1893.08.02.De A. E. Monod - Worms Josse et Cie Marseille.(02)

NB : La copie image de ce document de très mauvaise qualité n'a pas été conservée.

2 août 1893 (soir)
MM. Worms Josse & Cie
Paris

Messieurs,
Chemins de fer départementaux. Le temps m'a absolument manqué pendant la journée pour vous entretenir d'une affaire qui peut être intéressante et dont nous nous sommes occupés aujourd'hui avec un de nos amis, M. Southwell, négociant, représentant et consignataire de navires en même temps que vice-consul d'Angleterre à Bastia.
Il s'agit de la fourniture en Corse des charbons anglais consommés par la Compagnie des chemins de fer départementaux, dont le siège social est à Paris, avenue de l'Opéra. Cette Compagnie reçoit, paraît-il, entre Ajaccio et Bastia, outre une certaine quantité de charbon belge, de 4.000 à 5.000 tonnes de charbon et de briquettes de Cardiff qui lui sont fournis, sans contrat, par M. Guéret. Sa consommation est destinée à être sensiblement augmentée au fur et à mesure du développement de son réseau. Elle est sur le point, nous assure-t-on, de renouveler ses approvisionnements et nous avons tenu à vous le signaler sans retard afin que, si vous le jugez opportun, vous puissiez faire vos offres de services. Si vous réussissez, nous pourrons nous entendre pour la consignation des vapeurs avec M. Southwell, qui ferait, si vous le désirez, appuyer vos démarches par l'ingénieur de la Compagnie en Corse avec lequel il est dans les meilleurs termes. M. Southwell est un homme très actif, très intelligent auquel sa qualité de vice-consul d'Angleterre donne de l'autorité et des facilités spéciales pour ces sortes d'affaires. Si nous prenons pied en Corse, il croit pouvoir nous assurer d'autres ventes. Nous vous serions obligés de bien vouloir nous dire ce que vous pensez de la question et ce que vous comptez faire, en nous indiquant si vous désirez que nous nous entendions éventuellement avec M. Southwell sur les conditions de sa représentation à Bastia. Quant à Ajaccio, nous n'aurons pas de peine à trouver.
Nous connaissons M. Southwell depuis longtemps et lui croyons les capacités et l'honorabilité nécessaires. Il représente des maisons anglaises importantes mais il n'a pas, supposons-nous, de fortune personnelle. Nous allons prendre à Bastia une source de tout repos, des renseignements confidentiels sur son compte et vous les communiquerons aussitôt reçus. En attendant, vous pourriez en faire demander également par l'intermédiaire de nos amis de Londres où, à cause de sa position officielle et du genre de ses affaires, il est plus connu qu'en France.
Aberfeldy. Nous avons enfin tiré cette affaire au clair, et, à notre confusion, nous avons reconnu que vos soupçons étaient parfaitement fondés et que ce sont bien nos voisins, Messieurs M. & P. [Milton & Parker], qui charbonneront ce bateau, en vertu d'un contrat, qu'ils ont, paraît-il, avec l'armateur. Le fait est qu'estimant nous-mêmes qu'entre gens sérieux la franchise est la meilleur politique et que la finasserie n'est pas de mise, nous ne croyons pas volontiers d'emblée et sans preuve à des arrière-pensées ou à un double jeu de la part de nos interlocuteurs. Nous ne connaissions pas encore assez le caractère spécial de M. M. pour avoir du premier coup saisi le but caché mais véritable de sa démarche mais nous serons sur nos gardes à l'avenir.
Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations très distinguées.

A. Monod

Les charbons fournis par M. Guéret à la Compagnie des chemins de fer départementaux sont, paraît-il, des menus. Les briquettes sont de la marque « Ancre ».

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