1872.02.15.A Alfred André.Paris.Extrait

Origine : Copie de lettres à la presse - du 6 février 1872 au 28 février 1872

15 février 1872
Monsieur Alfred André, député de la Seine - Paris

Monsieur le Député,
[...]
Mais il est un autre point que je désire vous soumettre et pour mieux vous faire comprendre la force de mon observation, je vous demanderai la permission de vous citer, comme exemple, la situation qui me serait faite à moi personnellement, pour le cas où la loi que vous avez proposée viendrait à être adoptée. Mes affaires consistent principalement en exportation de charbons faite d'Angleterre sur presque tous les points du monde ; j'ai en Angleterre plusieurs maisons qui sont chargées de la partie active de mes affaires et des opérations qu'elles comportent, et je ne fais ici que donner la direction et centraliser les écritures. La comptabilité nécessitée par ces transactions effectuées en Angleterre vient, par conséquent, passer entre mes mains à Paris, ce qui certes, ne constitue pas une opération faite en France, mais, pour aller encore plus loin, le remboursement que me font les clients qui sont, dans un cas, la Compagnie des Messageries maritimes par ses dépôts d'outremer, dans l'autre, des Compagnies des gouvernements et des acheteurs étrangers, est, presque sans aucune exception, fait en Angleterre, d'où il résulterait que, par ce seul fait que je me trouve résider à Paris, où j'ai mon domicile uniquement pour ma convenance personnelle et non pour celle de mon commerce, et parce que j'ai réussi, moi, Français, à enlever à des maisons anglaises des affaires leur revenant naturellement, je me trouverais moi-même être soumis pour des opérations traitées et liquidées à l'étranger, à un surcroît de charges provenant, sans aucune autre raison quelconque, d'écritures passées à Paris, charges, notez le bien, n'incombant pas aux concurrents contre lesquels j'ai à lutter. Quelle serait, Monsieur le Député, la conséquence de cette nouvelle situation pour moi ? Ces expéditions de charbons se font sur une si grande échelle et ne produisent que des bénéfices si restreints qu'il n'y aurait pour moi qu'une alternative ou, par suite des charges énormes que m'imposerait la loi proposée, me résigner à voir quantité d'affaires m'échapper pour passer entre des mains anglaises, ou transporter en Angleterre le siège de ma comptabilité qui s'est jusqu'à présent, trouvé à Paris.
Je ne saurais vous dire laquelle de ces deux décisions il me serait le plus pénible de prendre, et je ne puis me résoudre à croire que ce soit là la situation que vous ayez l'intention de créer aux maisons se trouvant dans le même cas que la mienne.
[...]

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