1893.10.06.De A. E. Monod - Worms Josse et Cie Marseille

NB : La copie image de ce document de très mauvaise qualité n'a pas été conservée.

[6] octobre 1893
(soir)
M. Worms Josse & Cie
Paris

Messieurs,
M. [Bergeon] a été énormément aimable et gracieux. Dès réception de notre lettre, il s'est donné la peine de venir en personne à Marseille pour nous donner confidentiellement les renseignements les plus complets sur l'affaire du "Prudent" qui nous avait été si fort ému et qui nous émeut encore bien qu'à un point de vue différent maintenant que nous savons à quoi nous en tenir.
Au mois de mai dernier, M. Depeaux, par l'intermédiaire de son représentant à Marseille, M. Vigne, avait obtenu de certains propriétaires d'usines à gaz de la région, notamment de M. Vautier, pour Aix, de M. Piatou, pour Toulon, etc., des commandes, à titre d'essai, de charbon "Wearmouth" vendu à raison de 20,55 F le wagon, Marseille.
Le charbon devait être livré avant la fin de l'année, sans délai de livraison plus déterminé.
Telle est l'origine du chargement du "Prudent".
La commande pour l'usine d'Aix avait été dans le principe de 200 à 300 tonnes seulement, mais en présence du retard qu'ont éprouvé nos propres livraisons et du défaut de nouvelles, du départ de l'United Service, M. Bergeon, se voyant à la veille de manquer totalement de charbon, a accepté l'offre qui lui a été faite par M. Vigne d'augmenter de quelques centaines de tonnes la quantité vendue. En effet M. Depeaux a affrété un bateau très supérieur à ses besoins réels et M. Bergeron nous a affirmé qu'il devait être fort embarrassé des 500 à 600 tonnes qui restent sur quai, et qui, paraît-il, ne sont pas encore vendus.
Malheureusement, et c'est là le plus fâcheux côté de la question, M. Bergeon, qui a déjà fait des essais sur les premiers wagons qui lui sont arrivés, nous a déclaré que le "Wearmouth" serait excellent et son pouvoir éclairant très supérieur à tout ce qu'il avait reçu depuis longtemps tant en Lambton qu'en New Pelton. Il nous a demandé de nous mettre en mesure de lui en livrer, car, d'après lui, il nous en demandera souvent.
Or, d'après les renseignements que nous avons, M. Depeaux aurait le monopole de la vente pour la France des produits de cette mine. Si cela est exact, ce serait une grande chance pour lui et un gros atout qu'il aurait dans son jeu.
Nous avons causé longuement avec M. Bergeon du renouvellement de nos contrats avec M. Vautier. Pour ce qui concerne Aix, il est d'avis que, si nous demandons une augmentation supérieure à 1., nous n'aurons aucune chance d'aboutir, mais qu'à 1. peut-être réussirons-nous, bien que, d'après ce qu'il nous a dit, M. Depeaux fait des pieds et des mains pour accaparer M. Vautier.
Nous écrivons donc à ce dernier dans le sens indiqué, tout en laissant la porte ouverte à la discussion s'il y a lieu.
Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations très distinguées.

P.Pon Worms Josse & Cie
A. Monod

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