1893.11.04.De A. E. Monod - Worms Josse et Cie Marseille

NB : La copie image de ce document de très mauvaise qualité n'a pas été conservée.

4 novembre 1893
(soir)
MM. Worms Josse & Cie
Paris

Messieurs,
Rentré ce matin, un peu fatigué et horriblement enrhumé, je vous demanderai la permission de n'ajouter que quelques lignes particulières aux avis officiels de la Maison.
Menus. J'ai pris bonne note de la communication téléphonique que M. Meyer a bien voulu me faire à Lyon. Il est urgent que nous prenions à temps nos mesures pour couper l'herbe sous les pieds de nos concurrents présents et futurs, je vais y travailler. Malheureusement, nous ne pouvons pas songer à traiter au-dessus de 20/ et même à ce prix, aurons-nous beaucoup de peine à obtenir des contrats de deux ans. Or, pour qu'à 20/, il nous reste une petite marge, il faudrait que le coût ne dépassât pas 6/ et le fret 8/. Si vous êtes d'avis d'en courir la chance, en raison des considérations que vous avez, nous marcherons. Peut-être réussirons-nous mieux avec un mélange composé de 75 à 80% de menus et 20 à 25% de mottes demi-grosses, avec lequel nous pourrions lutter plus avantageusement avec le tout-venant Grand-Combe, tout en le vendant au même prix de 22/. Pour bien me rendre compte de la chose, et comme prix de revient et comme qualité, je fais écrire à Cardiff pour demander que le prochain bateau nous apporte une cale de 300 à 400 tonnes d'un semblable mélange. En attendant, j'ai déjà eu une conversation avec notre placeur, qui va tâter le terrain auprès des usines.
Bergeon. J'ai correspondu téléphoniquement avec lui. Malheureusement, il est si satisfait du charbon du "Prudent" qu'il a traité pour tout le solde de ce vapeur. Je dois aller un de ces jours à Aix pour en causer avec M. Bergeon qui a une grande influence sur son administration et nous veut du bien et, en attendant que nous puissions passer avec elle un contrat définitif, j'espère arriver à m'entendre avec lui pour des affaires suivies. Mais il ne pourra se prononcer qu'après avoir essayé à fond le charbon de l'United Service. Si nous pouvions lui offrir du Londonderry, surtout si nous étions seuls à pouvoir en offrir, je crois que cela marcherait tout seul.
M. Vautier a-t-il répondu à Bordeaux ? Et si oui, dans quel sens ? Il y aurait intérêt pour moi à le savoir, en vue de mes négociations. Comme le chargement de l'United Service a été juste suffisant pour l'exécution de nos ordres et que notre stock de charbon à gaz qu'il nous faut forcément entretenir pour les demandes courantes qui nous sont faites, est complètement épuisé, j'ai obtenu de M. Bergeon de nous laisser prendre, sur le solde du "Prudent", une centaine de tonnes qui nous reviendront, droits de douane payés et rendues à notre enclos, à environ 20,50 F. Ce ne sera pas une mauvaise affaire car nos ventes partielles de l'enclos sont toujours effectuées au-dessus de ce prix et nos derniers charbons livrés étaient très éventés tandis que nous les remplaçons par une qualité fraîche et très appréciée.
À propos de charbon à gaz, j'ai eu la satisfaction d'apprendre à Cette [Sète] que nos dernières livraisons de Boldon, non seulement n'ont donné lieu à aucune réclamation, mais encore ont été particulièrement estimées. M. Aubert, à Genève, m'a aussi fait l'éloge de ce charbon.
Sète. J'ai été enchanté de mon voyage à Sète où j'ai eu un long entretien avec M. Nègre, que je crois pouvoir dire vous être définitivement acquis et attaché. Il est tout prêt à renouveler son contrat pour l'année prochaine et doit venir pour cela prochainement à Marseille. Je crois que nous terminerons dans de bonnes conditions. J'ai trouvé en M. Nègre un homme très comme il faut, très droit, très coulant, c'est un de mes coreligionnaires, neveu de M. Siegfried, ancien ministre et nous nous sommes trouvés une quantité de relations communes de familles et d'amitiés.
Greffulhe. Quelques jours avant mon départ de Paris, vous m'avez montré, au sujet de M. Greffulhe, une lettre qui devait donner lieu à une interpellation de ma part vis-à-vis de lui lors de son prochain passage à Marseille. J'avoue que, dans la multiplicité de mes préoccupations, j'en ai un peu perdu de vue le détail et je vous serais fort obligé de bien vouloir me l'envoyer en communication.
A. Fraissinet. La fameuse circulaire est enfin lancée sur place et je vous en envoie un exemplaire.
Veuillez agréer, Messieurs, l'assurance de mon entier dévouement.

A. Monod

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