1875.04.22-1877.06.03-1877.07.09.De Hypolite Worms.Testament

Ceci est mon testament.

Comme témoignage du bonheur que ma chère femme m'a donné pendant notre union, je désirerais lui laisser tout ce que je posséderai au jour de mon décès, mais outre que cela m'est interdit par la loi, sa position de fortune sera largement suffisante pour ses besoins, et ce que je pourrais y ajouter serait une faible preuve de mon affection. Toutefois je désire qu'en plus des cent mille francs que mon contrat de mariage lui assure, elle recueille le bénéfice de la clause contenue en l'article 5 dudit contrat avec l'acception la plus large que puisse comporter cette convention.
Je désire en outre que mes enfants aient après ma mort pour leur excellente mère les plus grands égards de façon que cette chère amie ne soit inquiétée ni même tourmentée pour le règlement de ma succession. Ceci est mon voeu le plus cher.

Je donne et lègue

- Cinq mille francs à chacun des cinq enfants de ma nièce, Aglaé Bloch, née Bing,
- Cinq mille francs à Émile Bréal, mon neveu,
- Cinq mille francs à chacun des trois enfants de ma nièce, [Louise] Seligman, née Worms,
- Cinq mille francs à chacun des deux enfants de ma nièce, Mathilde Seligman, née Bréal,
- Dix mille francs à ma nièce, Aglaé Bloch, née Bing,
- Dix mille francs à ma nièce, Adèle May, née Bing,
- Cinq mille francs à Flora Mayer, née Goudchaux,
- Cinq mille francs à Mina Dalsace, née Goudchaux,
- Cinq mille francs à Fanny Wolff, née Goudchaux,
- Trente mille francs à chacun des deux fils Cardinet, Adolphe et Émile, ces jeunes gens dont j'ai pris soin dès leur enfance, sont nés à Rouen. Ils doivent tous deux habiter San Francisco de Californie ; on pourra s'adresser au consul français pour les informer de ce legs,
- Dix mille francs à Mme Sébastiani en souvenir du service que j'ai obtenu de son père pendant son séjour à Rouen. Cette dame doit demeurer à Paris, 34, rue de Maubeuge,
- Mille francs au directeur du Cercle, 16, boulevard Montmartre, pour répartir comme il l'entendra aux garçons de cet établissement,
- Quarante mille francs qui seront remis à ma chère fille Emma pour être distribué comme elle l'entendra aux établissements de bienfaisance, les trois-quarts à Paris et un quart à Metz, ma ville natale,
- Six mille franc à notre bonne amie, Madame de Tinan,
- Dix mille francs à distribuer à des personnes dans le besoin et qui reçoivent déjà des bienfaits de la famille,
- Dix mille francs à la Société centrale du sauvetage maritime,
- Deux mille francs à chacun des trois domestiques à mon service,
- Deux mille francs à Jean, mon cocher,
- Mille francs à la concierge de la maison, 5, rue Scribe,
- Cinq cents francs à la concierge de la maison [7, rue Scribe].

Si l'un ou l'autre de mes légataires particuliers me prédécédait, laissant des enfants, j'entends que ceux-ci recueillent le bénéfice du legs fait à leur auteur. Tous ces legs sont faits en tant que de besoin par préciput et hors part, et ne seront acquittés que dans les dix mois après mon décès, par mes exécuteurs testamentaires, s'ils jugent nécessaire ce délai.
J'entends que l'importance des différents legs qui précèdent, ainsi que tous les frais et droits, soient prélevés sur la part de mon fils dans ma succession, voulant le préserver de la quotité dont la loi me permet de disposer.
Il en sera de même en ce qui concerne les cent mille francs que j'ai donnés à ma femme par notre contrat de mariage [30 mots rayés].
Si après le paiement des legs et donation [sus] rappelés, la quotité dont la loi me permet de disposer sur la part héréditaire de mon fils, n'était pas absorbée, j'entends que le surplus appartienne à ma chère femme.

Je veux que l'importance de la quotité disponible soit prise sur les plus clairs deniers de ma succession et que mon épouse bien aimée soit payée après ma mort, avant tout autre et qu'elle ne soit troublée en rien.
Je désire que ma fille Emma Franchetti ne soit aucunement lésée par la disposition qui précède et qu'elle recueille intégralement sa part héréditaire dans ma succession.

Je tiens à expliquer ici, que ce qui m'engage à priver mon fils de la quotité disponible, et à prélever les divers legs et dons qui sont énumérés précédemment, c'est sa mauvaise conduite, le chagrin qu'il a causé à sa mère et à moi et les folles dépenses et dettes que j'ai payées et qui restent à payer. Du reste il a eu un certain dédommagement par la somme que j'ai consenti à porter à un compte particulier, qui s'élèverait à un chiffre important sans les prélèvements qui ont été faits pour payer les dettes et solder les dépenses.
Je désire que sitôt après mon décès on se hâte de me remplacer dans les fonctions de conseil judiciaire de mon fils. Si ce dernier avait encore des dettes, je désire qu'on n'oppose pas la nullité des engagements qu'il aurait contractés sans mon autorisation, mais je ne veux pas que ma succession vienne en aide à des créanciers ou à des gens qui ont spéculé sur sa faillite. Pour concilier toute chose, je prie mes exécuteurs testamentaires de vouloir bien vérifier eux-mêmes la cause et la valeur réelle de chaque dette que mon fils voudrait payer et quand leur [expression] sera fixée, ils se concerteront avec le conseil judiciaire qui m'aura remplacé et décideront ensemble souverainement quelles seront les sommes qui devront être payées. Toute demande qui dépasserait cette fixation sera repoussée en invoquant la nullité.

