1893.07.17.A A. E. Monod - Worms Josse et Cie Marseille.Original

Document original

Le PDF est consultable à la fin du texte.

Worms Josse & Cie
Ancienne maison
Hypte Worms & Cie

45, boulevard Haussmann
Paris, le 17 juillet 1893

Messieurs,
Nous avons bien reçu vos lettres des 14 et 15 courants et avons lu avec le plus grand intérêt les indications si complètes et si précises que vous nous y donnez.
Organisation. Nous ne sommes nullement surpris de ce que vous nous dites du coulage probable ou plutôt certain dans tous nos services. Le déficit que vous avez déjà constaté sur les briquettes est important, étant donné que nous n'avons jamais manié que de petites quantités de cet article et cela nous fait craindre une grosse déception sur notre stock de charbon, gros des menus. Dans ces conditions, nous accueillons sans hésiter l'idée que vous nous soumettez de vous attacher un contrôleur général et de confier ce poste à M. Bousquet, d'abord à cause de tout le bien que vous nous en dîtes et ensuite parce que nous tenons à ce que vous n'ayez sous vos ordres que des hommes dont vous soyez sûrs et qui vous inspirent confiance.
Nous approuvons également la proposition que vous nous faîtes d'attribuer à M. Bousquet un traitement de 300 F par mois et quoique nous désirions beaucoup arriver à une réduction de nos frais généraux, qui ont été jusqu'à présents hors de proportion, sinon avec l'importance, du moins avec le résultat de nos affaires à Marseille, c'est là un accroissement de frais que nous ne regrettons pas, étant donné les effets salutaires qu'il devra produire.
Chaloupe à vapeur. Nous sommes d'accord avec vous pour laisser de côté celle de M. Guittet, mais nous nous demandons si le "Mutin" dont vous nous parlez, remplirait bien le but qu'il s'agit d'atteindre. Nous croyons que la chaloupe dont nous avons à faire l'acquisition est moins destinée à faire des remorquages qu'à servir de moyen de transport dans le port et n'y a-t-il pas à craindre que le "Mutin" ne soit un instrument bien coûteux comme achat, comme entretien, comme consommation de charbon et comme personnel, alors qu'une chaloupe plus économique à tous les points de vue pourrait nous suffire ? Nous vous soumettons ces observations ainsi que notre hésitation devant le prix élevé d'achat que vous nous faîtes entrevoir et nous vous engageons en même temps à vous renseigner sur une petite chaloupe du même genre appelé la "Licorne", que possèdent les Messageries ou plutôt le commandant Allègre, entrepreneur de la Compagnie à voir si une semblable pourrait vous convenir et, dans ce cas, à tâcher de savoir où et à quel prix la "Licorne" a été construite. Après plus ample examen de la question, vous nous en reparlerez et nous verrons alors à nous décider soit pour l'achat du "Mutin", si nous ne pouvons rien à voir à meilleur compte, soit autrement.
Grues. Là aussi nous sommes d'accord avec vous et nous croyons aussi que nous aurions avantage à avoir nos propres engins de déchargement mais, de même et plus encore que pour le "Mutin", la question de déboursé nous effraie un peu, toutefois nous écrivons dès aujourd'hui à la maison E. Decout-Lacour, à la Rochelle, en lui demandant de nous fournir toutes les indications possibles et nous vous communiquerons sa réponse, jusqu'à laquelle, tout au moins, nous réservons notre détermination.
Nous ne savons pas si Sartre d'Arles construit également des grues. Si oui, peut-être pourrions-nous lui demander aussi un devis vu qu'il serait évidemment mieux placé pour la livraison que le constructeur de la Rochelle.
