1862.03.14.A John Chapman.Londres.Extrait

Origine : Copie de lettres à la presse du 1er mars 1862 au 20 mars 1862

Paris, le 14 mars 1862
Monsieur John Chapman - Londres

Hier j'ai eu l'honneur d'être appelé par le Ministre de la Marine, duquel relève la question de Karikal, et je m'empresse de vous faire connaître le résultat de cette audience.
Somme toute, l'accueil a été bienveillant et le Ministre est favorable à l'affaire.
Après être entré dans les détails et m'avoir expliqué les études faites, les objections mises en avant et détruites par l'examen, le Ministre m'a dit que le gouvernement acceptait le projet - sauf l'examen définitif du Conseil d'État - que la préférence serait donnée au parcours le plus long, soit celui de Trivalur à Karikal, et que la somme demandée de cinq millions de francs serait acceptée comme raisonnable et nécessaire à la complète installation de ce chemin.
Mais ma demande d'une garantie de l'intérêt à raison de 6% l'an paraît inadmissible au Ministre. Ce n'est pas lui personnellement qui la repousserait. Il produira ma demande telle quelle, si je persiste à la maintenir, mais il est convaincu, à l'avance, qu'elle sera refusée par le Conseil d'État. [...]
Jamais le Conseil d'État ne consentirait à autoriser une garantie au-dessus de 5% et par esprit d'économie, et par respect pour le crédit et la dignité du pays.
Cette question du taux d'intérêt à garantir est la seule objection sérieuse qui fasse obstacle à la réalisation de nos projets. Mais l'obstacle est insurmontable. Il nous faut donc réduire nos prétentions à 5% l'an si nous voulons réussir.
Avec un intérêt de 6% garanti, j'aurais réuni facilement à Paris la somme totale de cinq millions. Avec 5% seulement, j'échouerais complètement et ce serait un échec irréparable. Il s'agit donc de voir entre nous si vous pouvez trouver à Londres le capital nécessaire et je pense que vous devez y réussir. [...]
Comme je l'ai dit en commençant, le gouvernement français paraît disposé à accepter le chiffre de cinq millions de francs, et M. Bruce, l'entrepreneur, a déclaré se charger à forfait de l'installation complète moyennant 180.000 £, soit 4 500.000 francs. La différence entre ces deux chiffres est de 500.000 francs, somme qui doit couvrir le bénéfice des [...] de l'entreprise, les commissions à allouer aux banquiers et autres dépenses prévues et imprévues, [soit dans le nombre ces dernières,] les intérêts peut-être perdus pendant la construction du chemin, sur les capitaux déboursés, question qui reste à examiner.
Ce chiffre de 500.000 francs semble donc, à premier aspect, le très rond et très satisfaisant. [...]
Vous aurez donc à examiner, avant de rien engager sérieusement, si M. Bruce a bien dit son dernier mot, et s'il ne consentirait pas à réduire d'une manière importante le chiffre de 180.000 £ qu'il demandait en 1858. [...]

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