[Rajout en marge : Mes exécuteurs testamentaires [ci-après] devront payer les différents legs susdits au moyen des valeurs mobilières [...] liquides ainsi que la [...] ou prélèvements de ma femme, et s'il y a un reliquat actif, ils le partageront dans la proportion résultant du présent testament et de la loi. Quant aux immeubles, qu'ils me soient [propres] ou dépendant de la communauté, ils en opéreront le partage en nature, s'il est possible, et éviteront de les vendre à moins de nécessité absolue.

En ce qui concerne les immeubles mis en société, le partage se fera dans les mêmes proportions, mais par attribution de quotités sans aucunement toucher ou déroger aux actes sociaux qui devront recevoir leur entière exécution. Renvoi approuvé. Hyppte Worms.]

Je nomme pour mes exécuteurs testamentaires :
1° - M. Justin Worms, mon neveu,
2° - M. François Hubert Espagne, ancien notaire, rue de Fleurus, 2,
Et je les prie d'accepter ces fonctions.
Pour indemniser ces Messieurs des frais que pourra leur occasionner cette mission, je leur donne et lègue à chacun une somme de six mille francs, soit douze mille francs pour eux deux à prendre sur les plus clairs deniers de ma succession, aussitôt après ma mort, net de tous frais et droits.
Telles sont mes dernières volontés.
Fait à Paris, le 22 avril 1875.

Hypte Worms

Je donne et lègue à ma nièce Mathilde Seligman, née Bréal, une somme de dix mille francs. Je prie mes exécuteurs testamentaires de faire acheter pour les personnes ci-désignées un souvenir pour chacune d'elles qui ne pourra pas être d'une valeur en dessous de mille francs.
1° - pour Madame Mallet, du Havre
2° - pour sa fille, dame [Puaux]
3° - pour Madame Grandchamp, de Rouen
4° - pour Madame Leblanc, sa soeur,
5° - pour Madame [Peigné]
6° - pour Madame Josse,
7° - pour Madame Schacher, de Bordeaux
Je lègue en outre une somme de dix mille francs pour ma nièce, Louise Seligman, née Worms,
À Simon Goudchaux, mon beau-frère, une somme de dix mille francs
Paris, le 22 août 1875

Hypte Worms

Je lègue aux deux fils Silvain cinq mille francs pour chacun,
Un souvenir à Marie Silvain d'une valeur minimum de 1.000 francs,
Un souvenir à Isabelle Franchetti, épouse Bernard d'égale somme,
Une somme de quatre mille francs à la Société de sauvetage présidée par le ministre de la Marine.
[Rajout en marge : Cette somme de quatre mille francs forme double emploi avec celle de dix mille francs consentie d'autre part. Ce ne sera donc que six mille francs à payer à la Société de sauvetage.

[Hyppte Worms]

[Rajout en marge : Le présent testament ainsi que les [...] et additions, écrits en entier de ma main, devront être exécutés, [voulant] que tous testaments antérieurs à ce jour soient considérés comme révoqués et non avenus.
Paris, le 22 avril 1875

Hypte Worms

Signé par nous Juge pour M. le Président, Paris, le neuf juillet mil huit cent soixante-dix-sept

9 juillet 1877[1]

Dépôt judiciaire des testaments de M. Worms
Me Robert, notaire à Paris
Annexe au testament

Ceci est une annexe à mon testament déposé chez Me Robert, notaire.
Je donne en plus de ce qui est stipulé dans mon testament une autre somme de quarante mille francs en faveur d'Adolphe et Émile Cardinet.
Comme ma fortune s'est accrue depuis mon testament, et pour ne pas entrer dans des détails qui seraient longs et incomplets,
Je mets à la disposition de ma chère fille, Emma, une somme de quatre cent mille francs à prendre sur la part disponible, elle s'entendra avec sa chère mère pour la répartition de cet argent, sans autre contrôle que leur [pro... viabilité].
Sur cette somme, je désire que l'on donne à Louise, ma femme de chambre, pour les soins qu'elle a eus pendant ma maladie, une somme de dix mille francs.
Mon neveu, Justin, est un de mes exécuteurs testamentaires, connaissant son désintéressement, il ne voudra accepter aucune rémunération. Je désire que comme souvenir, on choisisse un ou plusieurs objets d'art, d'une valeur ne dépassant pas soixante mille francs, et je compte qu'il acceptera ce souvenir.
Fait à Paris, le 23 juin 1877

Hypolite Worms

M. Justin Worms, 10, rue du Conservatoire
M. Espagne, 2, rue de Fleurus


[1] Retranscrit à partir d'une copie manuscrite de l'acte effectuée par Édith Kirmann.

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