Greffulhe. Nous sommes depuis déjà longtemps très préoccupés de la situation de ce correspondant avec nous. C'est un honnête homme, malheureusement sans ressources, en qui nous avons eu tort d'avoir trop confiance. Aujourd'hui que le mal est fait, nous croyons que notre parti le plus sage est de ne pas brusquer les choses de façon à tâcher d'amener M. Greffulhe à diminuer graduellement son débit sur vos livres et malheureusement sur les nôtres ici également. Mais, en même temps, nous ne devons sous aucun prétexte permettre que le découvert de M. Greffulhe s'augmente d'un centime et comme d'après ce que vous nous dîtes, il paraît vouloir aujourd'hui tourner la difficulté des 80 % en forçant les poids réels de ses envois, nous aurions à voir si cela devenait habituel, si nous ne devons pas arrêter ces affaires-là avec lui et annuler les derniers crédits que nous lui avons envoyés.
Nous savons que la compagnie des Messageries n'est pas non plus très satisfaite de M. Greffulhe et nous croyons que, si nous nous décidions à envoyer quelqu'un là-bas pour présenter sous notre nom, cette Compagnie ne serait peut-être pas éloignée de retirer son agence à M. Greffulhe pour nous la confier. C'est peut-être ce que nous aurions de mieux à faire et c'est peut-être ce que nous serons amenés à faire dans quelque temps, mais le difficile serait de trouver un homme ayant en même temps assez d'expérience pour diriger les diverses affaires que nous avons là-bas, et assez d'autorité pour arriver à un règlement avec M. Greffulhe dont la situation à Zanzibar est depuis longtemps solidement établie ; en outre, nos affaires de charbon ne représentent guère que 3 ou 4.000 tonnes par an et nous ne croyons pas que les autres opérations, importations et exportations, puissent laisser des bénéfices suffisants pour nous permettre de rémunérer convenablement un agent tel que nous voudrions en avoir un.
Cannes. Lorsque M. Goudchaux était à Cannes, le printemps dernier, il a vu M. Sue qui ne lui a pas fait une mauvaise impression, mais qui ne lui a cependant pas paru être ce qu'on pouvait rêver de mieux comme agent dans un endroit comme Cannes. Ce que vous nous dîtes relativement aux frais de cette sous-agence nous montre que là aussi, il y a eu beaucoup de faiblesse et de laisser-aller de la part de votre prédécesseur, et nous vous autorisons parfaitement à examiner de plus près, lorsque vous en aurez l'occasion et le temps, cette situation de Cannes, à vous y renseigner et si vous croyez devoir nous proposer un changement, nous n'aurons absolument aucune raison pour ne pas adopter vos avis.
M. Adrien Fraissinet. Nous prenons bonne note de de ce que vous nous dîtes à son sujet et nous ne pouvons que lui souhaiter bonne chance, tout en espérant que les affaires dont il s'occupera ne l'amèneront jamais à aller sur nos brisées.
Vous savez que nous avons toujours à lui donner un quitus général de sa gestion. Nous attendons que vous nous disiez quand nous pourrons le faire mais, en même temps, nous croyons qu'il sera bien de ne lui écrire que lorsque vous aurez terminé le relevé de nos stocks de façon à pouvoir lui dire, s'il y a lieu, et ne serait-ce que pour mémoire et sans idée de réclamations, que sa gestion a abouti à un déficit de tant de tonnes sur les stocks qui lui étaient confiés.
M. Guittet. Nous espérons qu'il vous réglera son découvert à la date qu'il a indiquée et qui est, si nous nous souvenons bien, le 31 courant ou le 31 août. Au cas où il ne le ferait pas, il serait sans doute préférable d'accepter des acomptes échelonnés plutôt que de pousser les choses à l'extrême. Quant à sa chaloupe, nous supposons que vous laissez les choses en l'état jusqu'à ce que nous en ayons une à nous, à moins que d'ici là il ne vous demande une réponse ou que vous ne jugiez à propos de le prévenir qu'il ne doit pas compter sur nous comme acquéreurs.
Pour terminer, nous n'avons pas besoin de vous dire que nous ferons toujours le meilleur accueil aux communications particulières que vous pourrez encore avoir l'occasion de nous adresser et qui sont pour nous des plus intéressantes et des plus utiles.
Recevez, Monsieur, nos bien cordiales salutations.

Worms Josse & Cie


Back to archives from 1893