1893.11.09.De A. E. Monod - Worms Josse et Cie Marseille

NB : La copie image de ce document de très mauvaise qualité n'a pas été conservée.

9 novembre 1893
Worms Josse & Cie
Paris

Messieurs,
En vous confirmant notre lettre spéciale d'hier, nous nous empressons d'accuser réception de votre particulière du même jour.
Greffulhe. Nous prenons très bonne note de tout ce que vous nous dites au sujet de ce Monsieur, ainsi que de votre échange de correspondance avec lui.
Nous savons maintenant exactement quelle attitude nous aurons à prendre vis-à-vis de lui lors de notre entrevue d'après-demain, à moins que vos avis ne la modifient d'ici là. Dès que vous serez et nous aurez définitivement fixé sur vos intentions, nous nous occuperons, s'il y a lieu, très sérieusement et très activement de rechercher l'homme qu'il faudra pour le mandat que vous aurez à lui confier. Cet homme, nous l'aurions, croyons-nous, en Monsieur [Guldener], dans nous vous avons déjà parlé, mais nous comprenons l'importance qu'il y aurait à ne pas perdre de temps et à faire si possible embarquer votre délégué par le courrier du 12 décembre. Dans le cas, cependant, où cette solution serait reconnue impraticable, nous pourrions faire télégraphier à M. [Guldener] pour qu'il hâtât son voyage de façon à pouvoir retourner à Zanzibar en janvier.
Menus. Nous avons terminé la tournée des industriels étant ou pouvant devenir nos clients et nous n'avons été que confirmés dans l'opinion que pour plus d'une année ou au-dessus de 20/, il n'y aura rien à faire absolument. Grâce à quelques concessions que nous avons obtenues de notre nouveau camionneur, le prix de 20/ rendu à l'usine, représente aussi exactement que possible le prix de revient, en calculant le charbon à 6/ et le fret à 8F50. Il y aurait même une toute petite marge en notre faveur. C'est à vous seuls qu'il appartient de décider s'il vous convient de traiter dans ces conditions, qui offrent certainement un certain aléa et nous vous serions obligés de nous fixer dès demain par dépêche ou par téléphone. (Nous avons maintenant un appareil avec lequel nous pourrons, espérons-le, nous entendre.) Car nous n'aurons pas un instant à perdre pour nous mettre en campagne, en effet, le bruit se répand déjà en ville de la très prochaine installation sur place d'une succursale de la maison Watts Ward & Cie, dirigée par leur ancien représentant dans la maison [Villiote Letertre], M. Normann. Nous avons, pour ce qui nous concerne, conservé, sur vos recommandations, la discrétion la plus complète à ce sujet. Aussi est-on venu nous faire part de la chose comme d'une nouvelle.
Forest. Sous le sceau du plus grand secret et notre promesse formelle de ne pas divulguer que nous tenons le renseignement de lui, le capitaine du "Forest" nous a communiqué une dépêche qu'il a reçue hier soir de ses armateurs, en ces termes : « Coal Savon Frères 19/6. Morel ». Or, comme le capitaine sait que son collègue du "Lavernock", charbonnant au même prix, a obtenu pour sa part, et en dehors de la commission d'usage au mécanicien, une remise de 25 centimes, il en exigera certainement autant.
Messageries maritimes. Vous savez que pour nos transbordements du Havre pour Hambourg, nous utilisons jusqu'au Havre la compagnie des Messageries maritimes. Mais, comme ces bateaux sont généralement boudés pour cette destination, elle nous traite comme le commun du vulgaire et nous refuse constamment la marchandise, soi-disant faute de place mais en réalité pour sauvegarder les intérêts de quelques clients privilégiés tels que Fournier Frères dont on accepte tout jusqu'au dernier moment. Comme la plupart de nos envois sont destinés aux bateaux de la Compagnie hambourgeoise-américaine, dont nous sommes les agents, et qui partent à dates fixes, nous nous trouvons parfois dans un embarras extrême et fort ennuyés. Or, comme nos expéditions ne dépassent pas une moyenne de 20 à 30 tonnes par mois, la compagnie des Messageries ne ferait pas un bien grand effort en nous en garantissant l'acceptation régulière comme elle fait, nous le répétons, pour d'autres. Nous irions bien voir M. [Lagrège] à ce sujet, mais, tel que nous le connaissons, nous craindrions un refus qui rendrait plus difficile et plus délicate une intervention de l'administration centrale de Paris. Aussi, avons-nous voulu vous consulter, avant de rien faire, ayant l'impression que dans les relations où vous êtes vis-à-vis de ces Messieurs à Paris, ils ne pourront pas refuser à votre sollicitation de recommander à leur agent de nous traiter en clients privilégiés.
Adam Brothers. Pour votre gouverne et à titre de renseignement, on nous a signifié au requis de mines de [Sériphos et de Spiliazeza], dont le siège est à Paris, une saisie arrêt sur le fret de l'["Ardoc], à Cette [Sète], en vertu d'un jugement du Tribunal de commerce de la Seine, datant de 1884 et condamnant MM. Adam Bros. au paiement d'une somme de 36 549 F en principal. La saisie n'a pas porté, le fret étant payable à Newcastle. Nous nous demandons pourquoi les créanciers saisissants ne se sont pas attaqués au bateau au lieu du fret !
Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations très distinguées.

P.Pon Worms Josse & Cie
A. Monod

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