1893.09.01.De L. Pauvé.Marseille.A Worms Josse et Cie Marseille.Original

Document original

Marseille, le 1er septembre 1893
Monsieur le directeur

Monsieur,
J'ai l'honneur de vous informer qu'hier matin, à 11 heures, me trouvant à mon poste d'observation, je fis la remarque du va-et-vient de Coste et de ses collègues au restaurant buvette, situé près de leurs bureaux.
Je descendis dans ce restaurant et voici ce que j'entendis. Coste avait l'air très surexcité : « Figurez-vous, disait-il, tout en buvant son Pernod, j'avais demandé un congé qui m'était accordé et je viens de voir l'inspecteur qui m'a dit qu'avant 5 ou 6 jours, je ne pourrai partir. Que diront ma femme et ma belle-mère quand je leur dirai ce fâcheux résultat ?
Oh ! Que je voudrais être un petit valet chez moi plutôt qu'un grand maître chez les autres !
Mais depuis ce mélange de charbons, je crois être espionné car sans cela on m'aurait laissé partir.
Buvons encore un Pernod, dit-il à ses amis, et puis je verrai ce que je ferai demain."
Je n'insiste pas davantage, Monsieur le directeur, car s'il fallait vous écrire tout ce qu'il a dit, ce serait trop long.
Je fus chargé ce matin de prendre des renseignements au sujet de la maladie de sa belle-mère et j'ai vu sa femme et sa belle-mère en train de servir des clients et lui sur le seuil de sa porte, habillé, prêt à sortir.
Je suppose, Monsieur le directeur, que se voyant surveillé et se sentant fautif, il a pris pour prétexte la maladie d'un des siens pour se soustraire à cette surveillance. Maintenant, Monsieur, à vous d'apprécier les choses à leur juste valeur.
Je suis avec respect, Monsieur le directeur, votre bien dévoué serviteur.

L. Pauvé


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