1893.12.08.De Adolf Deppe.Anvers.Photocopie d'un original

Document original

Le PDF est consultable à la fin du texte.

Adolf Deppe - Anvers

Anvers, le 8 décembre 1893
Messieurs Worms Josse & Cie
Bordeaux

J'ai bien reçu votre estimée du premier courant et je partage en tous points votre manière de voir, car à mon avis il n'y a ni opportunité ni même possibilité d'entrer en arrangement avec la ligne concurrente.
En effet, un arrangement ne serait possible que si l'aliment de la ligne était surabondant et que notre matériel ne suffisait pas pour transporter en temps utile les marchandises présentes, or au lieu de cela nous constatons que l'aliment est à peine suffisant pour nous permettre de naviguer régulièrement, que nos steamers ne parviennent guère à se remplir même en chargement pour un second port et que de plus une partie du matériel doit quitter Bordeaux à vide pour Anvers, preuve évidente qu'il n'existe aucun excédent d'aliment qui permettrait de céder une partie du trafic à la ligne concurrente sans compromettre l'existence de notre propre service.
D'un autre côté un arrangement ne serait même pas intéressant car comme vous l'observez, nos concurrents n'ont guère réussi jusqu'à présent à entrer dans notre clientèle pour les vins, et je constate avec vous qu'à part la défection qui se produira toujours en pareil cas de quelques réceptionnaires et chargeurs (des intermédiaires pour la plupart) le gros de notre clientèle nous est restée fidèle malgré le maintien de nos taux de fret habituels. Nos concurrents peuvent certainement accentuer leurs concessions pour les vins et offrir des frets bien réduits mais il suffirait dans ce cas de les suivre sur ce terrain et de réduire également nos taux pour déjouer pareille tactique.
Quant au brai, il doit être considéré comme un aliment flottant échéant au moins offrant, et que nous obtiendrons également si nous pratiquons comme en ce moment, les mêmes taux que la concurrence.
Quant au résultat financier obtenu par les steamers anglais, il doit être peu brillant et je ne pense pas qu'ils parviennent à couvrir leurs frais d'exploitation. Vous saurez ce que pourrait leur rapporter les chargements embarqués à Bordeaux ; ici, ils ne trouvent rien pour Rotterdam et très peu pour Bordeaux des frets de 5½ et même moins et si j'y ajoute le fret à charbons de Newport à Bordeaux (que je taxe à 7 francs) il est facile de se rendre compte du résultat financier final quand on considère que leurs steamers doivent visiter cinq ports.
Comme je l'ai déjà dit dans le temps MM. Gellally Herukey Sewell & Co ont commencé cette concurrence sans se rendre un compte exact de la situation véritable et ils nous font du tort sans le moindre bénéfice pour eux car dans la situation telle qu'elle existe il est impossible de leur céder une part quelconque du trafic.
En vous retournant sous ces [...] la lettre que vous m'avez envoyée en communication, je vous présente, Messieurs, mes salutations empressées.

Adolf Deppe


Back to archives from 1893