1893.10.28.De Worms Josse et Cie Bordeaux.Original

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Worms Josse & Cie
Bordeaux

Copie d'un article du journal « La Voie ferrée » du 28 octobre 1893

Ruinés !! Nous sommes ruinés ! Les grands magasins nous dévorent.
Vous avez tous lu cette plainte douloureuse imprimée sur calicot au-dessus de la boutique d'un tailleur facétieux. Le même s'écriait avec un accent de lassitude découragée : « Enfin, j'ai fait faillite ! »
Le public en riait, sachant à quoi s'en tenir sur la sincérité de ces boniments de réclame.
Un écho de la même grosse caisse nous arrive aujourd'hui du Havre. « Nous sommes ruinés, Messieurs, complètement ruinés si les chemins de fer se mettent à transporter des vins du midi à 28 F la tonne. Ruiné le grand cabotage, ruinés le commerce et les industries qui s'y rattachent, ruinés aussi les ouvriers du port, et ruinés encore vous autres, marins et mécaniciens, éléments indispensables à la défense du pays. »
Tel est le résumé de la pétition qui se signe au Havre et que la Chambre de commerce de cette ville recommande à la bienveillante attention de M. le ministre des Travaux publics. C'est fort triste, et ce d'autant plus triste que les instigateurs du mouvement sont Messieurs Worms Josse & Cie qui, s'ils ne transportent plus de vin de Cette [Sète] au Havre à plus de 28 F la tonne, vont être contraints de se faire inscrire au bureau de bienfaisance.
Vraiment ! MM. Worms Josse & Cie, les plus grands marchands de charbons anglais, les pourvoyeurs des trois-quarts des navires qui passent à Port-Saïd et Suez, les armateurs de ces nombreux steamers qui vont au sud, au nord, dans la Baltique, à Hambourg, à Cadix et à Marseille, MM. Worms Josse & Cie qui, de ce chef, toucheront en 29 ans, peut-être quatre, peut-être six millions de francs sur le budget à titre de primes ? Comment ! Ils sont si bas dans leurs affaires qu'il leur faut - c'est une question de vie ou de mort - le fret des vins du Midi à plus de 28 FF ? Il paraît.
Ne leur dites pas que c'est là, pour une aussi petite traversée, un fret excessif, qu'on va souvent pour moins d'un bord à l'autre de l'Atlantique, et qu'après tout, ce n'est ni aux viticulteurs ni aux marchands de vins ni au public à leur assurer des revenus. Ruinés, vous répéteront-ils, nous sommes ruinés, si le ministre homologue ce détestable tarif.
Ruinés, MM. Worms Josse & Cie ?
Pauvres gens !!


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