1893.11.16.De A. E. Monod - Worms Josse et Cie Marseille

NB : La copie image de ce document de très mauvaise qualité n'a pas été conservée.

16 novembre 1893
MM. Worms Josse & Cie
Paris

Messieurs,
Nous sommes en possession de votre particulière d'hier et prenons bonne note de son contenu.
Nous sommes bien de votre avis sur le compte personnel de Budd. Aussi n'avons-nous jamais songé à traiter avec lui ou par lui. Nous avons simplement profité d'un avis qu'il nous a donné en nous disant que même son influence pourrait ne pas être à dédaigner, si, une fois vos décisions prises pour les contrats, elle aidait à nous en faire avoir un d'une certaine importance.
Prix courant. Ainsi que nous vous l'avons télégraphié, M. Savon est venu nous montrer une dépêche de Cory disant qu'il proposait 21/ et demandait notre adhésion.
Nous avons répondu que nous n'avions pas qualité pour établir le prix courant, que nous allions vous en référer, mais que nous doutions fort que vous consentissiez à descendre au-dessous de 22/, prix déjà trop bas, vu les circonstances. Nous avons essayé de faire comprendre à M. Savon l'intérêt que nous aurions, les uns et les autres, à maintenir les prix, ne fut-ce que pour y habituer les armateurs et ne leur avons pas caché notre pénible surprise de ce que, en dépit de toutes leurs protestations et après nous avoir accusé nous-mêmes de gâcher les affaires et de pousser à la baisse quand même, ils aient, pour nous enlever le "[Lavenock]", le "Forest" et le "[Carnmarth]", consenti pour ces vapeurs à des prix insensés.
Nous les avons assez malmenés et à la suite des entretiens qu'ils avaient eus avec nous il y a quelques semaines, ils ne savaient trop quelle figure faire. Leur seule excuse a été qu'ils avaient agi contrairement à leurs propres vues, sur des ordres péremptoires venus de Londres. Nous ne leur avons pas caché que, tout en étant désireux d'opérer et de les laisser opérer dans les meilleures conditions possibles, vous étiez de taille et de tempérament à ne pas vous laisser marcher sur les pieds et à faire au besoin, le moment venu, de grands sacrifices pour donner une leçon à ceux qui tenteraient de l'essayer.
Ainsi que nous vous le disons par lettre officielle, Watson ne vend pas facilement son stock de menu naval. Il en profite pour en remplir le fond des mahonnes qu'il livre à la navigation. C'est un des trucks qui lui permettent de faire la baisse sans s'y ruiner.
Nous notons ce que vous nous dites de l'appareil "Paul". S'il était réellement ce que représentent prospectus et journaux, il nous semble qu'il y aurait une fortune à faire en achetant le brevet pour la France. Nos moyens actuels d'embarquement sont tous ce qu'il y a de plus primitifs et de plus dispendieux mais il faut se méfier des inventions !
Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations très distinguées.

A. Monod

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