1894.08.03.A Eugène Cellier.Hambourg

Retranscription

3 août 1894
Monsieur Eugène Cellier
Hambourg

Monsieur,
Nous sommes en possession de votre lettre du 1er courant à laquelle nous avons donné toute notre attention.
Vous pouvez répondre au Syndicat des charbons westphaliens que nous avons été satisfaits des charbons qu'il nous a fournis l'année dernière (à l'exception cependant de 2 ou 3 plaintes), nous avons eu et nous conservons toujours l'impression que le Syndicat ne nous a pas bien traités au point de vue des prix, mais cette question mise de coté, il est certain que le jour où nous nous trouverions de nouveau dans la nécessité de chercher un remplaçant pour le charbon de Cardiff, ce serait le charbon de Westphalie que nous prendrions de préférence à tout autre.
Reste la question posée par le Syndicat, à savoir si nous sommes disposés à avoir d'une façon régulière et en temps normal un stock de ses charbons à Port-Saïd. Malheureusement nous craignons que ce ne soit pas possible.
1°) Il n'y a pas à espérer une minute que même à prix égal ou même à prix inférieur les navires anglais donnent jamais la préférence aux charbons de Westphalie sur le Cardiff.
2°) Nous pouvons même ajouter en nous basant sur notre expérience de l'année dernière, que nous croyons même que nos clients allemands préféreront toujours le Cardiff à prix égal.
3°) Nous ne connaissons pas la manière de voir du Lloyd brêmois qui n'est malheureusement pas notre client et qui est, croyons-nous, lié à la Maison Wills & Cie Ltd pour encore au moins deux ans.
4°) En ce qui concerne la question de prix, nous pouvons actuellement faire mieux à Cardiff que ce que nous offre le Syndicat et nous nous attendons à voir la baisse s'accentuer encore. Mais même si le Syndicat nous offrait un avantage sur les prix de Cardiff il nous serait encore difficile de nous prêter à la combinaison qu'il désire par la raison que nos opérations à Port-Saïd ne peuvent être profitables pour nous qu'à la condition que nous évitions les mises à terre et que nous ayons un mouvement incessant de livraisons en transbordement au fur et à mesure des arrivages de nos charbonniers. Or, si nous avions à recevoir des charbons allemands que nous ne pourrions livrer qu'à quelques clients spéciaux, nous serions tenus de mettre en magasins la totalité de nos importations de cette provenance, et par conséquent notre prix de revient en serait augmenté dans une proportion considérable, sans compter les difficultés que cela entraînerait pour nous au point de vue de notre matériel de chalands et de l'installation de notre chantier.
Pour toutes les raisons que nous venons de vous exposer nous ne voyons donc pas  la possibilité pour nous de donner pour le moment suite à l'idée du Syndicat et nous vous prions de lui en exprimer notre regret, en l'assurant du plaisir que nous aurions à entrer à nouveau en relations avec lui si l'occasion s'en présentait plus  tard.
Agréez, monsieur, nos salutations distinguées.

Worms Josse & Cie

Notre directeur de Port-Saïd qui est ici en ce moment nous dit que le grand inconvénient des charbons de Westphalie qu'il a reçus est d'être sujets à combustion. Il en a eu plusieurs cas assez sérieux et dans les derniers temps si nous ne nous étions pas pressés de livrer le solde qui nous restait de ce charbon, nous risquions de tout perdre.

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