1862.03.03.A Emile Pereire.Paris

Origine : Copie de lettres à la presse du 1er mars 1862 au 20 mars 1862

Paris, le 3 mars 1862
Monsieur Émile Pereire - Paris

Monsieur,
Dans une conversation trop tôt interrompue, j'ai eu l'honneur de vous exposer mon regret de me voir depuis longtemps privé de prendre part au mouvement d'affaires de la Compagnie générale maritime, et vous avez bien voulu me dire que vous verriez avec plaisir une occasion se présenter pour moi de m'y rattacher.
Cette occasion me semble se présenter naturellement par suite des besoins considérables de charbons nécessaires au service des nouveaux steamers de la Compagnie pour la ligne des Antilles et du Mexique.
Je suis convaincu que je puis être utile à la Compagnie en mettant à sa disposition, immédiatement, une organisation toute montée en Angleterre et fonctionnant depuis bientôt onze ans pour le service de la Compagnie des Messageries impériales et je vous demande la permission d'entrer dans quelques détails à ce sujet.
Pour assurer les approvisionnements de votre Compagnie au point de départ de France et dans ses diverses stations, il faut, ou se mettre dans les mains de courtiers en Angleterre, ou y établir une agence. Le premier moyen présente des inconvénients graves. Le courtier est l'homme des armateurs et des capitaines ; leur intérêt passe toujours avant celui de l'affréteur. Je n'ai pas besoin d'entrer dans de plus longs détails.
Etablir une agence n'est pas chose facile et, quelles que soient l'intelligence et l'honorabilité des hommes que l'on peut envoyer en pays étranger fonder un établissement de ce genre, il se passera bien du temps avant qu'ils aient pu connaître leur terrain et les choses et les hommes qu'ils seront appelés à pratiquer. En outre, l'importance même des affaires nécessite de la part de la Maison de Paris une grande confiance et une grande surveillance de tous les détails de cette comptabilité à l'étranger.
Si la Compagnie générale maritime, au contraire, après mûr examen de ma proposition, voulait me confier le soin de ses intérêts en Angleterre, elle profiterait immédiatement de ma position acquise dans tous les ports d'Angleterre spéciaux pour le commerce des charbons, et je lui éviterais les embarras et les dangers de toute nature que je viens de vous exposer sommairement.
Je prends donc, Monsieur, la liberté de vous proposer de me charger de toutes les expéditions de charbons nécessaires aux services de la Compagnie générale maritime.
Mes conditions avec elle seraient celles pratiquées, depuis 10 ans et plus, entre la Compagnie des Messageries impériales et moi. Moyennant une commission très modeste, agissant d'ailleurs d'après les instructions directes de la Compagnie, je la débarrasserais de tous les soins de correspondance, de l'affrètement, de l'embarquement, des avances aux capitaines et de tous mouvements d'argent à l'étranger, et aussi du soin des assurances, dont le coût est couvert par les commissions que m'alloue la Compagnie des Messageries.
Je ne m'étendrai pas plus longuement sur les avantages réels que je crois pouvoir offrir, et si ma proposition vous semble mériter un examen plus approfondi, je serais heureux d'en discuter à fond les détails avec M. votre Frère, qui, je crois, s'occupe plus spécialement de ces affaires maritimes.
Veuillez...

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