et mise en circulation par la presse allemande pouvait être adoptée, ce ne pourrait être que par une maison allemande : vous n'ignorez pas quelle est actuellement la puissance de nos voisins au point de vue des armements, quels efforts ils font pour s'emparer de toutes les places au détriment de ceux qui les occupaient avant eux, et ils le feraient peut-être d'autant plus dans le cas dont il s'agit que c'est à notre connaissance un de leurs rêves favoris d'arriver un jour ou l'autre à enlever une partie du trafic entre les deux pays à notre maison et en même temps à notre pavillon national.
Veuillez...

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